Je n’y croyais plus, mais pourtant il est bien là… devant moi… le nouvel album de Daran tant attendu est enfin dans les bacs…. Et ça fait du bien !

Depuis 2003, Daran n’avait donné de ses nouvelles que par artistes interposés. En effet, même si les médias tardent véritablement à reconnaître le talent de notre homme et de sa musique, certains sont heureux de lui avoir fait confiance comme Florent Pagny (son dernier album), Maurane et Michel Sardou ou encore Steeve Estatof (la nouvelle star ! - lire la chronique) sans oublier monsieur Johnny H. himself… Ce nouvel album a donc eu largement le temps de trouver sa place et de mûrir dans la tête et les guitares de Daran !

L'artiste, sans concession a toujours été difficile à suivre dans ses nombreux choix musicaux et c’est ce qui fait certainement de lui un homme à part, un être vrai et sincère.
J’avais acheté, par hasard il faut bien l’avouer, son premier album, « J’évite le soleil » en 1992, du bon rock teinté de blues avec des textes différents, déjà engagés comme « Aquarium » et surtout une voix….sa voix. J’en suis resté bouche bée et 2 ans plus tard « Huit barré » enfonçait définitivement le clou avec une de ces véritables perles du rock français (qui n’a pas déjà fredonné « Dormir dehors » !). Certainement l’album parfait, celui dont on ne doit regretter aucune note.
Un retour (trop vite ?) en 1997 avec « Déménagé » et déjà un essai, un changement d’orientation musicale mais les chaises s’en vont et l’électronique s’installe… Même si cela reste un très bon disque, il fallait suivre et beaucoup sont restés au bord du chemin, malheureusement…pour eux !
Le retour aux bases arrive en 2000 avec « Augustin & Anita », posé, muri et plus léger bien que redoutablement efficace. Même si le public ne suit toujours pas, un titre pourtant le fera (re)sortir de l’ombre : le sublime « L’eau », repris en duo avec Florent Pagny sur son album « 2 ». Il faudra attendre 2003, sans un bruit, pour que sorte « Pêcheur de pierres », beau, triste, souvent mélancolique et à se demander si un nouveau Daran reverrait le jour car la reprise de Léo Ferré « Avec le temps » me fit croire que la boucle semblait bouclée !

J’avais tort et grand bien m’en fasse car en voici la preuve avec ce nouvel opus. Certainement son disque le plus épuré, le plus abouti, le plus rock dans tout ce qu’il y a de plus sombre et de plus profond. Il nous sert tout simplement un morceau de son âme sur un plateau d’argent et on ne peut que s’incliner devant tant de beauté dévoilée au grand jour !
Résolument tournés autours de la guitare et sans concessions (la durée des morceaux dépassant pour deux d’entres eux les 9 minutes), ces 8 morceaux enchaînés forment une seule et même chanson de 50 minutes !
Tout comme un film, ils nous racontent une histoire, nous prenant aux tripes pour ne plus nous lâcher. Les ressentiments d’un homme (Daran ?) sur le monde qui l’entoure et sur sa vie personnelle. L’amour, la haine, les apparences, les souvenirs, la peur, les inégalités, les regrets... Ces même thèmes que l’on pouvait retrouver emprunts de gaité et d'ironie sur « Huit Barré » semblent être toujours présents sur ce disque mais traités de façon plus personnelle, plus impliquée, on sent que le temps est passé et que le ton est plus direct, plus insistant...

Enorme point fort de cet album, la musique. Toutes les influences de Daran paraissent remonter à la surface pour nous donner un mélange très 70’s et très « Pink Floydien » dans une approche tout en douceur avec de longs passages instrumentaux. Le son des guitares est gras, lourd et pesant, très torturé mais si beau, si varié et travaillé à l’aide de nombreux effets qu’on ne s’en lasse jamais. Un pur régal pour les oreilles avec une alternance judicieuse entre morceaux lents et plus rapides qui nous emporte donc plus facilement au cœur du concept musical souhaité par Daran… Bref, que du bonheur.

Même si le succès commercial passe encore à côté de ce chef d’œuvre (ce ne serait pas la première fois !), Ce disque respire la transparence, la volonté d'un Daran qui se fait plaisir et ne s'impose aucune barrière. Il faudra effectivement plusieurs écoutes attentives afin de pouvoir se régaler un peu plus d’avantage de tous les petits détails qui parsèment ce disque. L’album d’un grand monsieur et d’un grand musicien dans ce que la France a de meilleur à proposer musicalement. Chapeau bas pour cette belle prise de risque qui au final nous donnera certainement un des albums incontournables de l’année 2007.