Que n'a-t-on entendu ces derniers temps au sujet de ce groupe ! Coheed And Cambria, la sensation américaine du moment. Le renouveau du progressif. Le nouveau Rush. Le nouveau The Mars Volta…
Pourtant, C&C n'a guère en commun avec Rush que le timbre de voix aigu de son chanteur Claudio Sanchez, de même pour The Mars Volta, sans parler de l'absence des aspects psychédéliques, bruitistes et improvisés.
Mais peut-être le public a-t-il besoin de se rattacher à un référentiel familier quand il découvre un groupe avec une telle personnalité ? Car il faut bien avouer que la musique de C&C se montre immédiatement reconnaissable, en partie grace aux mélodies vocales du frisé Sanchez, souvent doublées ou garnies de chœurs du plus bel effet. Sa voix maniérée peut agacer au fil de l'album, mais, comme son groupe, elle est assez unique !
Le paradoxe est que C&C n'invente rien de particulier, il emprunte même des éléments à de nombreux combos d'horizons divers. Un peu du « Kashmir » de Led Zeppelin sur « Welcome Home », beaucoup d'Iron Maiden sur certains riffs efficaces, du Cat Stevens sur l'acoustique « Always & Never », des sonorités hard rock - classic rock au niveau des guitares (Men At Work et les vieux Midnight Oil ne sont pas loin par moment !), une ambiance blues torride et les solos à la David Gilmour sur le « The Willing Well IV : The Final Cut », etc, etc…
Le « rattachement » progressif est assuré par l'excellent niveau technique des musiciens et par une audace et un éclectisme assumés, plus que par les clichés habituels du néo-prog ou du métal-prog. Le format concept-album doit également jouer un peu : à la manière d'un Saga avec ses « Chapters », C&C décline une histoire futuriste, dans le désordre, au fil de ses albums.
Si les quinze titres peuvent s'avérer un peu indigestes à ingurgiter d'une seule traite, on passera néanmoins d'excellents moments avec cet opus, qui justifie pleinement le « buzz » qu'il est en train de générer !
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