Emilie Simon - Végétal (mai 2006)
site officiel : www.emiliesimon.com
1- Alicia
2- Fleur De Saison
3- Le Vieil Amant
4- Sweet Blossom
5- Opium
6- Dame De Lotus
7- Swimming
8- In The Lake
9- Rose Hybride De Thé
10- Never Fall In Love
11- Annie
12- My Old Friend
13- En Cendres
 
Quand Emilie compose… Le monde est suspendu ! A ses lèvres et pour cause…

Le monde de la demoiselle aux coccinelles est ainsi fait : féerique et fabuleux. Et celui qui ose franchir cet extraordinaire univers risque fort de ne plus avoir à se réveiller. Encore faut il le comprendre pour pénétrer pleinement dans les songes d’Emilie. L’exercice n’est pas aisé, on aimera ou on détestera, mais il serait vraiment dommage de ne pas tenter l’aventure. Vous êtes prêts ? 1-2-3… Des les premières lueurs, ô je sombre !

Lentement, la banquise s’évapore et les Pingouins s’évanouissent de nos mémoires… Au blanc de l’Antarctique se fond le vert. Tantôt foncé ou pâle, du lierre au roseau, tantôt se fondant dans d’autres couleurs, de la rose au jasmin en passant par la violette ou le muguet, ce troisième opus exploite ainsi les différentes couleurs du monde végétal. Et l’artiste de son pinceau fait de notes et de mots va alors nous offrir un tableau des plus surprenants… On pourrait se promener dans un jardin le plus sombre, se tourner et se détourner en observant telle ou telle plante figée dans la toile. Mais le monde d’Emilie est bien plus complexe qu’une simple peinture accrochée au mur. L’exploration va au-delà d’une simple contemplation et comme dans un film de Tim Burton, la féerie s’empare alors de toutes les formes et même de celles dont on ne soupçonnerait le moindre éclat de vie.

Emilie aux mains d’argent donne expression aux végétaux et de ses doigts de fée leur confère une identité humaine. C’est ainsi que l’album s’ouvre sur Alicia, la fille végétale aux longs bras de lierre qui vous emprisonne et vous condamne à jamais au sommeil. On croisera plus tard Annie, la fille feuille, au destin tragique et dont la tombe est bien rangée près des pissenlits… Ou bien avant, la morte vivante, cette Dame de Lotus enterrée vivante aux dessus des eaux stagnantes. Des roseaux aussi se balançant pour mieux se rapprocher et s’aimer tandis que la rose aux épines blessantes sera interdite de tous sentiments affectifs. Des traits de psyché propres à l’homme : de l’amour à la mort au rythme des différentes saisons. La maladie et la vieillesse aussi avec l’arbre perdant ses bourgeons au printemps ! Ceci en mots et notes de musiques…

Que ce soit en français ou en anglais, les textes d’Emilie se veulent empreints de poésie. Parfois naïvement, le charme agit aussi. Les rimes fusent, le lexique métaphorique est bien évidemment emprunté à celui du monde de la nature… Des histoires singulières comme on en trouverait dans un recueil de contes fantastiques. L’écriture va ainsi et c’est dans Rose Hybride de Thé qu’elle se fait peut être la plus déconcertante : des mots parlés et non chantés un peu à la manière mortifère d’un texte de Gainsbourg… Des surprises, il y en a bien d’autres dans ce Végétal très dense !

Fleur de saison, le premier single, surprend ainsi. Un son pop rock qui donne une autre dimension à la musique électro d’Emilie. Une énergie retrouvée que nous avions un peu perdu avec La Marche de L’Empereur. La guitare électrique jaillit, des frappes sur plaque de cuivre plaquée sur torse humain, une voix toujours douce et rêveuse mais qui cherche parfois à s’envoler. En légèreté. On retrouvera cette dynamique dans d’autres titres comme le très dansant et technoïde Dame de Lotus si proche de l’univers musical de Bjork ou dans le fameux Never fall in Love qui joue avec des ambiances disco des plus charmantes.

A ces titres se mêlent d’autres beaucoup plus flegmatiques. Un piano et des violoncelles prennent part à de douces comptines Le Vieil Amant ou My Old Friend. L’utilisation de la Human beat vox ne se fera qu’intelligemment et sans abus et ce pour donner une sonorité fantasmagorique comme dans Opium. Des effets de voix sirène aussi dans l’aquatique In the Lake. Mais c’est en jouant avec les sons organiques que la compositrice excelle et on retrouve à nouveau, comme dans le précédent disque de l’artiste, des teintes musicales et poétiques : des feuilles qui craquent, l’eau qui clapote, le vent sifflant… Un feu qui crépite, En Cendres, et les flammes de concerto avec les chœurs et voix d’Emilie assurent alors un final d’une beauté à la fois plaintive et lyrique.

Ouvrir les yeux à nouveau ? 1-2-3… Pour pouvoir mieux les refermer ensuite. Ce sera au mois de mai et sur scène que la demoiselle et ses musiciens nous entraîneront dans un nouveau rêve. Il convient d’y prendre rendez vous et de profiter du bel instant car dans les bras d’Emilie… on ne s’y réveille pas !
 
par Stéphane
le 14 avril 2006
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