A la fin des années 80, Helloween est au bord de la consécration.
Les deux premiers « Keeper Of The Seven Keys » (1987 & 1988) y ont largement contribué, sortant le quintette allemand du strict cadre « speed-metal germanique » (comprendre « refrains pour tavernes ») dans lequel « Walls Of Jericho » les avait installés avec brio.
Un style un peu plus diversifié et surtout un fabuleux nouveau chanteur :
Mickael Kiske ! - lire la chronique de son dernier projet "Place Vendome"
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Gamma Ray, coupant ainsi grandement l'élan du groupe qui, pour ne rien arranger, devra bientôt composer avec de gros soucis de maison de disques, de line-up et… le caractère à la fois trempé et débonnaire de ce cher Michael Weikath.
Finalement, Helloween n'a jamais vraiment déçu. Chacun de ses albums proposant son lot d'expérimentations (parfois hasardeuses il est vrai) et de titres réussis.
Alors forcément, un Keeper sans Kiske peut, de prime abord, déstabiliser. Malgré l'immense talent d'Andi Deris (qui, rapellons-le, est tout de même dans le groupe depuis 1994), la « couleur » d'un groupe est parfois intimement liée à sa voix. De la même manière, chacun pourra s'interroger sur la nécessité d'une « Part III »… mais ne doutons pas de la sincérité du groupe.
Si le style reste fidèle à la « tradition », la structure est sensiblement différente. Là où les deux premiers « Keeper » proposaient des ouvertures très metal avant une jolie balade et un « gros single » avant de finir par un long titre épique, ce « Legacy » est double. D'ailleurs, cela ne semblait pas nécessairement indispensable, « Get It Up » ou « Silent Rain » n'apportant rien de très intéressant et faisant même perdre un brin d'efficacité. Le passionnant « The King For A 1000 Years » et ses 14 minutes se trouve, quant à lui, en ouverture de la rondelle ! Une bien belle initiative qui met d'ailleurs l'accent, d'entrée, sur une des nouveautés du Helloween 2005 : l'utilisation de chœurs, féminins et limite grégoriens !
En revanche, l'inévitable titre accrocheur est bien présent, « Mrs God » se trouvant être le digne héritier du « Dr Stein » de 1988, tout comme la magnifique balade « Light The Universe » (avec Candice Night, la voix du « Blackmore's Night » de Mr Blackmore), très émouvante.
Le reste nous plonge avec bonheur dans le style caractéristique du combo : « The Invisible Man », « Born On Judgement Day » et « Pleasure Drone », diablement efficaces et finement arrangés, « Occasion Avenue » et sa structure alambiquée, surprenant et particulièrement réussi. Sans oublier le plus novateur mais néanmoins très accrocheur « Come Alive ».
Ce « testament », s'il ne s'avérait peut-être pas indispensable sous cette forme, nous permet tout de même de retrouver le groupe à son meilleur niveau, rappelant qu'il n'est pas là par hasard et que de nombreux groupes se revendiquant d'un héritage plus ou moins « old -school » leur doivent beaucoup. Respect !