Metallica
 

Site officiel : www.metallica.com

Membres :
- James Hetfield (Chant - Guitare)
- Kirk Hammett (Guitare)
- Lars Ulrich (Batterie)
- Robert Trujillo (Basse)

Discographie

     
La première pierre de la longue histoire de Metallica a été posée un beau jour de juin 1981, lorsque le timide guitariste-chanteur James Hetfield a été présenté à un batteur danois volubile du nom de Lars Ulrich.
Ce dernier, débarqué à Newport Beach (non loin de Los Angeles) en septembre 1979 pour suivre son père Torben, tennisman professionnel, est un acharné de métal européen ; il est incollable sur des groupes tels que Thin Lizzy, Black Sabbath, Deep Purple, Diamond Head, Iron Maiden, Trespass, Sweet Savage, etc…
Lars met entre parenthèses son avenir tennistique prometteur pour assouvir sa passion de la batterie, et voit en James le partenaire qu'il cherchait pour monter un groupe aux influences « New Wave Of British Heavy Metal ».

Après quelques mouvements de personnel et quelques démos, les deux compères disposent d'une équipe de valeur afin de lancer l'aventure discographique du groupe qu'ils avaient entre temps nommé Metallica : Lars Ulrich à la batterie, James Hetfield au chant et à la guitare rythmique, Cliff Burton (débaûché chez Trauma en échange du déménagement du groupe à San Francisco) à la basse, et Dave Mustaine à la guitare lead.
Pourtant, Dave Mustaine, caractériel et souvent défoncé, sera débarqué du navire sans ménagement à la veille de l'entrée en studio de Metallica pour l'enregistrement de son premier album. On le retrouvera bientôt à la tête de Megadeth. C'est alors Kirk Hammett (Exodus), qui rejoindra le groupe en catastrophe à New-York, en avril 1983 ; il ne disposera que de quelques jours pour intégrer le groupe au cours de quelques concerts, et apprendre les morceaux en vue de l'enregistrement.

Metallica étant mis sur les rails, son histoire va le mener jusqu'en 2004 au cours d'une incroyable succession de concerts, d'albums, de récompenses, de moments forts, mais aussi d'évènements tragiques. Ne pouvant vous retracer ici plus de vingt ans d'histoire en quelques lignes, nous retiendrons, de façon tout à fait subjective, il faut bien l'avouer, les dates suivantes :

• 1986 : tournée triomphale aux USA en première partie d'Ozzy Osbourne, l'album Master Of Puppets devient le premier disque d'or du groupe aux States.

• 27 septembre 1986 : décès du bassiste Cliff Burton dans un accident de car en Suède. Il sera remplacé par Jason Newsted (Flotsam & Jetsam). Cliff Burton était reconnaissable à ses jeans pattes d'eph', à sa longue chevelure brune, à son attitude désinvolte, et surtout à son incroyable technique en solo à la basse, digne des meilleurs guitaristes. On peut en avoir un aperçu sur les morceaux Anesthesia (Pulling Teeth), surprenant solo de basse introduisant Whiplash sur l'album Kill'em All, ou encore sur l'instrumental Orion (sur Master Of Puppets), lors du dernier solo avant la partie rapide finale.

• 7 décembre 1988 : tournage du clip de One, et début de l'exposition médiatique du groupe grâce à MTV qui diffuse abondamment cette vidéo, illustrée par les images du film Johnny Got His Gun (le destin tragique d'un jeune militaire qui, lors de la première guerre mondiale, saute sur une mine, et se retrouve à l'hopital, amputé des 4 membres, privé de ses sens, incapable de communiquer, et prisonnier de son corps malgré une lucidité intacte).

• Août 1991 : sortie de Metallica (plus connu sous le nom de « Black Album »), produit par le « tubesque » Bob Rock (Bon Jovi, Mötley Crue, The Cult), et explosion commerciale internationale du groupe. Tournée interminable, et utilisation d'une scène révolutionnaire : celle-ci, en forme de diamant, est installée au centre des salles de concert, elle contient en son centre une fosse - le Snake Pit - destinée à accueillir une cinquantaine de spectateurs privilégiés.

• 8 août 1992, Montreal : le groupe est au cœur d'une méga-tournée avec Guns n' Roses. James Hetfield est gravement brûlé au bras gauche par l'explosion d'un effet pyrotechnique.

• 2002 : lassé de ne pouvoir s'exprimer plus, tant au sein du groupe que dans des projets extérieurs, le bassiste Jason Newsted quitte Metallica. Jason aura marqué les fans du groupe par sa loyauté, sa dévotion au métal, et son attitude scénique intense. Sa contribution à la composition aura malheureusement été limitée aux morceaux Blackened (sur Justice For All), My Friend Of Misery (sur le Black Album) et Where The Wild Things Are (sur Reload). Jason Newsted sera remplacé par le bassiste slappant Robert Trujillo (Suicidal Tendencies, Infectious Grooves, Ozzy Osbourne).


 

KILL'EM ALL - 1983

Les oreilles blasées d'un auditeur actuel ne peuvent sans doute pas avoir conscience du caractère révolutionnaire de ce premier album. En effet, il représentait à l'époque un sommet de brutalité dans le microcosme métallique de la côte ouest des Etats-Unis, bien plus sensible au glam et encore hermétique aux influences européennes de la NWOBHM. On a coutume de dire que ce disque était trop punk pour les métalleux, et trop technique pour les punks ! Il est vrai qu'il conjugue à merveille la frénésie punk, et la précision des riffs et des solos métal. La production, assez petit budget, confère toutefois à ce Kill'Em All un son de guitare tranchant et implacable. Les structures de morceaux sont déjà incroyablement riches, avec des successions de riffs mémorables, de nombreux changements de
tempo et des solos supersoniques (même s'il n'en a gardé que peu d'influences, Kirk Hammett a été l'élève de Joe Satriani). Hit The Lights est le premier morceau jamais écrit par Metallica. The Four Horsemen, a été essentiellement composé par Dave Mustaine. Pour pouvoir être crédités dessus, Hetfield et Ulrich en ont changé les paroles, et ajouté une partie lente. La version d'origine peut être entendue, sous le titre The Mechanix, sur le premier album de Megadeth, Killing Is My Business. Notons que Metallica ré-utilisera des idées de Dave Mustaine jusqu'à son troisième album…
La majorité des titres de ce disque sont des classiques, encore souvent joués en concert, du bourrin Whiplash au puissant No Remorse, en passant par le festif Seek & Destroy. Les paroles sont ici assez naïves (metal, party, baston, headbanging !), mais n'oublions pas que nous n'avons affaire ici qu'à des musiciens de vingt ans qui n'ont d'autre ambition que de mettre du « Metal Up Your Ass » !

 

RIDE THE LIGHTNING - 1984

Et voici les premières polémiques à accompagner la sortie d'un album de Metallica, premières d'une longue série, nous le verrons plus loin ! Mais que reproche-t-on à ce Ride The Lightning ? Avant tout, la présence de Fade To Black, power ballade « hérétique et commerciale », dont la recette sera néanmoins reprise plus tard par 90% des groupes de métal de la terre ! Ensuite, certaines libertés, comme la guitare classique en ouverture de l'album, la sophistication de l'instrumental The Call Of Ktulu, qui parvient à tourner autour de deux plans durant 8.52 min. Enfin, la qualité de la production qui, déjà, dépareille avec la majorité des publications de l'époque, liée à un ralentissement assez net des tempos (sauf sur Fight Fire With Fire et Trapped Under Ice).
Finalement, la seule faiblesse de cet opus ne résidera peut-être que dans Escape, morceau bouche-trou composé en dernière minute ! Mais il est vrai qu'il passera bien inaperçu au milieu des chefs d'œuvre que sont les For Whom The Bell Tolls, incroyablement heavy, ou Creeping Death, qui offre un solo dont la technique, la mélodie et la construction ont bouleversé les standards métal de l'époque. Les paroles sont également bien moins « premier degré » que sur Kill'Em All.

 

MASTER OF PUPPETS - 1986

Un certain nombre de recettes de l'album précédent sont reprises ici : l'intro à la guitare classique, un premier titre bourrin (Battery), un morceau lourd de chez lourd en troisième position (The Thing That Should Not Be), une pseudo ballade (Welcome Home – Sanitarium), un instrumental épique et émotionnel (Orion). Pourtant, il est incontestable qu'une majorité des connaisseurs de Metallica considèrent cet opus comme le plus abouti et le plus représentatif des qualités du groupe. Il est vrai que le niveau technique est encore monté d'un cran (Disposable Heroes), que le son des guitares, glacial et énorme, fait froid dans le dos, et que la richesse des constructions met admirablement en valeur la cohésion du groupe et l'influence mélodique et harmonique d'un Cliff Burton à son apogée.
Des morceaux tels que Battery, Master Of Puppets, Welcome Home, Damage Inc. ont traversé les années sur scène sans prendre une ride. Les avis sont donc partagés ! Si vous souhaitez connaître l'opinion de votre serviteur, je me contenterai de dire que Master Of Puppets est l'album qui m'a fait connaître le métal, qu'il a donc changé ma vie, et qu'il figure toujours dans mon top 3 perso !

 

THE $5.98 E.P. GARAGE DAYS RE-REVISITED - 1987

En cette année 1987, il était nécessaire de célébrer l'intégration du bassiste Jason « Newkid » Newsted, de conjurer le mauvais sort qui avait enlevé au groupe Cliff Burton (24 ans…), et, accessoirement, d'étrenner le nouveau contrat du groupe avec Phonogram tout en accompagnant commercialement sa présence aux Monsters Of Rock…
Ce mini-album sans prétention, enregistré en six jours seulement, consiste en cinq reprises de morceaux ayant marqué ou influencé nos Four Horsemen quelques années auparavant : Helpless (enième reprise de Diamond Head, influence des premiers jours), The Small Hours (Holocaust), The Wait (Killing Joke), Crash Course In Brain Surgery (Budgie), et l'enchaînement Last Caress / Green Hell (The Misfits).

 

… AND JUSTICE FOR ALL - 1988

Cet album a eu autant d'influence sur le succès immédiat de Metallica que sur l'orientation de la suite de sa carrière. En effet, il a permis au groupe de franchir un nouveau cap en termes de ventes, d'exposition médiatique (le clip de One), et de remplir des salles de concert tout au long d'une tournée gargantuesque qui se poursuivra jusqu'en octobre 1989. Mais, dans le même temps, la complexité extrême des morceaux a fini par avoir raison de la patience des 4 musiciens qui deviennent allergiques aux titres de plus de six minutes… Eh oui, … And Justice For All peut aisément être qualifié d'album de thrash progressif, tant il est chargé en caractéristiques communément associées au mouvement progressif : des titres longs, des rythmiques complexes, des empilements de riffs, de breaks, de parties instrumentales et
de solos techniques jusqu'à épuisement ! Chaque idée, chaque plan, est développé et décliné longuement, ce qui donne des morceaux de bravoure tels que l'intro de … And Justice For All ou le surpuissant Blackened.
Les rythmiques de guitares sont injouables, telles celle de Eye Of The Beholder, véritable leçon d'aller-retours, ou de Dyers Eve, un des morceaux les plus violents et les plus physiques jamais joué par Metallica. La fausse ballade glauque, One, constituera le premier véritable « hit » du groupe, un autre classique se dégagera de cet album avec The Shortest Straw. Notons également le (presque) instrumental, To Live Is To Die, écrit sur la base d'idées et de quelques phrases du regretté bassiste. Outre l'extrême complexité des morceaux, la seconde critique qui a été opposée à Justice concerne le son étonnant de ce LP. On a l'impression d'écouter un groupe formé par un guitariste rythmique et un batteur uniquement, tant ces deux instruments écrasent les autres dans le mixage. La basse semble carrément absente, révélant les limites du groupe et du producteur historique Flemming Rasmussen en termes de techniques d'enregistrement et de maîtrise des infrabasses ! La batterie sonne également comme, passez-moi l'expression, un baril d'Omo...

 

METALLICA - 1991

C'est en réaction à toutes les remarques relatives à Justice que nos quatre Horsemen prennent des décisions radicales. Ce cinquième album sera produit par Bob Rock, grand gourou du gros son qui tue, les compos seront simples et directes, reprenant un schéma presque rock. Pour preuve, le premier morceau, Enter Sandman, qui décline finalement un seul et même riff sans que la chanson en souffre. Le groupe, transcendé par Bob Rock malgré une ambiance de grande tension créative, enchaîne les chefs d'œuvre : Sad But True et son riff pachydermique, The Unforgiven, power ballade sur le solo de laquelle Kirk se surpasse en termes de feeling, Wherever I May Roam, hymne à la vie sur la route aux sonorités presque orientales (cythare en intro), Nothing Else Matters, leur "Still Loving You" sur lequel James
Hetfield livre tous ses sentiments et sa nouvelle capacité à vraiment chanter, sans oublier les tristes The God That Failed et My Friend Of Misery D'autres morceaux sont plus unidimensionnels et plus passe-partout (Holier Than Thou, Don't Tread On Me, Through The Never, Of Wolf And Man, The Struggle Within), mais le résultat global permet à Metallica de passer du statut de grand groupe de métal à celui de superstar du rock grand public. Le visionnage de la video "Un An Et Demi De La Vie De Metallica" est, à ce titre excessivement instructif sur la façon dont cette œuvre maîtresse a été créée : le groupe, suivi par une équipe de tournage durant tout l'enregistrement de ce « Black Album », nous dévoile tout le processus de création, chaque détail sonore qui rend ce disque unique, les moments d'exaltation créative comme les plus sombres disputes.
Il faut dire que le groupe reste en studio neuf mois durant, enregistre d'une manière assez exhaustive (chaque musicien joue chaque morceau 30 ou 40 fois, puis le morceau est « reconstitué » avec seulement les moments forts, l'intro de basse n°17, le solo de guitare n°23, etc…), qu'il est au départ assez défiant vis-à-vis de l'envahissant Bob Rock, et que « certains » membres du groupe ne sont peut-être pas aussi préparés que nécessaires (voir Bob Rock mettant la pression sur Kirk Hammett en lui lançant « montre-moi ce que tu sais faire, guitariste de l'année ! » !
En tout cas, ce Black Album et sa production monstrueuse est unanimement considéré comme l'un des meilleurs albums de l'histoire du rock, il permet à Metallica de touché un public large et nombreux, et entraîne le groupe dans une tournée mondiale interminable, seulement interrompue par les remises d'awards et de multi-disques de platine ! Un bon témoignage de cette période live réside dans l'onéreux coffret Live Shit - Binge and Purge, qui propose un concert live de cette tournée en CD, un en vidéo (2 K7), ainsi qu'un excellentissime concert de la tournée Justice sur une troisième K7. Ce coffret a récemment été réédité en DVD, sans ajoût particulier malheureusement.

 

LOAD - 1996

Après Justice, chaque album de Metallica tend à devenir une réaction de contrepied par rapport à son prédecesseur ! Justice était complexe et sous-produit, le Black Album sera simple et doté d'un son énorme. Le Black Album était sobre et heavy metal, Load sera rock et varié. De même pour le look et l'attitude des musiciens : cheveux longs et vêtements noirs sur le Black, cheveux courts, cigares, bretelles, poses et photos d'art (Anton Corbijn, photographe de U2, Depeche Mode) sur Load !
Le logo historique ne survivra pas non plus à cette année 1996, Lars et James souhaitant rompre avec une communauté métallique dans lequel ils se sentent à l'étroit. Seul le producteur Bob Rock est confirmé dans ses fonctions !
Load est donc l'album du changement. La méthode d'enregistrement est plus détendue, plus live, Kirk Hammett joue, pour la première fois, des rythmiques, qui plus est différentes de celles de James Hetfield, la basse de Jason Newsted est moins ouvertement sous-mixée que par le passé.
L'esprit d'ouverture qui souffle amène le groupe sur des chemins “gros boogie rock qui tâche” (2X4 et son riff à la Walk de Pantera), glauques et psychédéliques (Bleeding Me, The House That Jack Built et son surprenant solo de vocoder, The Outlaw Torn et ses 9.53 minutes hypnotiques, King Nothing), presque country (Poor Twisted Me, Ronnie), pop mielleuse (Hero Of The Day), avec une réussite émotionnelle souvent présente (Until It Sleeps, Mama Said). Les techniques de jeu de chaque instrument s'éloignent des standards métal, les allers retours et les attaques étouffées sur la corde de mi laissant souvent place aux accords pleins et aux arpèges. De même pour les solos de guitare, qui recherchent l'émotion, le son, dans une démarche parfois presque bruitiste, plus que la vitesse et les exploits techniques.
Enfin, l'écriture des paroles sert presque de psychanalyse à un James « Mighty » Hetfield qui livre enfin ses faiblesses et ses sentiments intimes. Le comportement général de Metallica, en cette année 1996, ne manque pas de choquer le petit monde du métal, peu habitué à voir Kirk Hammet habillé en gangster cubain, ou Lars Ulrich donner une interview sur Fun Radio… Loin des sombres peintures habituelle, la pochette de l'album ne se prive pas, non plus, d'intriguer les foules : l'œuvre Semen And Blood d'Andres Serrano, découverte par Kirk Hammett dans un catalogue d'art moderne, représente quelques gouttes de sang de bœuf et de sperme de l'artiste photographiées entre deux plaques de verre !
Les fans hardcore qui attendaient, avec Load, au mieux un Master n°2 , au pire un Black Album bis, réagissent violemment. Pourtant la réussite artistique de cet album de la part d'un groupe qui sortit à ses débuts un album aussi brut et aussi unidimensionnel que Kill'Em All est incontestable. Son succès commercial international sera important, mais bien inférieur néanmoins au carton historique du Black.

 

RELOAD - 1997

La période de composition qui s'est écoulée entre le Black Album et 1995 a permis à Metallica d'accumuler un grand nombre d'idées, si bien que le groupe disposait au début de l'enregistrement de Load de suffisamment de matériel pour préparer un double album. Ne souhaitant pas rester trop longtemps en studio, le groupe a donc laissé quelques morceaux en friches, seules les parties de batterie étant mises en boîtes au cours des sessions de Load. C'est donc la « suite et fin » de ces morceaux qui apparaîtra sur Reload. L'ambiance et l'esprit restent donc les mêmes, même si les chansons sont un peu plus brutes et moins sophistiquées. On retiendra ici Fuel, morceau direct, The Memory Remains, avec la participation vocale de Marianne Faithfull, Devil's Dance, heavy et chaloupé, l'audace de l'orgue de
barbarie en intro de Low Man's Lyric, un Fixxxer à rapprocher de Outlaw Torn ; par contre, on pourra rester perplexe face à The Unforgiven II, suite de The Unforgiven dont personne n'a bien compris l'intérêt au vu de la médiocre qualité de ce morceau.
Comme souvent dans un tel cas de figure (Use Your Illusion I et II de Guns n' Roses…), on ne pourra s'empêcher de penser que ces 2 volumes Load et Reload auraient pu ne constituer qu'un seul excellent album, une fois débarassés de leurs titres les plus faibles. De plus, les années qui suivent et plusieurs produits « recyclés », ne vont pas franchement donner à Metallica l'occasion de redorer son blason créatif…

 

GARAGE INC. - 1998

Nous avons affaire ici à un double album. Le CD 2, jouissif, reprend la totalité du EP Garage Days Re-Revisited de 1987, épuisé, l'intégralité des reprises ayant figuré un jour en face B ou en bonus track (Am I Evil, Blitzkrieg, Breadfan, The Prince, Stone Cold Crazy, So What, Killing Time), ainsi que 4 titres de Motörhead enregistrés par nos amis déguisés en Lemmy Kilmister au cinquantième anniversaire de ce dernier !
Le CD 1, enregistré pour l'occasion, est beaucoup plus décevant. Il contient, pêle-même, des reprises au son faiblard de divers groupes ayant influencé Metallica : Discharge, Diamond Head, Black Sabbath, Bob Seger, Danzig, Nick Cave, Mercyful Fate, Blue Oyster Cult, Thin Lizzy et Lynyrd Skynyrd.

 

S&M - 1999

Toujours pas de nouveaux titres (ou presque !) avec ce double S&M, qui consiste en un concert de Metallica, accompagné de l'orchestre symphonique de San Francisco, dirigé par le regretté Michael Kamen. Le concept est surprenant, car les morceaux n'ont pas été ré-arrangés pour l'occasion, Metallica se contentant de jouer sa partition habituelle, avec l'appui des orchestrations classiques.
Le résultat est fabuleux en quelques endroits (The Call Of Ktulu, à donner le frisson, Nothing Else Matters, Until It Sleeps, Outlaw Torn), correct sur les deux titres composés pour l'occasion (No Leaf Clover et Minus Human), mais franchement anachronique sur certains morceaux basiques qui laissent moins de place à l'orchestre (Battery, Of Wolf And Man, Fuel).
L'achat du double DVD est bien plus recommandé que celui du double CD, car il contient un reportage savoureux sur les coulisses et la préparation de ce concert, et propose la possibilité de dissocier l'orchestre du groupe ou de choisir la caméra active sur plusieurs morceaux.

 

ST ANGER - 2003

La période 1999 - 2003 a été particulièrement chaotique pour le groupe, avec en l'occurrence un long séjour en cure de désintoxication alcoolique pour James Hetfield, et le départ du bassiste Jason Newsted, usé d'années de frustration, ni autorisé à composer pour le groupe, ni à se ressourcer au sein de petits projets extérieurs. Metallica frôlera l'implosion, et fera même appel à un psychlogue pour réguler des rapports humains distordus entre ses membres. L'album St Anger sera enregistré avec le producteur Bob Rock à la basse, poste repris par Robert Trujillo peu avant la sortie du disque.
Comble du comble, Metallica semble enfin retrouver la spontanéité, la joie de jouer et la fraternité justement espérés par Jason Newsted…Son départ n'aura pas été totalement vain, ni pour Metallica, ni pour lui-même, pusiqu'on
le retrouvera très vite dans les groupe Echobrain, Voivod et Ozzy Osbourne Band.Pour revenir à St Anger, l'équipe du Musicaljam a été tellement partagée à sa sortie, qu'elle dût se résoudre, à l'époque, à publier le « pour-contre » ci-dessous :

1- ST ANGER ME MET EN ANGER !

« Mes amis, l'heure est grave ! Metallica vient de sortir un album, et ce n'est jamais que son 8ème en 20 ans de carrière, ce qui justifie une certaine excitation en se rendant chez son disquaire préféré. Malheureusement, l'excitation a vite fait place à la déception. Si j'avais écouté ce disque "en aveugle", sans savoir qu'il s'agissait de Metallica, je ne l'aurais pas acheté. Presque tout ce que l'on aimait chez ce groupe a disparu : les rythmiques complexes, d'une précision militaire ; les compositions excessivement structurées et aux aspects "progressifs" ; les solos de guitare inspirés ; une certaine recherche de la mélodie, même dans les morceaux les plus bourrins ; une production inventive et soignée.
Et oui, il faudra s'y faire, Metallica a changé ! De mémoire, je ne connais aucun groupe de hard-métal qui ait autant muté entre son 1er et son dernier album. Les gars d'AC/DC doivent faire des crises d'épilepsie anxieuse en comparant cette évolution à la leur. Fini le groupe de heavy métal sophistiqué, place à un garage band jouant une sorte de hardcore très brut. Le son de guitare est sale, la caisse claire sonne comme un Tambour du Bronx (sur un disque complet, ça use les oreilles...), la batterie favorise les rythmes trépidants, entre accélérations punk-rock et blast beats de death (par contre, pour les breaks construits, on repassera), la basse est une nouvelle fois discrète, et, comble du comble, il n'y a AUCUN SOLO DE GUITARE malgré des morceaux entre 5 et 9 min !!! Je me demande encore comment les morceaux peuvent être aussi longs sans posséder aucune partie réellement instrumentale...
Par contre, on a affaire à de gros riffs gras et brouillons (James Hetfield joue sur une Gibson Les Paul !), qui privilégient le groove, et qui jouent souvent à l'unisson avec la batterie pour des moments saccadés. On retrouve dans cette approche plus rythmique que musicale l'influence tribale d'un Sepultura, ou la lourdeur d'un Down ou d'un Corrosion of Conformity. On peut également penser à System of a Down pour l'alternance abrupte de parties brutales et très calmes. L'ensemble du disque est à rapprocher des groupes de stoner et assimilés(Kyuss en particulier) et du mouvement néo-métal "jumpy", beaucoup plus que des groupes de heavy métal traditionnels. L'esprit est totalement "jam", les parties se succèdent au sein d'un même morceau sans réelle logique. Quelques excellents riffs surnagent, mais ils sont noyés dans la masse du bruit et du bordel ambiant ! Comme le disait un journaliste de Rock Hard, on a l'impression d'être au milieu de la salle de répétition de Metallica, et je ne suis pas sûr que ce soit une expérience très agréable.
Heureusement, ils ont eu la bonne idée de joindre un DVD montrant le groupe en train de jouer l'intégralité de l'album en conditions de répétition. Le disque est assez éprouvant à écouter d'un trait, donc les images amènent un côté distrayant qui fait passer le temps plus vite.

Que dire en guise de conclusion ?

- Si le défi du changement et de "l'anticommercial" est relevé haut la main et hautement respectable, ce n'est pas pour autant que c'en est agréable à l'écoute. Sur des critères purement objectifs de qualité, je trouve que c'est leur moins bon disque.
- Ce groupe m'a suffisamment apporté depuis plus de 14 ans pour que je respecte son besoin de changement et que je lui laisse sa chance en écoutant plusieurs fois cet album : les meilleurs disques ne sont-ils pas ceux qui se révèlent au bout de plusieurs écoutes ? Voilà, c'est dommage, je m'attendais à passer de bons moments et je vais devoir continuer à user mes vieux Dream Theater et Iron Maiden au lieu de rentabiliser ce nouveau Metallica ! »

2- LA REVOLUTION

« Trop fort ! Metallica a sorti un nouvel album qui va révolutionner la conception du métal ! Ils ont réussi à s'affranchir du carcan conservateur du heavy metal pour se réinventer dans une sorte de hardcore garage, mélange subtil de toutes les tendances actuelles, stoner et néo-métal en première ligne. Ils ont su transcender tous ces mouvements en des morceaux sans concessions, où le plaisir du groove se bat en duel avec la lourdeur des rythmiques. Au placard, toutes les esbrouffes techniques, solos de guitare branlette de manche, breaks de batterie mathématiques et empilement de riffs complexes jusqu'à saturation.
Bonjour les morceaux libres, bruts, assurément fruits de jams endiablées dans une débauche de feeling et de puissance. Quelle pêche, quelle envie de jouer, quelle fraicheur et quelle capacité de renouvellement pour un groupe de 20 ans d'âge ! Ces hommes ont foi en leur démarche artistique et en leur indépendance au point de prendre le risque de ne pas ajouter de solos de guitare inutiles à des morceaux qui n'en nécessitent pas la présence. Le package de l'album est une belle preuve de respect envers leurs fans : une pochette magnifique et admirablement illustrée, et surtout, pour le prix d'un CD normal, la présence d'un DVD reprenant l'intégralité de l'album joué en live en répétition, là où les titres prennent toute leur vie et toute leur ampleur.
Messieurs, chapeau bas ! L'attente valait la peine, ce disque va révolutionner le rock 2003 et devenir la nouvelle référence des années 2000. »


EPILOGUE
En 2003-2004, Metallica aura confirmé sa bonne santé au cours d'une tournée très réussie. Tous les espoirs sont encore permis pour son prochain album, que l'on espère d'aussi bonne qualité que ceux parus entre 1983 et 1991. Sur l'ensemble de sa carrière, Metallica représente le plus gros groupe de métal que la terre ait porté, il a été maintes fois copié, et a néanmoins fait preuve d'une extraordinaire capacité à évoluer et à se renouveler. Il a également écumé les routes du monde entier, au cours de tournées intenses et interminables, elles-mêmes remplies de concert intenses et interminables !

 
par Mitch
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