Marillion
 

Site officiel : www.marillion.com ainsi que l'excellent site de Christophe www.marillion-anoraks.com

Membres :
- Steve Hogarth (Chant - Guitare - Piano)
- Steve Rothery (Guitares)
- Mark Kelly (Claviers)
- Pete Trewavas (Basse)
- Ian Mosley (Batterie)

Discographie

     
Né à la fin des années 70 à Aylesbury (Angleterre), Silmarillion, premier nom du groupe, inspiré de l'œuvre de Tolkien, s'est rapidement forgé une solide réputation live à une époque où tout ce qui se rapporte à la musique « progressive » (une appellation que le combo aura toujours du mal à accepter) est synonyme de raillerie. C'est l'ère du punk, et bientôt de la new-wave…

Il faudra attendre 1982 et une mémorable prestation au festival de Reading pour voir le groupe enfin signé, et pas n'importe où… chez EMI ! Une des plus grosses majors de l'époque. Fer de lance du mouvement néo-prog, qui ne tiendra finalement jamais vraiment ses promesses (les IQ, Pallas, Pendragon ou autres Twelfth Night n'obtiendront qu'un succès assez restreint à la différence de certains groupes de la fameuse New Wave Of British Heavy Metal de la même période), le charisme du chanteur Fish (maquillage et cérémonial hypnotique) et les évidentes qualités musicales de la troupe drivée par le guitariste Steve Rothery en feront un groupe particulièrement important des années 80, même si toujours un peu en marge du circuit « classique ».

Un peu à la manière d'Iron Maiden (dans un autre style, aussi chez EMI), les pochettes et les produits dérivés (t-shirts, singles…) signés du talentueux Mark Wilkinson représentent ainsi parfaitement la cohérence de l'univers du Marillion Mark 1. Eh oui ! Car malgré un succès grandissant, le relativement célèbre « Kayleigh » de 1985, la tournée de 1987 (un Zénith et un Bercy en France tout de même !), c'est le split !
Fish quitte le groupe et tout est à reconstruire, la majorité des fans n'imaginant alors sûrement pas qu'une vie est possible sans le « poisson ».

Et pourtant, c'est bien plus qu'à une deuxième vie que le quintet va avoir droit. Au point où l'on peut désormais presque considérer Steve Hogarth comme LE chanteur de Marillion. Etant un grand fan de Fish, je me permets cet outrage provocateur qui ne remet nullement en cause l'importance du géant écossais. Juste que le temps et le développement de la carrière de Marillion depuis 1988 ne peuvent décemment pas résumer le rôle de « h » à celui d'un simple remplaçant malléable.

Difficile de résumer la carrière d'un tel groupe quand il y a tant à dire ! Si le succès massif n'est pas vraiment au rendez-vous, du strict point de vue commercial, la richesse du combo est pratiquement impossible à retranscrire, à expliquer. Marillion, avec sa solide fan-base, ses idées originales (promotion, pré-commande, usage d'internet…) peut tout se permettre. Tenter de ne jamais faire deux fois le même album, toujours chercher, toujours progresser, s'éloigner des clichés et de la facilité…. Bref, un groupe libre !

Administrant un site consacré au groupe - Anoraks - , pardonnez-moi donc ma subjectivité passionnée durant ce rapide tour d'horizon d'une discographie exemplaire :o)

Les albums live (autant commerce que Racket ou Front Row Club, enregistrements disponibles sur le site internet du groupe) sont volontairement écartés de ce petit dossier pour mieux se concentrer exclusivement sur les productions studio au sens strict (pas de remasters ou faces B de singles non plus).


 

SCRIPT FOR A JESTER'S TEAR - 1983

Le premier album d'un groupe est toujours particulier. Après plusieurs années de concerts et de mise en place d'un répertoire, c'est forcément un véritable « best of » de l'époque. « Script » (pour les intimes) ne faillit pas à la règle, même si certains incontournables se retrouveront sur les singles (l'incendiaire « Market Square Heroes » et le long, connoté et finalement un peu indigeste « Grendel »). Véritable album culte, il n'a cependant pas très bien vieilli. La faute à un son très daté et à un batteur, Mick Pointer, pourtant fondateur du combo, qui sera très rapidement évincé. Le morceau éponyme reste en revanche une pièce exemplaire et magnifique que le groupe joue encore parfois avec brio (cf. le live « Popular Music », 20 ans plus tard). « Forgotten Sons » (et ses paroles relatives au conflit irlandais) demeure
aussi un moment fort des concerts d'alors. Un moment d'histoire qui place le groupe sur les bons rails…

 

FUGAZI - 1984

Plus difficile d'accès, « Fugazi » permet à Fish de libérer ses visions les plus sombres. Les paroles sont à l'image de la pochette et de la musique. Ambiance glaciale, très « blanche ». Même si le son n'est pas encore exempt de tout défaut, le nouveau batteur, Ian Mosley, fait tout de même franchir un pallier au groupe, avant le véritable succès que l'on peut déjà sentir arriver.
Les singles sont peu représentatifs (« Assassing », « Punch & Judy »).
On leur préfèrera sans doute les magnifiques « Fugazi » et surtout « Incubus » (un solo inouï, une progression dramatique perturbante et implacable !). Un disque à redécouvrir absolument malgré un sentiment de transition, de construction.


 

MISPLACED CHILDHOOD - 1985

L'album du succès ! Enregistré très rapidement à Berlin, il s'agit bien d'une fulgurance, montrant à quel point l'alchimie du groupe fonctionne. Si l'on met de côté le gentil single/tube « Kayleigh », la trilogie originelle prend fin de la plus somptueuse des manières. Un pur album concept où Fish revient sur son enfance et ses traumatismes. Musicalement, c'est la perfection, tout s'enchaîne à merveille, réussissant l'impensable : un véritable morceau unique évitant les structures les plus téléphonées mais aussi tous les clichés du genre. Et surtout, le plus important, les mélodies sont là !
Comment résister à « Blind Curve », à « Blue Angel »… ? Ne cherchez pas, c'est impossible :o)


 

CLUTCHING AT STRAWS - 1987

Les relations ne sont pas au beau fixe ! La longue tournée « Misplaced Childhood » a définitivement entériné les discordes et ce 4 ème album a bien failli ne jamais voir le jour. Et cela aurait été fort dommage car l'adage est encore vérifié : les tensions sont bien souvent les meilleures amies des créateurs ! Même en fin de cycle, Marillion ne fait pas les choses à moitié, « Clutching At Straws » (« se rattraper à des pailles, des brindilles », révélateur) est ainsi un des albums les plus appréciés des fans. Du triptyque inaugural (splendide « Warm Wet Circles » !) au bouleversant « White Russian », les pièces majeures sont présentes malgré une deuxième partie d'album un peu moins indispensable mais non dépourvue de classiques (« Incommunicado », « Sugar Mice » surtout…). Un somptueux chant du cygne… tout du moins pour ce qui est de la première vie du groupe…

 

SEASONS END - 1989

Voici donc ce « nouveau » chanteur ! Pas de photo, un nom sur la jaquette. Steve Hogarth. La perception de cette galette dépend grandement du moment auquel on l'a découverte : à sa sortie ou quelques années après. La première impression est étrange, on reconnaît le groupe mais on trouve l'ensemble plus passe-partout. h n'est pas encore « chez lui » et cette retenue se sent même si la qualité technique est irréprochable. Sans grande prise de risque, le groupe rassure, cela sent le travail consciencieux. A l'image de la pochette qui conserve une dernière fois le logo sacré et quelques symboles (un peu maladroit !). Le temps montrera finalement les qualités de l'album : « Easter » (LE classique du groupe), « Berlin », « The Space » (un peu ampoulé mais bon…), « Seasons End », surtout dans sa
version live, cap scénique qui fera accepter le nouveau venu. Si l'on zappe l'ignoble « Hooks In You », l'album, tout de même très linéaire, est pourvu de sérieuses qualités. En attendant la suite pour se prononcer plus définitivement…

 

HOLIDAYS IN EDEN - 1991

Deux années se sont écoulées et cette nouvelle livraison ne rassure pas complètement. La raison en est simple : en apparence (et en apparence seulement), Marillion s'éloigne de ses bases. La peur des fans est alors de voir définitivement le groupe basculer du côté de la recherche du succès à tout prix. Le label du groupe pousse dans ce sens et le recours à un producteur de renom, Chris Neil, le montre clairement (tout comme le groupe le déplorera plus tard). Si l'on craint alors une « Simple Mindisation » du combo, il faut, des années plus tard, se rendre à l'évidence : cet album est magnifique ! Il n'est sûrement pas sorti au bon moment, c'est tout. N'a pas su rassurer. Des preuves ? « Splintering Heart » et le triptyque final (« 100 Nights » !!!) sont les grosses pièces, fidèles à la tradition du groupe.
« Cover My Eyes », un excellent single merveilleusement produit (la fulgurance « pop » est une vraie qualité). « Waiting To Happen » et « Dry Land » enfin, se révèleront être complètement représentatifs des qualités de Steve Hogarth. Une voix réellement hors du commun (un des meilleurs chanteurs de sa génération), bouleversante d'expression ! Deux morceaux légers et denses à la fois. La sauce prend, c'est certain !
Gros bémols cependant : le mièvre « No One Can » (là, ok, c'est dur à défendre) et l'épouvantable morceau éponyme auquel je décerne sans aucun soucis le titre de pire morceau de la carrière du groupe :o)
« Holidays In Eden » ? Un album qui porte bien son nom !

 

BRAVE - 1994

Il fut une époque où internet n'existait pas (en tout cas, n'était pas utilisé du grand public). Nos anglais n'ont pas donné signe de vie depuis un an et demi. Vous imaginez l'impact qu'a pu avoir « Brave » lorsqu'il débarque en ce début d'année 1994, sans crier gare… ?
Un album concept, sombre, fourmillant de trouvailles sonores, de samples… Le choc est total et là… « nous » comprenons ! « Nous » comprenons qui est Steve Hogarth, ce génie latent qui explosa alors de toute sa grâce, de toute sa profondeur. D'une certaine manière, Marillion est né à la sortie de « Brave » (pour la période Steve Hogarth). Tout prend alors sens. Tout est évident, le traumatisme est réel. Comment peut-on avoir été et être à nouveau ?
En ayant comme chanteurs successifs les grands Fish et Steve Hogarth ! Inutile de rentrer dans les détails d'une œuvre que les néophytes devront apprivoiser. Les « autres » savent de quoi je parle… :o)

 

AFRAID OF SUNLIGHT - 1995

Comment sortir de « Brave » ? Facile, en sortant un album rapidement, sans se prendre la tête mais, pour rester dans la métaphore corporelle, en en prenant le contre-pied ! Une nouvelle particularité du groupe va alors se dévoiler : la volonté d'aller toujours un peu plus loin et de toucher à des styles plus inattendus. Cette tendance ne fera que se confirmer avec le temps. La première moitié de l'album est assez étrange. « Gazpacho », très bon titre d'ouverture, fait place à cet étrange « Cannibal Surf Babe » qui porte bien son nom, avant un « Beautiful » tubesque et sensible et un « Afraid Of Sunrise » de transition… Ensuite, c'est la perfection ! « Out Of This World » / « Afraid Of Sunlight » / « Beyond You » / « King » !!!
Le top ultime de Marillion !
Vous ne voulez écouter que quelques titres du groupe ? Parfait, jetez une oreille à cet enchaînement, la quintessence de leur musique, c'est clair, il y a tout ! Est-ce imaginable ? Un chef d'œuvre succède à un chef d'œuvre… Ne soyez pas effrayés par la lumière du soleil…

 

THIS STRANGE ENGINE - 1997

Fini EMI et son désintérêt. Voici l'ère Castle ! De plus en plus libéré, Marillion se permet tout ! La couleur de cette 9 ème œuvre est donc très boisée, acoustique dirons-nous. Le niveau d'excellence est maintenu, à nouveau, c'est lassant, il n'y a (pratiquement) rien à jeter. Superbes singles, « 1000 Faces » aura su séduire de nouveaux fans. Les pépites mélodiques sont toujours de la partie : le touchant « One Fine Day » et le sublime « Estonia ». Les désormais habituelles fantaisies, pour le meilleur (« Accidental man », très Police) et pour le pire (« Hope For The Future »)…
Enfin et surtout (diantre, comment font-ils après tant d'albums ?!?), un nouveau classique !
Au panthéon des merveilles ! « This Strange Engine », le morceau titre !
Eblouissant kaléidoscope de plus de 15 minutes, fabuleusement construit autour d'un poème de Steve Hogarth où tout y passe, mélancolie, gros riffs et clavier aériens, final dantesque. Comment peut-on concevoir qu'un groupe puisse maintenir un tel niveau de perfection ?

 

RADIATION - 1998

Le seul coup d'arrêt dans la progression (artistique) du combo s'est produit à la sortie de « Radiation ». Partant d'un très bon sentiment, celui de vouloir toujours voir ailleurs, de se réinventer en partie, le groupe se cherche et est victime d'un besoin commercial. Celui de sortir rapidement un album inabouti, encore en gestation. Et c'est probablement là sa seule erreur. Petit label, peu de moyens, un succès commercial en berne, même les tournées se réduisent. Si « Now She'll Never Know », « These Chains » ou « Three Minute Boy » sont des morceaux réussis, c'est surtout la globalité de l'album qui perd en impact. « Cathedral Wall » est un sous-« King », il manque un vrai pont à « Born To Run ». Même si « A Few Words For The Dead » est une réussite, il manque indéniablement les quelques détails que le groupe a
auparavant toujours su mettre dans ses productions. Et ceci n'est pas qu'une question de son. Non pas qu'il s'agisse d'un mauvais disque, chacun pourra y trouver (en partie) son compte, mais c'est un « Work In Progress » qui n'aurait pas du sortir en l'état, un album qui pêche plus par ce qui manque que par ce qu'il y a, les membres du groupe le reconnaissent d'ailleurs complètement.

 

MARILLION.COM - 1999

Petit frère de « Radiation » (de nombreux titres proviennent des sessions de ce dernier), cette nouvelle livraison est tout de même légèrement supérieure.
La volonté de recherche est présente : « House » (très étonnant, à chacun d'apprécier ou non) ou le rétro « Rich ». Les réussites aussi : « Go ! », « Tumble Down The Years » et surtout « Interior Lulu » (superbe). En revanche, « Deserve », « Built-In Bastard Radar » ou « Enlightened » (un sous-« Estonia ») gâchent un peu la fête. « Marillion.com » permet de comprendre le problème de cette période. Si le groupe avait pu sortir un « best of » de ces deux disques, le résultat aurait sûrement été du même niveau que le reste de sa discographie. Ces deux albums (« Radiation » et « Marillion.com ») demeurent malgré tout intéressants mais sont aussi
inférieurs aux autres. Et pas uniquement à cause d'un soi-disant aspect « pop »… Les seuls « faux-pas » d'une discographie exemplaire.

 

ANORAKNOPHOBIA - 2001

Marillion a appris de ces erreurs. Pour ne plus dépendre de considérations financières tout en conservant une liberté artistique totale, il n'y a qu'une solution : faire pré-commander l'album par les fans de manière à disposer d'une avance suffisante. EMI se chargera de la seule distribution. C'est encore à un véritable bond artistique que nous avons droit. Le groupe était détendu et cela s'entend. Un son prodigieux pour une entrée dans le 21 ème siècle digne de ce nom. Dave Meegan est de retour (« Brave », « Afraid Of Sunlight ») ! C'est toujours bon signe :o)
Si « Separated Out » est le classique morceau rentre-dedans et « If My Heart… » aurait pu se voir enrichir de quelques arrangements supplémentaires, le reste est somptueux !
Les singles tout d'abord, ultra efficaces et du meilleur cru (« Between You & Me » et « Map Of The World »). Tout le reste de l'album enfin, imparable. « Quartz » et son groove marqué, les poignants « When I Meet God » et « 21st Century » (Classical Marillion version 2001) et le sous-estimé « Fruit Of The Wild Rose » (les rares versions live et leurs impros sur la deuxième section du titre). Un grand disque, diablement efficace et moderne, taillé pour la scène ! Nul doute que le disque suivant (qui reprendra le principe de la pré-commande) sera encore un véritable sommet… et quel sommet !!!

 

MARBLES - 2004

Chronique rédigée à la sortie de ce double album, la version commerce est un simple. Un des incontournables de la discographie du groupe… peut-être même leur meilleur album, tout simplement…
Quelle fierté ! Quelle fierté d'aimer et supporter un groupe produisant une telle musique, qui nous propose aujourd'hui un tel album ! Plus de 15 ans après la découverte d'un groupe, quel fan peut se targuer d'être encore si ébloui, surpris et transporté par la nouvelle œuvre de son groupe fétiche ? Comme au premier jour…
Tous les éléments étaient bien sûr réunis : temps " illimité " de studio, Dave Meegan à la production, la confiance des fans… On le sentait venir… Mais tout de même !
L'épreuve du double album reste une des plus périlleuses de l'histoire de la musique rock/pop (ou le nom que l'on veut bien lui donner). Souvent critiqué pour cause de fourre-tout, le travers à éviter reste souvent une certaine incohérence globale, de ne pas faire regretter un non-choix qui aurait permis un album simple bien meilleur. La référence, dans le domaine, le seul double réellement placé sur un piédestal, est ainsi " le double blanc " des Beatles. Et la comparaison est ici assez intéressante… en espérant qu'il ne s'agisse pas d'un chant du cygne comparable :o)

Ce qui saisit d'entrée, c'est l'unité du disque et sa diversité. Paradoxe ?
Pas tant que cela. Cette unité n'a pourtant rien à voir avec celle de " Brave ", pas de concept ici mais une thématique. On ne retrouve ainsi pas la tristesse harmonique du chef d'œuvre de 1994 (ou en de rares occasions). L'impression globale est certes à la désillusion, l'amertume, une forme de désarroi chère au groupe et à h en particulier, mais aussi à une forme d'apaisement dans certains titres (Angelina, Genie, Fantastic Place). Encore un paradoxe. En tout cas, une cohérence impressionnante, une production foisonnante et un album excessivement travaillé et réfléchi ! Alors, comme toujours, le groupe propose un changement dans la continuité. On y retrouve tout un tas d'éléments spécifiques (les envolées lyriques, les titres plus abordables, les futures pièces maîtresses) mais aussi de nouveautés et de nouvelles pistes. " Marbles " est la suite logique d'Anoraknophobia de par sa recherche sonore et sa modernité mais en diffère aussi sensiblement. Moins de " tourneries " (cf. " Quartz "). Pour schématiser, d'un point de vue musical, il est facile d'identifier quatre grandes pistes : les morceaux psyché/60s (Genie, Damage, Drilling Holes), les " singles " (Don't Hurt Yourself, You're Gone), les " plus classiques " (Ocean Cloud, Neverland) et les " nouveautés " (Fantastic Place, Angelina … que l'on peut affilier à la première moitié de " When I Meet God ").

Tout ceci commence par Invisible Man, longue pièce épique, idéale en ouverture. En effet, l'ambiance générale de l'album est ici bien synthétisée. Paroles sombres, multitude d'effets sonores. Ce titre est tout en retenu, ne " se lâche " jamais vraiment. A la première écoute, un certain déficit mélodique largement compensé par la suite peut apparaître. De même, à la différence de Ocean Cloud ou Neverland, on a un peu l'impression de passer du coq à l'âne, tant le morceau semble segmenté, pas de thème récurrent et des transitions réduites au minimum syndical. Le passage piano / voix est en revanche déjà du (très) grand art avant un final pas très surprenant. Un premier frisson.

Ensuite, c'est la grande plongée en apnée !
Plongée dont on ne ressortira pas avant The Damage. Marbles I, intermède que l'on retrouve décliné en quatre parties, réparties tout au long de l'album, fait office de " passage ". Un exercice de style original et permettant d'offrir une vision nouvelle des capacités du groupe. Les trois morceaux suivants constituent une véritable épine dorsale : très " chiadés " et aux mélodies ultimes ! Genie, avec ses airs de ne pas y toucher (sous des dehors proprets, limite tubesque et assez rétro) est merveilleusement construite et onirique à souhait. Un enchevêtrement de mélodies (ce petit passage vocal doublé !). Fantastic Place….ah…. Un des refrains les plus prenant de l'histoire du groupe tout simplement, toujours dans une veine assez éthérée et avec un côté bluesy (la guitare) que l'on retrouve dans tout l'album. Enfin, Unforgivable Thing, où l'on revient en territoire (un peu) plus connu avec ses cassures rythmiques et le lyrisme ultime de h. De grandes performances vocales et instrumentales.

Utile respiration avec Marbles II (intro très similaire à la fin de … " Cannibal Surf Babe ") et… le chef d'œuvre ! Ocean Cloud ! Rien à ajouter, conclusion parfaite à un premier CD traumatisant. Petit clin d'œil à " Misplaced Childhood " avec la partie arpèges/batterie. Tout est ici idéal : chaque section, l'agencement, la force harmonique, la production. Le grand huit !

Le deuxième CD s'ouvre " gentiment " par Marbles III (probablement mon préféré) avant de s'orienter vers la partie la plus expérimentale et agitée de " Marbles ". The Damage reprend ainsi le thème de Genie, créant un lien bienvenu avec le reste du mastodonte. Le décalage de ce morceau très 60s devient alors très pertinent, se positionnant en contrepoint, presque une relecture divulguant le champ des possibles d'une telle œuvre.
Don't Hurt Yourself suit logiquement : plus pop et parfait ! Irrésistible, un single en puissance, à situer dans le prolongement d'un Map of the World. You're Gone (le single), qui aurait pu être difficile à placer dans un tel contexte, arrive idéalement, lui aussi. Morceau peut être moins immédiat mais au final très entêtant. Amusant, la mélodie guitare au e-bow a des airs de famille avec le thème de Lady Nina (non, je n'ai rien fumé !).

Angelina vient définitivement faire le lien avec le CD 1. Dans la lignée de Fantastic Place et Unforgivable Thing.
Une mélodie qui met quelques minutes à se dessiner dans une ambiance très jazzy, toujours très calme, avant de trouver une apothéose impressionnante dans son refrain bouleversant, presque apaisé. Les chœurs féminins apportent la touche qui fait la différence ! Révélateur du fonctionnement marillionien, on peut même entendre une " fausse " note dans le solo de Rothery ! Vous avez dit spontané ? :o)
Drilling Holes clôt l'ensemble de cette partie par un retour encore plus prononcé de la face psychédélique beatlessienne du groupe. Un See Emily Play Floydien moderne ! Surprenant au départ, équilibrant au final, diversifiant encore les impressions ressenties (ce passage central déjanté au clavecin !).
Nouvelle transition Marblesienne et… Neverland ! Définitif, déjà un classique ! Dés les premiers accords de piano, on se retrouve plongé dans le cérémonial, une solennité évoquant presque les breaks d'Incubus (non, non, toujours rien fumé le gars !). Magnifique thème de guitare et le " faux-écho " vocal final… L'abysse de l'âge adulte ? La fin des illusions, qui résonnent encore…

Le retour à la réalité se fait doucement… tout doucement. Accompagné des clochettes de la fin d'un rêve… En était-ce un ?
 
par Christophe
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