Encore l’exemple typique du groupe pour lequel la réaction médiatique globale me fait bien marrer. Dès le pourtant sublime première album (avec, au hasard, le merveilleux et puissant « Showbiz » - à peine gâché par une pochette très vilaine, si, si !), la fronde débuta. De propos fallacieux en stupidité éhontée, un bel éventail d’incompétence et de mauvaise foi journalistiques…
Oublions. Car désormais, tout le monde a toujours adoré Muse. Ou presque. Dans le milieu « prog » ou plus généralement « metal », depuis l’adoubement Dream Theaterien, plus aucun complexe. On peut aimer sans honte. Pas à rougir. Tant mieux, il serait bien regrettable de bouder son plaisir, même si quelques irréductibles seront toujours froissés par de pourtant jouissives propensions grandiloquentes.Il faut dire que ce finalement bien monstrueux trio touche sacrément sa bille et a inventé un style à lui tout seul. Clairement identifié et identifiable mais qui n’en finit pas de s’enrichir. En témoigne à nouveau ce vertigineux quatrième opus studio ! Saisissant de variété ! Oui, il est possible de toujours se réinventer dans la qualité la plus extrême !
Du « classique » riff synthétique arpégé (une signature ?) introductif (« Take A Bow ») à « City Of Delusion » (qui serait trivial chez n’importe quel autre groupe - et ces touches orientales et latines !) en passant par l’incontournable « Starlight » (digne de « Bliss » en plus « popy » - avec un refrain indispensable !!!), le martial « Supermassive Black Hole » et sa voix de tête ultra funkisante, l’irrésistible groove moderne de « Map Of The Problematique », nous n’en finissons pas d’être surpris, surtout après un « Absolution » qui marquait un poil le pas en terme d’évolution (pas sur le plan du succès en revanche). Du piano... il ne reste plus guère que ce
« Hoodoo » presque queenien, une fois passée sa délicate introduction.
La guitare acoustique de l’intermède « Soldier’s Poem » ne semble même pas saugrenue. Les soli furieux blindés d’effets (« Invincible ») pas plus. Les finalement très téléphonés titres classiquement rocks (with the Muse touch, il est vrai, remember « Plug In Baby » ou « Time Is Running Out ») disparaissent carrément pour laisser place à de vraies trouvailles, jamais entendues avant et ailleurs (« Assassin »). « Knights Of Cedonia » durant laquelle on visualise presque des chevaliers des temps modernes, réinventant la musique d’un nouveau millénaire. Chœurs transgéniques à l’appui. Riff Thin Lizzyiesque, chaînon manquant de l’évolution. Maillon reliant racines et bourgeons ! Et toujours ce je n’sais quoi d’original et imparable ! Muse restera, c’est certain. Muse a apporté quelque chose. Et un quelque chose de grand et saisissant. Le nier devient ridicule. L’évidence est palpable. Muse inspirera. Muse inspire déjà…
Les idées, le risque, un son, des sons, les chansons, les arrangements et la diversité. L’ensemble sertit d’un style ultra personnel, chapeauté par une voix servant de fil rouge, régulièrement subtilement saturée. Mega cohérent. Une œuvre majeure d’un groupe influent. Le « pire », c’est qu’il y en aura sûrement d’autres (d’œuvres majeures). Alors que l’on pensait en avoir tout vu, tout entendu, dans la qualité, Muse propose carrément un des albums de l’année. Gonflés les mecs !
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