Matthieu Mendès - Le Marché Gare Lyon - (01/04/2006)
site officiel : www.matthieumendes.com
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Nous découvrons, à l'occasion du concert de ce soir, la salle flambant neuve du Marché Gare.
Malgré une localisation dans un quartier glauque de Lyon (les quais Perrache, leurs camionnettes blanches avec « dames » au volant et bougies allumées…), au premier étage d'un bâtiment attenant au Marché de Gros, la salle en elle-même s'avère accueillante et équipée d'un matériel de tout premier ordre pour un lieu de cette capacité (300 places debout maxi). L'organisation, jeune et associative, est bien huilée, et il ne manque qu'un peu de public supplémentaire pour espérer passer une bonne soirée. Parfois, cela peut être une excellente idée que d'arriver à l'heure pour la première partie !

Car Mok (ex Motherkad), groupe de Tarare, fera bien mieux que chauffer la salle. Ce power trio donne dans un rock indé assez halluciné, alternant les parties atmosphériques et hypnotiques, et les envolées néo métal les plus énervées. Sa particularité est de disposer d'un batteur-chanteur, Niko, qui distille ses paroles en français d'une voix remarquable et chargée d'émotion. Les musiciens à cordes ne sont pas en reste et occupent, en virevoltant, le devant de la scène ; Pierric, le bassiste au son énorme et saturé, Patrick, le petit guitariste, caché derrière sa tignasse, dans un style résolument alternatif (pas ou peu de solos, un travail très « bruitiste » sur les sons). Avec un peu plus de communication de la part de ces deux-là, on oublierait définitivement que le chanteur est coincé derrière son kit de batterie ! Un groupe à revoir, assurément (première partie de Nada Surf au Transbordeur le 7 avril 2006, toutes leurs dates sur leur site internet www.motherkad.com). Quelques photos du concert en cliquant ici. Lire également la chronique de leur CD en passant par là !

Continuons cette soirée excellemment entamée, avec Matthieu Mendès, que je suis impatient de voir en action, après notre entretien téléphonique du 28 mars 2006 - cliquez ici pour le lire. Depuis notre arrivée au Marché Gare, il me paraît anachronique que cet artiste ne recueille pas les faveurs d'un public plus large, au vu de sa qualité musicale, du potentiel « commercial » de ses titres, et de la force de frappe de sa maison de disques, la major Warner. Pourtant, égoïstement, c'est toujours un plaisir que d'assister à un concert « entre amis », au deuxième rang, dans des conditions de proximité et de communication idéales pour qui a connu un concert en stade !

Après l'écoute de son album clairement orienté pop, il était intéressant d'entendre de quelle façon les racines métal de Matthieu Mendès allaient ressortir en live. Avant même que la première note soit jouée, le matériel affiché laisse attendre du très gros son ! Guitare ESP Explorer à la James Hetfield (Metallica) et ampli Mesa-Boogie pour Matthieu, Vigier Excalibur pour son guitariste, basse Warwick et gros Ampeg pour le bassiste !

Et effectivement, dès le premier enchaînement « Esprit - Wake Me Up », on comprend que la soirée sera métal ou ne sera pas ! Les riffs sont affûtés, les solos tranchants, les grattes rugueuses, et le groupe a la grosse pêche. Je n'irai pas jusqu'à dire que les morceaux sont méconnaissables, mais les arrangements spécialement orientés guitares donnent une seconde vie à des morceaux beaucoup plus soft sur album. Le lien sonore avec le disque est assuré par les nombreux samples et séquences (chœurs, loops, effets électroniques) lancés par le bassiste, du moins quand il ne se trompe pas de programme (petite touche d'humanité dans une organisation carrée) ! Ces effets obligent le batteur à jouer au clic, ce qui, comme tout batteur qui se respecte, n'est pas sa tasse de thé, m'avouera-t-il après le concert !

La deuxième partie du spectacle verra l'ambiance monter d'un cran supplémentaire en intensité, un formidable instrumental heavy précédant une reprise survitaminée d'« Enter Sandman » de Metallica, alors que pogo et slam (à cinq, chapeau !) sont devenus les mots d'ordre dans les premiers rangs. Il faut dire que Matthieu n'a de cesse d'haranguer l'assistance, et démontre une sacrée capacité à « bouger » un public, même peu nombreux. Comme quoi, pas besoin d'être six mille pour partager de l'énergie ! Les morceaux pêchus se succèdent, avec en point d'orgue le « tube » « J'en sais rien ». Les surprises sont présentes, avec « la destruction d'un standard jazz de Billie Holiday », un « Strange Fruit » méconnaissable ; un nouveau morceau, « Allez tous vous faire foutre » (« le titre de ce morceau ne s'adresse pas à vous ! »), ainsi qu'un intermède seul en scène en son clair sur « Mon ange ».

Après que tous les musiciens soient venus « tailler le bout de gras » sympathiquement avec les spectateurs encore présents, nous ressortons de cette soirée avec le sourire, et le regret que le « stratagème Matthieu Mendès » n'ait pas mieux fonctionné : attirer un large public avec un album pop mélodique, et lui prouver sur scène qu'on peut s'éclater dans la bonne humeur avec du rock, voire du métal ! Mais il faut dire que monter un concert un samedi soir, dans la deuxième ville de France, avec des places à 12€, c'est vraiment trop osé pour espérer attirer les foules :o) (rire jaune)…

P.S : un grand merci à Thomas Mercier, de Warner Music France, pour nous avoir sollicités, et à Matthieu Mendès pour sa disponibilité.
 
par Mitch
le 3 avril 2006
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