Iron Maiden - Palais Omnisports de Paris Bercy - (28/11/2006)
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Bercy affichait une affluence record en ce mardi 28 novembre 2006 ! En effet, Iron Maiden y donnait sa seule et unique date française pour sa tournée mondiale promouvant son nouvel album A Matter of Life & Death (AMOLAD pour les initiés) - lire la chronique. Le Heavy Metal est passé de mode et se perd objecteront certains ! Peut-être (encore que !), mais il y a bien longtemps maintenant que la Vierge d’Acier est entrée dans le cénacle très fermé des groupes ayant dépassé le stade du mythe pour entrer dans l’Histoire avec un « H » majuscule ! Aussi, Maiden n’a que faire des courants de mode ! Maiden est et sera toujours Maiden ! Incarnation incontestable du Heavy Metal ! Chef de file d’une tendance, presque Moyenâgeuse, de toute une flopé de formations réussissant dans le meilleur des cas à imiter, mais en aucun cas à égaler, et surtout pas dépasser ce groupe emblématique. Bref, vous pensez bien que la population métalleuse hexagonale (et frontalière) n’allait pas louper ça !

Il me semble, mais ceci n’engage que moi, que Iron Maiden a commis une petite erreur dans la planification de sa tournée mondiale. Celle de débuter son périple à travers le monde prématurément. En effet, la bande à Steve Harris a cette réputation de proposer des albums (très) conceptuels. Or, s’il est bien un album imprégné jusqu’à la moelle d’un concept, c’est AMOLAD ! On ne va pas ici refaire la chronique du produit, mais sa complexité, sa richesse, son épaisseur et autres sont telles que le public, aussi fervent soit-il, se devait de bénéficier d’un certain laps de temps pour digérer, apprivoiser et connaître la chose. On ne ressort pas indemne d’une telle œuvre si on prend la peine de la découvrir ! Sorti à la fin du mois d’août dernier, AMOLAD a vu sa tournée promotionnelle débuter début octobre. Etait-ce là un laps de temps suffisant pour que la communauté Maiden puisse se familiariser avec l’opus ? D’autant plus, et le fait se vaut d’être souligné, que le groupe propose sur scène l’intégralité du dit opus, à l’instar de l’Operation Mindcrime de Queensrÿche ou encore de Dream Theater et son Metropolis part2. Il suffisait de consulter les forums de certains sites pour se rendre compte que la démarche ne faisait pas l’unanimité chez les fans. Aussi, la France, l’Espagne, L’Italie et autres Allemagne, contrairement aux Etats-Unis, auront-elles eu cette chance non seulement de bénéficier d’un temps non superflu pour pénétrer les secrets d’AMOLAD, mais également pour découvrir sa version scénique avec un groupe maîtrisant son nouveau bébé.

Plus de 20 ans que je n’avais pas foulé le sol de Bercy, depuis septembre 1984 et un concert d’AC/DC en demi teinte ! Sur le parvis, dès 16 heures, des hordes de fans chevelus, vêtus de tee-shirt à l’effigie du groupe scandaient, sporadiquement, des « Maiden » à qui voulait les entendre. En écho, à proximité, une manifestation de la CGT (ça ne s’invente pas !) Bref, un esprit bon enfant régnait jusqu’à ce que les portes soient ouvertes. Là, on ne peut pas dire que le service d’ordre ait fait preuve d’aptitudes et de capacités à gérer le flot de quelques 15 000 fans désireux d’investir les lieux. J’en veux pour preuve ce moment où, à une vingtaine de centimètres du type contrôlant les billets, un mouvement de foule m’a projeté contre une grille, mon pied restant coincé dans le grillage, mon corps étant propulsé vers l’avant. Je vous laisse le soin d’imaginer la situation. Je regarde le type, lui disant « Faudrait peut-être songer à faire quelque chose ! » Aucun regard de sa part, aucune parole ! Rien, strictement rien ! Ce sera uniquement un autre type de la foule qui calmera ce beau monde afin que je puisse me sortir de ce guêpier. L’organisation de la sécurité sera d’une efficacité telle, que une bonne moitié du public ne verra pas la première partie assurée par Trivium, et encore moins la prestation de Lauren Harris. J’admets que c’est pour Iron Maiden que ce public s’est déplacé, mais bon, était-ce une raison pour faire entrer les personnes avec une lenteur digne de figurer dans le Guiness ?

La France a eu donc droit à deux premières parties. La première assurée par la fille de Steve. Un (Hard) Rock poussiéreux interprété sans aucun doute par un groupe monté dans l’urgence pour profiter de l’occasion. Lauren Harris se serait-elle retrouvée en « opening act » de Maiden si elle n’avait pas été la fille du bassiste de la Vierge d’Acier ? J’en suis pas convaincu ! Mais toujours est-il que son physique avantageux étant, la donzelle a sans aucun doute gagné en expérience, si ce n’est que par les remarques salaces d’un public rappelant à qui l’aurait oublié qu’il peut véhiculer un esprit macho ! Entre les « Lauren, I want your ass ! » ou autres « Suck my dick ! » la nénette fait progressivement connaissance avec un monde où la Femme se doit de montrer qu’elle en possède dans le sac pour se faire respecter et, de surcroît, adopter.

Lauren Harris à peine sortie de scène, déjà on s’affaire pour Trivium. Je ne connaissais ce groupe que par un ou deux titres, eh bien, je n’irais pas plus loin ! Une copie de seconde zone de Metallica ! On se surprendrait même à chanter les paroles de Blackened sur certaines de leurs compositions. C’est dire la singularité de ce quatuor ! Comme dirait Christophe, Maiden, hormis quelques rares exceptions comme Anthrax, a toujours eu le don de prendre des premières parties, lourdes, ennuyeuses ! Là-dessus, vous ajoutez un son des plus horribles (je ne savais pas que l’on faisait des diplômes d’ingénieur du son dans les Kinder Surprise) et personne (ou très peu) n’était mécontent de voit des roadies s’affairer sur scène pour l’entrée imminente de Maiden.

Déjà, quelques clameurs s’échappent de la gauche de la scène ! En effet, des gradins, on aperçoit en coulisses Janick Gers, Bruce Dickinson et leurs camarades de jeu se préparer à débarquer sur scène. Ce soir, la Vierge d’Acier entre donc en guerre sur le territoire français. Une nouvelle Libération de Paris revue et revisitée ! Musique d’introduction angoissante, habillée de rayons lumineux rouges, et la bataille de Bercy peut commencer avec le riff de Different World. Bruce Dickinson déboule comme une…. balle de fusil. Ce type est l’incarnation même du show man ! Il n’arrêtera pas de courir, sauter, haranguer le public durant les quelques deux heures de spectacle. Se permettant de jouer avec un énorme projecteur pour balayer la foule et inciter celle-ci à des acclamations en tous genres. Bien sûr aussi, venue en terre française faisant, il dialoguera avec le public en français. Se fendant même la poire lorsqu’il ne trouve plus ses mots. Nous remerciant d’avoir acheté le nouvel album et soulignant que sans le public, Maiden n’est rien. Au milieu d’un décor au concept guerrier (on s’en doute !) Steve Harris, Dave Murray, Adrian Smith, Jannick Gers et Nicko Mc Brain évoluent sans aucun problème. On sent que la chose est maîtrisée, que le groupe connaît son sujet, et que, mine de rien, quasi trente ans d’expérience scénique, eh bien, ça le fait ! Comme l’a annoncé Bruce, les morceaux s’enchaînent dans le même ordre que l’album original. Le plan de bataille est donc connu d’avance avant même le début des hostilités. Bien sûr, certains objecteront que durant la première partie du concert, le public de Bercy est resté globalement bien sage. Mais il faut savoir que un nouvel Iron Maiden est né, proposant des compositions plus complexes et AMOLAD s’écoute et se regarde bien plus qu’il n’appelle à sauter dans tous les sens. Encore que, les premières notes du single The reincarnation of Benjamin Breeg ont vu Bercy s’exciter davantage, et ce, malgré le léger flottement lorsque le morceau démarre réellement. Il est délicat de jouer sur scène un album dans sa totalité, et, malgré les goûts de chacun, chaque pièce de AMOLAD supporte aisément le feu du live. Vraiment, AMOLAD est un superbe album, se devant d’être appréhendé telle une pièce de théâtre tant le concept et son ambiance sont palpables. D’ailleurs, détail qui a son importance, à la toute fin du dernier morceau qu’est The Legacy, Bruce s’approche de la scène et déclare « And it was a matter of life and death ! ». La foule applaudit, bien sagement. Calme et sagesse qu’elle va perdre dans les secondes qui suivent avec les premières notes de Fear of the Dark ! Hurlements, mouvements de foule et lumières d’écran de téléphone portable supplantent les fameuses flammes des briquets. Il est toujours stupéfiant d’entendre une foule chanter en chœur et en cœur sur les grands classiques des grands groupes. Fear of the Dark en fait partie, tant la communion entre Maiden et son public et palpable et dans le même instant incommensurable. S’ensuit l’hymne éponyme Iron Maiden qui prend toujours une dimension supplémentaire en live et voit ici l’arrivée derrière Nicko Mc Brain d’une énorme tourelle de char de laquelle surgit Eddy (la mascotte). Eddy, dont l’uniforme de soldat anglais rappelant les origines du groupe. Eddy nous scrutant de sa tourelle avec des jumelles, histoire de nous raccompagner vers la sortie.

Mais non, ce n’est pas terminé ! Tout le monde sait qu’il y aura un rappel ! (entre parenthèses, les rappels et leur calibre préconçu m’ont toujours fait sourire !). Bruce nous épargnera de sa (légendaire) phrase annonciatrice : « Quelle heure est-il ? It’s Two Minutes to Midnight ! » Incartade de l’album Powerslave. S’en suit une réelle surprise de la tournée, un « The evil that men do » ressorti des cartons et voyant une nouvelle apparition d’Eddy, narguant la foule et jouant avec Jannick Gers. Un Jannick Gers ayant perdu de sa superbe depuis le retour d’Adrian Smith et la mise en place d’une section à trois guitares. En effet, à faire virevolter sa guitare autour de lui, Jannick en arrive à nous poser la question de sa réelle fonction au sein du groupe. Clown ? Nous n’irons pas jusque là, mais lorsque l’on imagine ce qu’il est possible de faire, avec trois guitares d’un point de vue harmonique avec la musique de Maiden, on peut se dire qu’un beau gâchis prend parfois forme ! Et Dieu (sic !) sait que L’ami Gers est loin d’être un manchot. Non seulement de l’avoir démontré lorsque le groupe évoluait à deux guitaristes, les quelques morceaux de la tournée actuelle où son jeu est mis en avant sont d’une efficacité guitaristique redoutable ! Enfin, le concert s’achèvera par un Hallowed be thy Name d’anthologie menant Bercy dans une transe exceptionnelle ! Extinction des feux durant quelques minutes, on y croit, on se dit que pour la seule date française, ils vont nous faire un petit truc inattendu, d’autant plus que l’on sait que quelques autres classiques du groupe sont en réserve. Mais non, la salle de Bercy se rallume, comme un signal nous informant que l’alerte est levée et la bataille terminée par un KO total de Maiden ! Entre temps, Bruce, dans un français assez singulier, nous donne rendez-vous pour l’été 2008 avec « un petit bout d’Egypte et quelques chansons des années 1980 ». Référence à Powerslave, Seventh Son of a Seventh Son et le Early Years Part2 ! Rendez-vous est pris !

Alors bien sûr, à la sortie, les commentaires fusent et soulignent l’absence de classiques incontournables que sont The Number of the Beast et autres Run to the Hills (pour ne citer qu’eux), mais ce soir, comme tous les soirs depuis début octobre, Iron Maiden a pris le risque ! Le risque de ne pas proposer une recette dont on sait pertinemment qu’elle fera mouche et remportera imparablement tous les suffrages !

On soulignera un son parfois proche de l’inaudible. Mais, avec des protections en mousse, ce son était tout à fait appréciable, comme quoi, jouer la carte de la prévention peut également s’avérer tout aussi agréable.
Enfin, on observera une minute de silence pour tous les portables qui, sans aucun doute, ont été piétinés dans la fosse par les divers mouvements de foule.

PS: merci à "Shub" du forum MetalMonster à nous avoir autorisé à utiliser quelques uns de ses clichés :o)
 
par Monsieur K
le 30 novembre 2006

Setlist :
1- Different World
2- These Colours Don’t Run
3- Brighter Than A Thousand Suns
4- The Pilgrim
5- The Longest Day
6- Out Of The Shadows
7- The Reincarnation Of Benjamin Breeg
8- For The Greater Good Of God
9- Lord Of Light
10- The Legacy
11- Fear Of The Dark
12- Iron Maiden
Rappel
13- 2 Minutes To Midnight
14- The Evil That Men Do
15- Hallowed Be Thy Name
 
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