Ni slogan féministe, ni soutien officieux d'une célèbre marque de pelleteuse (!!!), Cat Power n'est autre que Chan Marshall, petit oiseau (anciennement) neurasthénique tombé du nid. Si les deux premières œuvres de la (désormais) prêtresse de l'indie-folk (ces appellations !) avaient su plomber le moral de la plus ingénue des présentatrices météo, c'était pour mieux culminer sur le prodigieux « What Would The Community Think » de 1996. Définitif.
Oui mais voilà, que faire ensuite ? Au mieux se complaire dans ce statut étriqué, sombrer dans l'oubli, la redite… franchement, nous étions nombreux à penser la retrouver suicidée pour la postérité…
Raté ! Après un « Moon Pix » de qualité mais sans grande surprise, la transformation, lente mais certaine, débute. Un album de reprises où la dame torture efficacement des titres jusqu'à les rendre parfaitement méconnaissables (à ce niveau, c'est de l'art contemporain !).
Un « You Are Free » rédempteur et… libéré (facile, je sais) ! Dave Grohl à la batterie sur quelques titres, Eddie Vedder (Pearl Jam) plus Leonard Cohen que le vrai ! Frais, parfaitement maîtrisé et bouleversant, une merveille. Encore !
Et puis, un DVD, comment dire, franchement expérimental… un plan fixe de dame Chan, en pleine nature, pendant 1h30, en train de marmonner des bouts de chansons, reprises de Dylan et d'autres. Les gazouillis prenant le pas sur le son de la guitare. Une expérience saisissante nous rassurant sur… le côté décidément toujours très dérangé de la miss ! Un régal, ne fuyez pas :o)
Et ce n'est pas fini, avant de s'attaquer à des lubies toujours plus stupéfiantes, voici l'album « Memphis », sorte de soul blanche à laquelle, c'était prévisible, la voix de la « diva » se prête à merveille. On l'aurait parié !
Rien de putassier, les musiciens (dont certains d'Al Green !) jouent pour Chan, et non le contraire. Mission accomplie. Le mélange est discret, sensible, adapté, groovy… naturel quoi !
Et déjà un nouveau standard de la chanson traditionnelle US : « The Greatest » (le titre éponyme), en ouverture, majestueux. Des cordes sensibles, retenues, une mélodie céleste… et quelle ambiance !
Ca y est, elle y est, au panthéon des grandes voix émouvantes, entre Billie Holiday et Nina Simone. Chan nous réchauffe le cœur et continuera à le faire, loin de ses réputations (instable, douce-dingue, concerts chaotiques qui peuvent même s'interrompre).
Rien que pour ça, et pour le reste, ne soyons pas chien, merci, et encore merci ! |