Angra - Temple of Shadows (novembre 2004)
site officiel : www.angra.net

1- Deus le volt !
2- Spread your fire
3- Angels and demons
4- Waiting silence
5- Wishing well
6- The temple of hate
7- The shadow hunter
8- No pain for the dead
9- Winds of destination
10- Sprouts of time
11- Morning star
12- Late redemption
13- Gate XIII

 
L'album « Rebirth » aura a permis à Angra et ses trois nouveaux membres de prouver que le groupe existait toujours et qu'il était encore capable de faire mal ! Avec « Temple Of Shadows », on passe, cette fois-ci, la vitesse supérieure, et on reprend la marche en avant là où elle s'était embourbée, juste après Holy Land.

En effet, Angra fait, avec ce nouvel album, preuve d'une inventivité et d'une maîtrise très rassurants. Le groupe délaisse quelque peu les orchestrations symphoniques pour développer ses aspects métal, progressif et ethnique. La puissance du son de batterie et le rythme effrenné imprimé par la double grosse caisse sont hallucinants sur la majorité des morceaux (attention toutefois à l'overdose en concert), les parties « bourrin » sont légion, et les cavalcades de guitare vraiment jouissives !

« Temple Of Shadows » est un concept album centré sur le personnage d'un croisé, membre de l'armée du pape Urbain II (1095) ; au travers de ses doutes sur dieu et sur la guerre, un parallèle peut être effectué avec l'époque contemporaine qui connaît finalement le même genre d'excès au nom de la religion. Cette localisation médiévale laisse la porte ouverte à des ambiances riches et variées, même si la frénésie est l'attitude dominante !

L'album s'ouvre avec une intro moins grandiloquente, mais plus inquiétante que sur les autres albums du groupe (« Deus le Volt »), enchaînée à un « Spread Your Fire » où Angra se prend à ressembler à Rhapsody, avec un lead de riff de guitare épique et une rythmique insoutenable. Ce titre est enrichi par les douces vocalises de Sabine Edelsbacher (Edenbridge), puis par une chevauchée guitare + guitare + basse imparable, à l'unisson sur des gammes néoclassiques. « Angels And Demons » s'ouvre sur un riff très métal prog', qui n'est pas sans rappeler le « Akasha Cronicles » de Lemur Voice, et poursuit à fond la caisse avec des solos supersoniques et inspirés et un break à rapprocher du meilleur Megadeth !

« Waiting Silence » nous montre le nouvel Angra : il met tous les musiciens en valeur, avec une distinction nette entre une guitare lead et une guitare tenant une rythmique étonnamment grave, saccadée et moderne, et la basse très en avant de Felipe Andreoli, qui s'autorise un peu de slap et un solo éminemment technique sur un break très progressif dans l'esprit. Le cinquième morceau, « Wishing Well », marque un changement de ton avec une intro à la guitare sèche, des sonorités médiévales et un tempo modéré. Il faut attendre « The Temple Of Hate » pour entendre la première véritable partie symphonique, telles qu'elles étaient légion sur Angels Cry et Holy Land.

« The Shadow Hunter » est une des grandes réussites de ce disque : ce titre posé, démarrant par une intro hispanisante et des castagnettes, est éclairé en son centre par une intervention vocale illuminée et surprenante, digne de Yes. Les cinq morceaux suivants sont révélateurs du degré de maîtrise et de richesse atteint par Angra : « Winds Of Destination » et ses quelques notes de violoncelle en intro, tout droit inspirées d'Apocalyptica ; « Sprouts Of Time », très posé, avec pas mal de piano, de percussions et de bruitages ethniques ; ou encore « Late Redemption », et son nouvel invité, la star brésilienne Milton Nascimento, qui donne une coloration très intéressante.

L'album est conclu par une sorte d'exercice de style, « Gate XIII » qui, tel une ouverture d'opéra, reprend au format symphonique certaines des mélodies marquantes de cet album. Un mot pour finir sur le chanteur Edu Falaschi : ce dernier a repris, sans le copier, le poste vacant d'Andre Matos, avec succés, et en mettant beaucoup de variété et d'émotion dans sa voix. Notons qu'il est, ici, épaulé ponctuellement par deux invités de marque, Kai Hansen (Gamma Ray, Helloween) et Hansi Kürsch (Gamma Ray), en plus de Sabine Edelsbacher.

D'une manière générale, il est évident que cet album est l'effort d'un groupe possédant une forte cohésion : sur « Rebirth », Edu Falaschi, Felipe Andreoli et Aquiles Priester avaient rejoint Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt alors que tous les morceaux étaient déjà composés ; cette fois-ci, chacun a pu mettre beaucoup plus de soi dans chacune de ses interventions. La production claire et puissante de Dennis Ward fait d'ailleurs honneur à la richesse des compos.
 
par Mitch
novembre 2004
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