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Dossier spécial - Klaus Schulze et la face planante du progressif (1972/2005) |
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Plus de 30 ans après ses débuts, l'un des fondateurs du rock planant réédite aujourd'hui ses explorations synthétiques hallucinées sur le label Inside Out/SPV. Une plongée dans le passé en forme d'inventaire avec, au passage, de précieux inédits et, cerise sur la gâteau, un DVD live qui fait figure de pièce de musée. Unique.
S'il fallait trouver un artiste controversé dans l'épopée du rock atmosphérique, Klaus Schulze figurerait à coup sûr dans le peloton de tête des créateurs inclassables, autant éreinté par la critique qu'il a été encensé par ses fans. Petite séance de débroussaillage, peut-être, pour ceux qui n'auraient jamais entendu parler du personnage. Fondateur des énigmatiques Ash Ra Temple, membre du groupe phare Tangerine Dream sur son premier opus - Electronic Meditation (1970), Klaus Schulze est, à l'instar d' Edgar Froese, l'un des très grands « papes » du rock planant. |
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De ses débuts en 1967 jusqu'à la fin des années 90, il a développé une écriture d'une audace assez unique.
Entre explorations rythmiques déstructurées et longues plages méditatives pour orgues et synthétiseurs lardées de Moog surpuissants, il a littéralement fait exploser les canons du rock en édifiant un univers en marge, quelque part entre classique, progressif et musique contemporaine. Au passage, il a fait des synthétiseurs, ces drôles de machines serties à l'époque d'innombrables câbles, des instruments à part entière. C'est probablement cette originalité qui a déboussolé les auditeurs de son galop d'essai discographique, Irrlicht (1972) : ceux-ci ont eu bien du mal à saisir la portée de ces pièces de plus de 30 minutes, où la mélodie s'efface au profit d'un jeu de construction sonore patient, inventif… et totalement déstabilisant à la première écoute.
Il en est de même, dans des styles cependant différents, des pépites Picture Music (1973-75), Timewind (1975), composé en hommage à Wagner, de l'hypnotique et glacial Mirage (1977) ou du grandiose Dune (1979), aux soli de violoncelle plaintifs et désespérés. Des albums qui feront de Schulze une véritable star, notamment en France où, en 1977, il enflamme l'hippodrome de Pantin. |
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Le changement de cap se fait sentir dès En=Trance (1988) où le format se raccourcit au profit de titres moins organiques. Le grand virage rythmique arrive enfin avec Miditerranean Pads (1989), qui signe la fin de la « grande époque » du maître. Depuis cette date, les œuvres enfantées régulièrement par le père Klaus n'ont guère renouvelé le genre ni suscité de réel enthousiasme. Force est de reconnaître que la source de l'esprit Schulze, qui repose davantage sur une veine émotive que sur un réel génie mélodique, s'est bel et bien tarie.
Restent une discographie solo foisonnante - une quarantaine d'albums !, un travail parallèle énorme (la série de 10 CDs baptisée The Dark Side Of The Moog) et un side-project tout aussi surprenant (le concept au long cours Wahnfried dont Time Actor marque la genèse en 1979). Des œuvres rares, donc, et rééditées en partie, ces derniers mois, par Inside Out/SPV dans de luxueuses présentations (photos inédites, morceaux bonus, etc..). L'écurie allemande a ainsi proposé, en janvier dernier, de revisiter le magnifique Mirage et l'épique et symphonique X. On passera, en revanche, sur le fade et assommant Le Moulin De Daudet afin de vanter plutôt les mérites de la version ‘reliftée' de Dig It , assortie d'un DVD live aux climats industriels absolument fascinants. D'autres rééditions devraient d'ailleurs faire leur apparition dans les bacs cet automne : Body Love - surréaliste B.O. d'un film érotique passablement daté -, l'indispensable Dune ainsi qu' Audentity et Miditerranean Pads. |
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Autant d'ovnis inclassables qui placent Klaus Schulze dans le « hall of fame » des musiciens ayant profondément changé la face du rock. Un artiste à part, sans doute, de nos jours encore largement sous-estimé.
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par Olivier Roux et Bertrand Pourcheron
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