Après la pluie de louanges et de commentaires dithyrambiques récoltés par ce nouvel album de System Of A Down, allons-nous nous singulariser en le "descendant" sévèrement ?
Eh bien, non, pas cette fois, nous demeurerons consensuels, avec grand plaisir...
Pourtant, nous nous montrons toujours méfiants devant les gros succès commerciaux, rares dans le métal, tant les média ont de facilité à "faire une carrière" à coup de passages radio et télé (Evanescence), mais là, il faut bien avouer que la qualité est au rendez-vous ! Originalité, personnalité, versatilité, puissance, lyrisme, tels sont les maîtres mots de ce "Mesmerize", qui sera suivi en fin d'année par son pendant, "Hypnotize".
Là où un groupe de prog' aurait sorti un seul album de 75 minutes, SOAD préfère deux petits disques de 35 minutes, histoire de ne pas saturer l'auditeur et de miser sur l'efficacité. Après un "System Of A Down" varié et volontiers loufoque, un "Toxicity" implacable, malgré des moments de profonde mélodie, un "Steal This Album" hors normes, car composé de chutes de studio de "Toxicity", le groupe américano-arménien à la conscience politico-sociale très affirmée réussit le pari de mixer les qualités de ses trois premiers opus, sans forcément se répéter.
Le chant demeure, une fois de plus, prépondérant sur cette production : celui de Serj Tankian, "titulaire" du poste, tout d'abord, qui alterne un débit impressionnant de rapidité avec des envolées presque lyriques, de sa voix au timbre si particulier ; celle du guitariste Daron Malakian, ensuite, qui participe comme jamais en secondant son complice en de nombreuses occasions, soit en harmonie, soit dans des délires plutôt déjantés.
L'autre grande force de SOAD consiste à savoir enchaîner les parties de grande brutalité avec des moments mélodiques à tomber par terre. Après nous avoir régalé des "Spiders", "Chop Suey", "Atwa", "Toxicity" et autre "Aerials" dans ce registre, nos quatre amis persistent ici en alliant le riff bourrin et le refrain qui tue ("Question", "Revenga"...).
De plus, ils parviennent à insérer avec une grande pertinence du ska-folk ('Radio / Video"), du presque disco ("Violent Pornography"), ou encore des mélodies très pop ("B.Y.O.B") à ce que certains se sont risqués à appeler du néo-métal progressif !
Leur faculté à enchaîner, au sein d'un même morceau, des influences aussi diverses, à sortir au moment où l'on s'y attend le moins un riff ou une mélodie entêtants, sont certainement pour beaucoup dans l'explication d'un succès commercial surprenant pour un groupe aussi violent et aussi "difficile". Demeurent néanmoins quelques instants de pur dégobillage de violence, qui pourront rebuter les plus chastes oreilles ("Cigaro"), ainsi qu'un son de guitare très rêche, voulu ainsi par les gourous du gros son, Rick Rubin (production, assisté du guitariste Daron Malakian) et Andy Wallace (mixage).
Vous l'aurez compris, nous nous rallierons bien volontiers à l'opinion publique devant une telle leçon d'originalité et d'efficacité. Nous nous permettrons juste de soulever une question à laquelle seul le temps pourra apporter une réponse : de quelle façon un album si direct et immédiatement accrocheur survivra-t-il à des écoutes répétées et au passage des années ? |