Bjork - The Music From Matthew Barney's Drawing Restraint 9 (juillet 2005)
site officiel : www.bjork.com
1- Gratitude
2- Pearl
3- Ambergris march
4- Bath
5- Hunter vessel
6- Shimenawa
7- Vessel shimenawa
8- Storm
9- Holographic entrypoint
10- Cetacea
11- Antarctic return
 
Matthew Barney, en plus d'être le compagnon de Björk, est un artiste contemporain américain aux visions pour le moins radicales et originales. « Drawing Restraint 9 » est l'une de ses dernières créations, un film (dans lequel nous retrouvons notre islandaise de choc) commandé par le Musée d'Art Contemporain de Kanazawa, au Japon.

Björk, tout logiquement, en a composé la musique, une sorte de BO décalée fort éloignée de celle conçue pour le fameux et excellent « Dancer In The Dark » du danois Lars Von Trier. En gros, le thème central est la ritualisation des rapports entre baleines avant le retour en Antarctique (oui, je sais, présenté comme cela…). Bien entendu, l'abstraction et les niveaux de lecture sont au rendez-vous.

L'univers de la petite fée clochette se prête donc merveilleusement à cet exercice, une évolution de sa carrière que l'on pouvait prévoir et attendre depuis longtemps. Les habitués des hymnes « dancefloor » peuvent donc passer leur chemin. Ici, tout n'est que délicatesse et expérimentation.
Détournement d'objets sonores et superpositions harmoniques osées pour ne pas dire dissonantes. S'éloignant très sensiblement de l'ambiance strictement vocale de son dernier-né « Medulla », Björk a tout de même invité quelques collaborateurs passés : Mark Bell (pour les programmations), Leila ou Zeena Parkins (l'excellente harpiste). Si « Bath » reprend des éléments de ses dernières productions, l'usage du « Sho » (un instrument traditionnel japonais) ou d'une section de cuivre sur « Hunter Vessel » apporte une touche de fraîcheur bienvenue. Si l'essentiel est instrumental, la voix caractéristique de l'elfe des glaces apparaît sporadiquement (le tournoyant « Storm »), tout comme celle du vénérable Will Oldham (aka Bonnie « Prince » Billy) sur un « Gratitude » cynique, présenté sous la forme d'une lettre ouverte au général MacArthur - remember la deuxième guerre mondiale…

Au final, un album nécessitant une certaine ouverture d'esprit (le tortueux « Holographic Entrypoint »), mais plein d'intérêt, évitant respectueusement toute vision caricaturale de la culture japonaise. Il ne reste plus qu'à voir le film…
 
par Christophe
juillet 2005
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