Steeve Estatof - Nincasi Kao Lyon - (07/12/2004)
site officiel : www.steeve-rock.com
 
 
 
 
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Notre première réaction lors des prestations de Steeve Estatof dans l'émission "La Nouvelle Star" consistait à dire "bravo" ! Bravo pour ses qualités vocales, bravo pour sa présence scénique, bravo surtout pour le bon coup de pied donné dans la fourmilière des émissions bien propres sur elles, mi-télé réalité, mi-musicales.

Dans un deuxième temps, nous étions restés sur notre faim avec son premier album. Celui-ci donnait l'impression de "ménager la chêvre et le chou", d'être tiraillé entre un rock adulte, des ballades de circonstance, et surtout des resucées de Nirvana et Alice In Chains... De quelle liberté artistique avait disposé Steeve pour enregistrer cet album ? Quel est réellement son style musical de prédilection ? Il prétend que, s'il exerce ce métier, c'est pour être en couverture de "Rock Hard" plus que de "Voici", mais qu'en est-il de ses morceaux qui sont assez loin d'être du métal ? Comment se comporte-t-il sur scène, au sein d'un groupe et devant un public forcément différent de celui de l'émission qui l'a révélé ? Nous pensions trouver une réponse éclatante à nos questions lors de ce concert au Ninkasi Kao de Lyon. Pourtant, nous en sommes revenus avec autant de doutes et une impression aussi mitigée que précédemment !

Nous n'avons rien à redire sur le professionnalisme du show. Steeve Estatof chante excellement bien, il joue de la guitare sur la quasi-totalité des morceaux très proprement, le groupe est parfaitement en place (encore heureux vu la simplicité des parties de batterie et surtout de basse !), le son global est très bien balancé, les lumières efficaces. Pourtant, malgré une ouverture d'esprit totale, nous n'avons jamais réussi à rentrer dans le show... La faute en revient tout d'abord aux morceaux eux-mêmes. On se serait cru 12 ans en arrière, à un concert Nirvana, avec Alice In Chains en première partie !

A ce niveau, ce n'est plus de l'inspiration, on est à la limite du plagiat, par exemple sur un nouveau morceau ressemblant étrangement à "Them Bones" d'Alice In Chains ! Le concert, d'une durée d'environ 1h30, a navigué entre décharges d'adrénaline grunge-punk et moments plus mélodiques, avec le petit intermède acoustique de rigueur. Steeve Estatof et son groupe ont déroulé la totalité de l'album "A l'envers" - lire la chronique - , se sont aventurés dans quelques reprises punk-grunge, "Lithium" de Nirvana en tête (chanté en français), et nous ont offert plusieurs compos pas publiées à ce jour. Le ton général n'était absolument pas à la variété (!), le son et la dynamique des compos étaient clairement électriques et puissants, mais une trop grande linéarité et une sensation de "déjà entendu" n'ont jamais permis à l'ambiance de décoller.

Par ailleurs, l'attitude scénique de Steeve nous a laissé comme une sensation de malaise... Après ses prestations télévisées ébouriffantes, nous nous attendions à trouver une bête de scène, un gars communicatif et heureux de jouer. Pourtant, son dialogue avec le public se limite au strict minimum, ses nombreuses poses et manières sonnent faux : elles lui donnent un air blasé qui, loin d'évoquer la spontanéité et la fraicheur qui l'ont fait connaître, est à la limite de l'impolitesse vis-à-vis du public... La plupart de ses interviews nous ont toujours plutôt rassurés sur son humilité et son intégrité, il serait ainsi dommage qu'il "donne l'impression d'avoir la grosse tête" à défaut de "l'avoir réellement".

Qu'en était-il du maigre public présent ce 7 décembre 2004 (à peine 400 personnes) ? Nous ne savions à quelle assistance nous attendre en nous rendant à ce concert : des gamines hystériques de la génération Starac', ou bien des chevelus attirés par le côté obscur de Steeve ? Eh bien, ni l'un ni l'autre ! Dans une salle agréable, mais à la contenance très indigne d'une "Nouvelle Star", le public était en majorité adulte, voire très adulte (40-50 ans au look pas du tout rock n' roll) ! Quelques jeunes occupaient les premiers rangs, quelques cris aigus ("Steeeeeeve") ont percé le silence, mais l'ambiance n'a malheureusement jamais été digne d'un concert de rock. Le seul vrai moment fort est arrivé juste avant le dernier morceau "1977". Le groupe a lancé un instrumental très puissant, qui n'était pas sans nous rappeler le "Roots Bloody Roots" de Sepultura ! Steeve a laissé tomber sa guitare pour se lancer dans un duel de tom basse avec son batteur. Il a ensuite récupéré la place a la batterie, le batteur passant à la guitare, pour se lancer dans un solo très efficace, le tout soutenu par ce riff vraiment accrocheur. Notre homme s'avère être un sacré batteur, il a enfin paru vraiment s'éclater et faire preuve d'une vraie spontanéité ! Si seulement la totalité du concert avait été de cet accabit...

Nous demeurons donc, malheureusement, circonspects sur le "cas" Steeve Estatof ! La relative violence de son son et de sa prestation nous laisse à penser qu'il dispose d'une certaine liberté artistique vis-à-vis de sa maison de disques. Il était pourtant à redouter "qu'on" n'essaie de le transformer en chanteur de variété-rock consensuel. C'est pourquoi nous nous étonnons du fait qu'il n'en profite pas pour proposer une musique plus originale. Quitte à ne pas pouvoir capitaliser sur la présence aux concerts de ceux qui l'ont élu "Star" (ce qui semble bien être le cas !), autant essayer de faire quelque chose de neuf pour sa soit-disant famille de coeur, le métal !

PS: les photos ont été prises au concert de Rouen du 21/11/2004 et viennent du site www.sortons.net.
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par Mitch
le 10 décembre 2004
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