Vous rêvez de pays nordiques ? De vous poser quelque part entre la Finlande et la Norvège, voire même en Islande... Emmailloté dans une écharpe, blouson de mise, le regard posé de blanc avec pour seul confident une boite à musique organique distillant du Bjork ou du Massive Attack... Vos capteurs branchés, tendez vos oreilles et laisser votre esprit vagabonder... Nous ne sommes pas en Finlande, ni en Norvège et encore moins en Islande... Pour cette fois, c'est Angers qui nous fera fantasmer... Point de Post ou de Mezzanine mais une petite boite à musique toute aussi captivante, la nommée Sibylline.

C'est beau et gracieux... C'est froid et bouillant en même temps... Des gouttes de sang chaud dans un verre à glace pilée, tantôt. Du givre au sein d'une pierre volcanique, bientôt. Un univers qui interpelle tous les sens. Hypnotique et onirique. A la fois angoissant et captivant. Fermez vos yeux et prenez votre ticket, ils seront quatre à vous emporter.

Arno, Fred, Charles et Virginie... Une batterie, des guitares, une basse et une voix. Et le tout de former Misstrip. Des machines électroniques, un piano électrifié, des cordes de violon à violoncelle en passant par l'alto pour donner encore plus de richesse et de puissance à leur musique, le groupe nous emmène alors dans un monde musical électro rock à la mécanique emprise de trip hop. Et ce pour un voyage hors norme... En douze étapes et en moins d'une heure...

Un début des plus lancinants, le temps de l'envoûtement. Les premières mesures vaporeuses de A ticket to death pour basculer ensuite et ce progressivement dans une rage contrôlée par des guitares tendues. Une voix à la fois mélodieuse et puissante. En toute retenue, sans jamais ne sombrer dans le superflu. Le clip en bonus vidéo nous laisse deviner le beau potentiel scénique du groupe. Efficace et entêtant, un titre qu'on ne peut oublier une fois entendu. S'ensuivent aussitôt les deux et non moins obsédant Marvellous Pills et Mothers Of Pearl. La nervosité est de mise tout comme dans Brainwashing et Unemotional ou Insanity qui conclue l'album. Des titres électro rock, un brin gothique parfois... Des musiques qui ne laissent aucun répit à vos oreilles, le corps de s'emparer de spasmes plus ou moins prononcés par une guitare rageuse et une basse martelante. Et pour les calmer, quelques moments de plénitude.

Lilly white, le quatrième morceau, fait l'effet d'une boule de neige lancée au fond d'un brasier. La voix tendant vers les aigus se fait alors plus posée et maîtrisée et nous confine dans un ensemble intimiste et introspectif. Acalmy, plus expérimental, confirme les différentes facettes musicales du groupe et se rapproche alors de l'univers atmosphérique de The Gathering , planant aux envolées lyriques, sublimé par les notes mélancoliques du piano et des cris plaintifs des guitares électriques.

Ces transitions des plus réussies évitent ainsi de faire sombrer l'album dans une collection de titres énergiques mais qui pourraient à la longue s'avérer un peu trop répétitifs. Et c'est avec Sibylline que l'album atteint sa grâce en flirtant avec les sonorités new age. On pourrait dès lors évoquer les froides sonorités du groupe Lycia et de l'album Cold. Violon et violoncelle de sortie pour quelques minutes de méditation, la voix de Virginie telle une Sybille céleste. Echoes nous offrira également de beaux instants de songe avant de conclure et nous faire replonger dans le sombre et rageur Insanity. Lumière ou obscurité, froid ou chaleur: ce sera à l'auditeur de choisir...

En élargissant son univers à l'électro rock, l'excellente maison de disques indépendante, Prikosnovénie (Orange Blossom, Jack or Jive, Collection d'Arnell Andrea ...) n'a pas fini d'effleurer une fois de plus nos sens et émotions. Et quand bien même le paysage musical français serait dominé par une variété bien mercantile, les Angevins de Misstrip nous prouvent qu'il existe bel et bien d'excellents artistes en France. Cachés dans l'ombre, le plus souvent et bien malheureusement... Merci à Poupoune pour cette découverte...