J'avoue qu'il m'est difficile d'écouter un nouveau disque des Nordistes de SUP (ex Supuration), sans le comparer à leur "mètre-étalon", l'album "The Cube", sorti en 1993 !
Ce dernier représente un des concept-albums les plus passionnants et les plus méconnus de la courte histoire du métal, avec, déjà à l'époque, un death progressif glacial et mélodique, mêlant voix death et voix claires, en arrière plan du dernier cheminement spirituel d'un accidenté de la route.
Depuis, SUP a volontiers incarné un défenseur novateur, sans concession, presque "intellectuallisant", du death à la française, au travers d'albums tels que le très bon "Chronophobia" (1999).
Et, treize ans après, c'est dans un registre assez surprenant que nous retrouvons nos amis.
S'ils ont conservé à l'identique leur son de guitare extrêmement froid, saturé et déshumanisé, ils l'allient maintenant à des morceaux beaucoup plus typés rock et cold wave que réellement métal. Sur des titres tels que "Desolation" ou "The Deformed Army", on pourra même aller jusqu'à penser au récent Paradise Lost, qui a finalement suivi le même genre d'évolution.
Les nappages de claviers sont relativement présents, le jeu de guitare beaucoup plus rock que par le passé, et les voix s'éloignent la plupart du temps des contrées death. Par contre, n'est pas Mikael Akerfeldt (Opeth) qui veut, et la voix claire de Mister Loez manque cruellement de profondeur, de caractère et de mélodie, pour supporter la majorité du disque sur ses frêles épaules !
Les interventions grognantes accentuent le caractère inquiétant des guitares, mais les nombreux passages mélodiques, même doublés au mix et soutenus par des effets, s'avèrent tout de même un peu plats pour espérer relever des morceaux déjà tièdes par ailleurs...
Je le regrette, mais je crains que la force épique, l'intensité, l'urgence et l'inspiration du vieux Sup(uration) ne se soient dilluées dans cette louable volonté de diversification et d'évolution. Les morceaux de cet "Imago" traînent volontiers en longueur, et manquent cruellement de moments forts et d'efficacité pour concurrencer leurs illustres prédécesseurs.
Alors, Sup / Paradise Lost, même combat ? Plus assez intenses pour séduire les fans de métal, pas assez performants dans la mélodie pour élargir en masse leur public, en d'autres termes, le cul entre deux chaises ? |