Toto - Mindfields (février 1999)
site officiel : http://www.toto99.com - autre site : http://www.totoweb.org
1. After You've Gone
2. Mysterious Ways
3. Mindfields
4. High Price Of Hate
5. Selfish
6. No Love
7. Caught In The Balance
8. Last Love
9. Mad About You
10. One Road
11. Melanie
12. Cruel
13. Better World
(Bonus track : Spanish Steps)
 
Dans la série « Ten Years After », je voulais rendre hommage à un bien bel album de Toto !
Cela fait déjà dix ans qu’est sorti « Mindfields ». Il marquait en son temps le grand retour au chant de Bobby Kimball, le chanteur des débuts qui fût si difficile à remplacer après le pilier Toto IV en 1982. C’est aussi le second album avec Simon Phillips dernière les fûts et nous ne le savions pas encore, l’avant dernier avec Steve Lukather.
L’album succède alors à Tambu, sorti en 1995 (si l’on met de côté la joli compil XX, riche de très bons titres), et lui est peu comparable. Ce dernier, bien que contenant des monstres comme Gift Of Faith, Drag Him To The Roof et le « un peu difficile à jouer » Dave’s Gone Skiing, était franchement mou du genou et pas toujours très enthousiasmant.
Mindfield est, je pense, un album beaucoup trop sous estimé du groupe. Bien sur, nous n’avons pas ici 13 titres égaux mais quel album de Toto (ou d’autres nombreux groupe) ne contient pas quelques faiblesses. Mindfield fait partie de mon trio de tête dans la discographie du groupe.
Le son est puissant, la production de haut niveau, les musiciens n’ont plus rien à prouver et le groupe renouvelle clairement son répertoire, le dynamise aussi.

C’est Lenny Castro qui ouvre le bal avec un son de darbouka, sur un titre riche en percussions : « After You’ve Gone » est un titre très inspiré Lukather en solo (écrit avec Phil Sousan, co-auteur de l’album « Luke ») avec la grandiloquence de Toto. On retrouve curieusement Steve au chant sur ce premier titre. On est ici dans le pop-rock feutré doté d’un refrain agréable, de guitare de velours. Il se dégage de ce titre une force tranquille. Toto c’est une grosse armée de son, de groove et de technique, mais qui sait s’installer avec retenue, la classe ! Le fin du titre est superbe, Steve fait siffler sa guitare et apporte quelques touches de cithare électrique : parfait !

« Mysterious Ways » à des allures de premier titre, bien qu’il soit très (trop) court ! Luke fait des allers-retours en guise de gimmick, les cuivres chauffent, les chœurs éclatent, c’est carré et punchy, on en redemande ! Quelle pêche !

« Mindfileds » est une sorte de reggae qui se pare de sons électroniques et de tendances ethniques. Dit comme ça on se demande, mais si on laisse porter par l’ambiance, on se rend vite compte que c’est très solide, très mélodique et une fois de plus impeccablement interprété.

« High Price Of Hate » est un titre que j’adore ! C’est un slow blues de 10 minutes (format rare chez Toto) structuré comme un jam donné en fin de soirée dans un bar enfumé. Ca prend son temps, ça tire, ça languie, mais c’est bon ! Bobby donne tout, et prouve depuis le début du CD qu’il est toujours en grande forme et de loin le meilleur chanteur de la carrière du groupe. L’orgue de Paich s’immisce partout et la guitare grince et couine. Leurs joutes s’imposent rapidement et poussent le titre jusqu’au bout. Encore la classe !

« Selfish » à fait grincer des dents avec son clavier grinçant et beaucoup ont rejetés le titre pour cela. Moi, je l’ai trouvé de suite original et c’est pour cela que j’ai retenu le bazar ! Pour une fois que Toto sonne un peu moins net et propre ! Et c’est là ou je veux en venir depuis le début de cet album. Toto change de costume, il ose, il se fout du « qu’en dira t’on », il s’amuse ! Et l’auditeur aussi ! Le groupe fait groover « Selfish » comme personne, c’est puissant, carré et coloré, la basse ronfle, la voix et les chœurs (une des marques de fabrique de Toto) font mouche une fois de plus, la guitare, indisciplinée, se faufile partout. La rythmique, on le remarque surtout sur la fin, n’est pas évidente mais ces mecs savent jouer avec les temps et font passer ça très naturellement.

« No Love » fait partie des titres en deçà. C’est une ballade acoustique assez sympa, chantée par Luke, qui tire son épingle du jeu avec son ambiance harmonica et steel guitar.

« Caught In The Balance » est le seul titre avec « Cruel » à avoir passé l’épreuve du temps durant les shows. C’est de loin le plus « puissant » de l’album avec certains passages de « Better World ». Un classique du groupe.

« Last Love » est une autre ballade, plus lente celle-ci et très typée Toto, trop peut-être pour être vraiment mémorable, même si bien fichu. Curieusement, nombreux fans y ont trouvé leur compte, gratifiant peu d’autres titres que celui-ci. Parfois, il ne faut pas chercher à comprendre.

« Mad About You » sonne très « west coast », mais comme Toto fait ça mieux que personne, on adore ! C’est léger bien sur mais Bobby s’en sort avec les honneurs et la gratte de Luke fait merveille (soli et rythmique). Un titre rapidement mémorisable et qui ne lasse pas.

« One Road » reste dans la même veine même si elle se veut plus moderne. C’est le troisième et dernier titre que je zappe parfois lors des écoutes. Je trouve qu’il évolue peu et qui à tout dit au bout de la première minute (l’intro clavier reste sympa).

« Melanie » est une superbe ballade tout en retenue, et je ne dis pas cela pour vendre le prénom. La mélodie de guitare est très mélancolique, la rythmique électronique du plus bel effet sur les couplets (pour une fois). La voix de Steve y est très belle et file le frisson. Parfait pour emballer n’importe qui n’importe où ! LA ballade de l’album (et le prénom est tout de même super joli).
« Cruel » possède un je ne sais quoi de très 60’s, mais avec un très gros son. Piano à gogo, gros accords plaqués, guitare mordante ! Cuivres en veux-tu pourquoi pas ! Une ligne de chant entrainante ! Toto frappe fort un fin d’album ! Ca swingue ! Encore un titre qui a fait malheur en live.

« Better World » est peut être le joyau de ce disque : un triptyque prog’ de grande classe contenant dans sa partie centrale une magnifique ballade dans laquelle Steve Lukather se révèle poignant (voix et gratte sèche). J’en ai des frissons à chaque écoute. Les paroles sont également très belles. L’intro très alambiquée et un peu psyché nous file le tournis (on accueille la ballade avec soulagement) et l’envolée finale du plus bel effet.

Le titre bonus (non présent sur la première version européenne mais caché à la fin du second CD du « Livefields » sorti la même année) est le superbe « Spanish Steps Of Rome ». Il aurait merité de figurer en belle place sur l’album en lieu et place d’un titre en « Love ». On y retrouve avec délice la voix feutrée de Paich (qui définitivement se marie bien avec les nombreuses percussions), la guitare « espanisante » de Luke et de sublimes chœurs féminin éthéré. De toute beauté ! ! !

Pour conclure, « Minfdfields » est un album très chaleureux, vivant, coloré et étonnant comme sa pochette (l’artwork complet est assez bien foutu). C’est l’un de mes favoris avec le premier album, IV et Falling In Between. Toto s’y révèle définitivement un grand et puissant groupe d’AOR, le maître du genre ! Aucun titre n’est indigne du nom, quelques faiblesses sans plus.
Son point faible, pour certain, est une trop grande diversité mais ne trahissant jamais un manque d’unité ayant comme fil rouge la patte et la classe indéniable d’un grand groupe.
 
par Mélanie
21 juin 2009
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