Tool - 10.000 Days (mai 2006)
site officiel : www.toolband.com
1- Vicarious
2- Jambi
3- Wings For Marie (PT I)
4- 10.000 Days (PT II)
5- The Pot
6- Lipan Conjuring
7- Lost Keys (Blame Hoffman)
8- Rosetta Stoned
9- Intension
10- Right In Two
11- Viginti Tres
 
Le ciel était pourtant bleu… Un bruit craquant d’orages et de pluie torrentielle, je lève les yeux croyant voir tomber la pluie… Les gouttes d’eau ne se feront qu’à l’intérieur de mon esprit…
La musique de Tool est ainsi… Fascinante et enivrante, elle s’apprivoise de votre âme et s’accapare de tous sens. 10.000 Days où le long parcours de souffrance menant au final d’une mort lente et annoncée, celui d’une mère paralysée. 75 minutes pour en retranscrire tous les tourments…

Près de 5 ans d’attente voilée d’une nouvelle expérience au sein d’un nouveau groupe, A Perfect Circle, nous retrouvons Maynard James Keenan et ses acolytes avec toute cette hargne que nous leur avions connu lors du dernier Lareralus. Si chaque album du quatuor offrait un visage nouveau, 10.000 Days exploite celui du précédent et débute sur un morceau rondement mené par la guitare d’Adam Jones, la basse de Justin Chancelor et la batterie de Danny Carey : Vicarious où les images de drames rapportés par la télévision à des spectateurs junkies se nourrissant de morts et de tragédies pour affirmer leur vie et ainsi survivre. Le ton de la rage est donné… Efficace, Jambi explose alors de par la voix venimeuse de la guitare qui de riff en riff vient se fusionner à celle du chanteur pour se substituer directement à elle lors d’un final apocalyptique. Effet de talk box. De saccades en saccades, Maynard reprend vite souffle pour mieux déverser sa fureur. Breathe in Union. Pas de temps mort, nous vivons !

Nous vivons et Maynard nous entraîne alors dans un voyage mystique et spirituel d’une quinzaine de minutes au rythme d’une harmonie voix/instrument trippante et poignante. Invoquant les divinités, priant pour sa mère de partir tel un ange. Wings for Marie et 10.000 Days s’inscrivant dans cette continuité parfaite de double titre ne faisant qu’un. L’orage a fini de gronder, le calvaire est presque terminé. « It’s time now ! My time now ! Give me my own Wings ! » : de deux voix en sublime envolée et les guitares bientôt de conclure cet état de souffrance.

Si chaque musicien a parfaite maîtrise de son instrument, la voix de Maynard excelle une fois de plus et c’est dans le titre The Pot qu’elle prend toute son ampleur. Une intro a cappella subliment dessinée dans un registre et ton adouci qu’on ne lui connaissait pas si ce n’est peut être dans quelques titres d’A Perfect Circle. Passé cette intro, le titre balance dans un rock métal efficace au niveau montée des guitare, basse et batterie et fait de The Pot un des titres les plus accessibles de l’album.

Lipan Conjurin et la voix d’un chamane .Une incantation suivie d’une discussion entre médecin et infirmière, des bruits de pas dans un couloir, des halètements. Lost Keys, de calmants en calmants, un état semi comateux bercé par une guitare placide. Rosetta Stoned, le délire hallucinatoire s’en suit dans un fracas de voix multiple et précipité à tout va au rythme d’une guitare beaucoup plus énergique. Il est temps d’ouvrir le livret cd et de porter ces fameuses lunettes convexes afin de nous plonger également dans quelques divagations psychédéliques. Une expérience musicale tout en image. Un trip de plus de dix minutes pris dans une tempête délirante avant que ne ressurgisse l’accalmie provisoire.

D’un état à l’autre, Tool sait comment prolonger ces passages hypnotiques en jouant sur les atmosphères. Brutales et servies par un son exhibant toute fureur, apaisées ensuite par un ton sombrant dans une noire mélancolie. Les musiciens font de paire, rien n’est laissé au hasard. Tout est parfaitement bien construit autour de la voix de Maynard véritable organe de ce squelette ambulant. Basse, guitare et batterie en alchimie totale pour des compositions organiques et maîtrisées avec perfection. Captant toute attention. Un déluge de notes qui a vite fait de couler en vos veines. Une emprise méditative qu’on ne peut gérer et qu’on ne peut laisser que progresser. La fin du disque est toutefois proche…

Intension et le retour à cet état de froideur. Des voix en arrière fond qu’on imagine au sein d’un chevet. Une veillée funéraire. “Pure as we begin, Move by will alone…” Epurée et contemplative au sein d’un titre expérimental. La pudeur est de mise… Tout comme le diptyque Wings for Marie / 10.000 days, Right in Two vient se fondre au morceau précédent. Une longue plage divisée en deux fragments où la plenitude de la première partie s’échappe progressivement par un subtil travail de batterie amenant au retour des guitares ravageuses. Et le titre de se terminer comme il a débuté…

Viginti Tres et l’interprétation que s’en fera son auditeur… Mort clinique ? Période de deuil ? L’absence ? Une pièce froide et monolithique... La présence de ce morceau n’est pas si anecdotique que cela et, faute de savoir à qui appartient vraiment cette brillante découverte, remercions un des acteurs du forum du site Progressia, Nightwalker, de nous avoir mis sur la voie: "Prenez d'un côté "Viginti Tres" suivi de "Wings for Marie", et de l'autre côté "10'000 days". Jouez les simultanément : la synchro est quasi-parfaite, les 2 morceaux se rejoignant même sur un final quasi-identique sur les deux dernières minutes ! Voici donc la raison de la présence de la piste d'ambiance "Viginti Tres", qui semble inutile de prime abord... A noter : "viginti tres" signifie "23" en latin, et pour les spécialistes d'occultisme ce nombre est relié à la notion de synchronicité..."
Et si 10.000 days ne nous avait pas encore livré tous ses secrets?...

Il en aura fallu plus d’une écoute pour parvenir à écrire quelques mots sur cet album qui une fois de plus ne peut laisser indifférent. Œuvre magistrale, œuvre d’une souffrance où chaque note semble aussi vouloir expier cette impuissance à soulager l’être condamné. Le regarder s’en aller et accepter l’inévitable. Une délivrance… Mise en musique, l’âme de Marie s’est envolée mais restera à jamais gravée dans ce témoignage émouvant :
« 10000 days in the fire is long enough You're going home... »

Pour lire toutes les paroles (non disponibles dans le livret) : Cliquez ici
 
par Stéphane
le 19 mai 2006
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