Robert Plant - Transbordeur Lyon - (20/11/2005)
site officiel : www.robertplant.com
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Une légende du rock nous fait l'honneur de sa visite ce soir !
Certes, Robert Plant n'est pas Led Zeppelin à lui tout seul, mais pour nous qui sommes nés dans les années 70 et qui n'avons donc jamais fait de "voyage en dirigeable", cela fera bien l'affaire !

Le chauffeur de salle du jour s'avère, un fois n'est pas coutume, surprenant et inattendu ! En effet, "Shark Shakers" se situe à l'exact mi-chemin entre les Stray Cats, pour les sonorités rockabilly, et les Toy Dolls, pour les rythmes de batterie punk et trépidants, et son chanteur tout droit sorti d'un dessin animé ! Le côté rockabilly est assuré par la guitare demi-caisse, la contrebasse et les solos d'harmonica.
Rien de bien nouveau, je vous rassure, les morceaux étant relativement stéréotypés, si ce n'est dans la vitesse de jeu assez effrayante de la section rythmique : le contrebassiste, au look et aux "roufflaquettes" dignes du chanteur de Mastodon, et le batteur, rondouillard et casquette 1930 sur la tête, bastonnent leur instrument imperturbablement, comme si leur vie en dépendait !
Mais c'est bien le chanteur qui attire tous les regards, par son look décalé et ses poses hilarantes. Extrêmement pâle, maigre, et sec, il se retrouve torse nu au bout de deux morceaux, retroussant les bretelles de sa culotte tyrolienne vers ses chaussettes rayées, n'hésitant pas à chausser lunettes d'aviateur et autres accessoires décalés ! Un peu mégalo, il illustre ses morceaux de poses hallucinées, crache, et lance en l'air des poignées de poils fraîchement arrachés sur son torse ou son pubis ! Le moment le plus drôle est lorsqu'il mime le jeu du contrebassiste sur les muscles crispés de son cou ! "Shark Shakers", un groupe dont les disques doivent être relativement ennuyeux, mais qui s'avère sacrément divertissant en live !

Changement de division, avec l'arrivée de Robert Plant et ses Strange Sensations, qui remplissent aisément la grande salle du Transbordeur. De grands rideaux sont tendus en fonds de scène, ils seront éclairés de diverses couleurs tout au long du show, bénéficiant des reflets de deux énormes boules à facettes. Les lumières, magnifiques, donneront le ton d'un concert qui aura tout d'une expérience mystique pour les spectateurs, nombreux, qui se seront laissés entraîner dans le trip de cette formation d'exception !

En effet, c'est moins à un concert de rock classique qu'à une célébration psychédélique que nous allons assister ce soir. A l'image de "The Gathering", ces dernières années (qui n'aurait choqué personne en première partie !), Plant et ses sbires tissent une toile sonore envoûtante, étirent leurs morceaux en de longues jams qui montent peu à peu en intensité, et tirent parti à merveille des sonorités arabisantes chères à Robert Plant (percussions, djembés, mandolines et instruments à cordes non identifiés !). A l'instar d'un Richard Barbieri dans "Porcupine Tree", le claviériste John Baggot tourne plus de boutons qu'il ne joue de notes, et il "ambiance" remarquablement les morceaux de ses samples ou bruitages planants. Ainsi, les spectateurs venus pour entendre du "Led Zep" joué à la note près en seront pour leurs frais !

Des titres tels que "Black Dog", "Ramble On" et "Gallows Pole" sont tellement appropriés par les musiciens qu'il est difficile de les reconnaître avant le début du chant ! De même pour un "Hey Joe" d'anthologie (orginal de Dylan, ou plutôt Hendrix !), duquel il ne reste que les paroles et la fameuse montée de gamme finale vraiment speedée ! L'autre moment fort sera une longue version de "Whole Lotta Love" qui recueille une ovation du public, même si elle s'avère, une nouvelle fois, très différente de son original. Mais qui vient-on écouter, finalement ? Un groupe de reprises de Led Zeppelin, que l'on accusera de capitaliser sur des méga-tubes trentenaires joués fidèlement, ou "The Strange Sensation ", qui propose sa relecture moderne et novatrice de titres apparemment "intouchables" ? :o)

Les morceaux du répertoire de Robert Plant ont la chance de prendre enfin leur vraie ampleur, en situation live. A l'instar du blues de Poppa Chubby, méconnaissable et jouissif lors du transfert sur scène, les titres du récent "The Mighty Rearranger" se montrent bien plus convaincants et envoûtants que leurs pendants studio : la quasi totalité de l'album sera proposée, avec , en point d'orgue, un exceptionnel "Takamba". Il est vrai que Robert Plant est accompagné d'une équipe de musiciens capables de transcender ses morceaux à multiples facettes. Mention spéciale au batteur Clive Deamer, doté d'un feeling et d'une frappe immédiatement reconnaissables, remarquable de technique malgré un kit de batterie relativement minimaliste.

Et Mister Plant, que vaut-il en 2005 ? Eh bien, aucune déception, il ne trahit pas sa légende, que ce soit au niveau de la qualité de voix, irréprochable, ou même du charisme ; sa désinvolture et son humour typiquement british font mouche, avec suffisamment de classe pour ne pas basculer dans l'insolence. Voici quelques semaines, je terminais ma chronique de l'album "The Mighty Rearranger" par les mots suivants : "Nul doute que les meilleurs des titres ici présents, alliés à une demi douzaine de bons vieux Led Zep, donneront un concert de fort bonne qualité !" - lire la chronique.

Effectivement, les spectateurs les plus "disponibles" ont pu se réjouir d'expérimenter une longue transe extatique en compagnie de Robert Plant et sa troupe. Pour les autres, on peut comprendre qu'il ait été légèrement difficile de rentrer pleinement dans ces longs morceaux, s'ils ne se trouvaient pas dans l'humeur adéquate. Mais il est incontestable pour tous que le Transbordeur a assisté a une bien belle soirée de musique excellemment interprétée !


** Commentaires divers suite à la publication de cette chronique :


" Je souscris à 100% aux commentaires de Mitch sur le concert. Un sacré apéritif comique (Shark Shakers) agrémenté de larsens, suivi d'un repas délicieux, inoubliable... à condition peut-être d'avoir été dans les dispositions favorables (être né dans les années 50?). Mais je reste persuadé que les non-initiés auront su trouver ce soir là matière à admirer, tant la quasi-perfection musicale était de mise sur la scène. Mon voisin de gauche, 30 ans de moins, a semblé conquis; pour moi, c'était une référence. Quant à ceux de derrière, 25 ans de moins, ils n'ont eu de cesse de commenter l'extraordinaire qualité vocale de Plant. Enfin, on ne peut que saluer la manière avec laquelle Robert Plant sait s'effacer pour laisser la vedette à ses musiciens "top niveau". D'ailleurs, à la fin, ce n'est pas une vedette qui fut applaudie, mais un groupe ".
Alain (spectateur/auditeur quinquagénaire, qui re-découvre R. Plant, et n'en devient que plus inconditionnel)

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" A l'instar de Alain, quinquagénaire itou, j'ai connu le décollage somptueux du légendaire dirigeable : un beau matin de 1969, la salle de bain chez papa-maman, rasage d'une barbe qui décidément ne voudra pas pousser, brushing de mise (- en plis ah ah ! ) façon Mick Jagger, et là stupéfaction. France Inter nous lâche Whoole Lotta Love, LA révélation, LE graal, LE truc qui a permis à toute une génération de jeunes français de mettre définitivement au clou sa guitare, malgré les énoooormes progrès enregistrés avec la méthode à Marcel (Dadi). Un titre, un groupe qui donnaient une énième mais ô combien décisive impulsion au rock (qui avait tendance depuis quelque temps il est vrai, à s'en-psychédéliser dans l'herbe et la poudre).
36 ans plus tard. Le dirigeable s'est écrasé depuis pas mal d'années (des images terribles : du feu, des flammes, des morts, de la vodka aussi, des larmes, des "mais-qu'est-ce-qu'on-va-devenir" !!!). Finalement, ce n'est pas plus mal au vu de ses fabuleux états de service, il fallait bien que s'achève le voyage pour que le rêve demeure. Mais tiens, un survivant ? Avec sa casquette de commandant sur la tête, voilà l'Robert qui revient au transbordeur de Lyon : une vraie résurrection. Moi qui pensait que, de télés en radios, de Guillaumeduranderie en Unplugged bien propres sur eux, notre homme n'avait d'autre usage que d'accélérer les ventes du vrai dernier des derniers enregistrements secrets du Zep remasterisé...
Bref, tu nous as bien bluffé Robert : à croire que tous les quinquas devraient passer au moins 15 jours par an au Maroc. Et même si, aujourd'hui, tu ne fonctionnes plus à l'hydrogène, tu flottes encore bien haut dans notre ciel de pacotille ".
Dominique
 
par Mitch
le 22 novembre 2005

Setlist :
1- Freedom Fries
2- Seven And Seven Is
3- Black Dog
4- Let The Four Winds Blow
5- Going To California
6- Another Tribe
7- Four Sticks
8- Mighty Rearranger
9- Takamba
10- Ramble On
11- Hey Joe
12- Tin Pan Valley
13- Gallows Pole
14- When The Levee Breaks
15- The Enchanter
16- Hoochie Coochie Man / Whole Lotta Love
 
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