A la sortie du magnifique « Without You I'm Nothing » en 1998, deuxième album du combo mené par le troublant Brian Molko, Placebo semblait destiné à suivre la trace d'une de leurs références, le caméléon David Bowie, d'ailleurs présent sur le bouleversant morceau-titre. Les deux albums suivants montreront que telle n'était pas la volonté du groupe et que les expérimentations et changements de style se feraient sûrement mais avec parcimonie.
« Meds » ne déroge donc pas à la règle. Pas si éloigné que ça du foisonnant « Sleeping With Ghosts », mélange usuel de rock-pop-indie-goth-new-wa ve, l'élan rock prévu fut certainement plus présent au niveau de la composition et donc des structures que dans des versions finales tout de même sacrément ornementées. Pour le meilleur, soyons honnête !
Les loops discrets mais efficaces et les arpèges électroniques, visiteurs réguliers, sont forcément de la partie, en témoigne ces « One Of A Kind » et « Song To Say Goodbye », aux gimmicks diablement efficaces. De la même manière, les titres « post-dépressifs » hantent la bâtisse. Pour le meilleur : « Blind » et ses splendides cordes (LE titre de l'album ?), pour le… « moins bon » : « In The Cold Light Of The Morning », attendu… même si d'autres mélopées souffreteuses (« Follow The Cops Back Home », « Pierrot The Clown ») sont tout autant « habituelles ».
Toute la difficulté de chroniquer cet album est donc là. Des pièces à la fois splendides et pleines de recherches, un son puissant et précis mais des ambiances globalement très typiques pour un grand disque de Placebo !
« Meds », le morceau, en est un excellent exemple. Riff Molkiesque en puissance, chant comme on l'imagine mais au final un splendide morceau et une chouette surprise : la présence de VV de « The Kills » au chant ! Représentatif :o) Une autre sacrée surprise nous attend d'ailleurs quelques plages plus loin : le géant Michael Stipe de REM vient nous essorer les neurones avec le crucial « Broken Promise » !
Le quatuor d'entrée est d'ailleurs un feu d'artifice à lui tout seul. Avec le « Meds » sus-nommé, « Infra-Red », « Drag » et « Space Monkey » sont autant d'appels à rameuter la cavalerie !
La seule lacune du disque ? Un vrai grand « tube » fédérateur, à la « The Bitter End », « Every You Every Me » ou « Special K »…
Pas encore l'album ultime, majeur, dont l'on pense Placebo capable un jour mais une excellente rondelle, comme toujours, avec de vrais grands « highlights » d'un groupe qui, dans sa catégorie, nage bien au-dessus de tous les autres ! |