Tori Amos - American Doll Posse (mai 2007)
site officiel : www.toriamos.com
1- Yo George
2- Big Wheel
3- Bouncing Off Clouds
4- Teenage Hustling
5- Digital Ghost
6- You Can Bring Your Dog
7- Mr. Bad Man
8- Fat Slut
9- Girl Disappearing
10- Secret Spell
11- Devils and Gods
12- Body and Soul
13- Father's Son
14- Programmable Soda
15- Code Red
16- Roosterspur Bridge
17- Beauty of Speed
18- Almost Rosey
19- Velvet Revolution
20- Dark Side of the Sun
21- Posse Bonus
22- Smokey Joe
23- Dragon
 
Il n'est jamais facile d'appréhender un nouvel album de Tori Amos. Surtout en peu de temps, au moment de la sortie, pour en écrire une chronique se prétendant juste et visionnaire ;o) La grande dame est une habituée des albums-fleuves. A l'aide de ce procédé inauguré avec "Boys For Pelé", les multiples strates et facettes présentées brouillent allègrement les pistes et révèlent de nombreuses nuances. Si l'exceptionnel "Scarlet's Walk" dévoilait instantanément ses pièces les plus délicates telles "Carbon", "Strange" ou "A Sorta Fairytale", "The Beekeeper" (la précédente rondelle) était plus complexe à appréhender et se révéla avec le temps. Le classique disque "long en bouche"...

Digne successeur de ces deux dernières productions, "American Doll Posse" est lui-aussi conçu comme une fresque alambiquée voire "sectorisée", à la manière des jardins et alvéoles du sus-nommé "The Beekeeper". En effet, un des visuels de l'album nous présente la belle Tori, une bible dans la main, associée au mot "honte", du sang coulant de sous sa jupe. Le ton est donné. Sujet sensible de tous temps pour cette fille de pasteur à nouveau très schizo. En témoigne là aussi ses multiples incarnations visuelles, procédé renvoyant aux différentes pochettes de son album de reprise "Strange Little Girls". "Posse" signifiant "la bande".

Rien de mieux, pour comprendre un peu mieux le "concept" de la "chose", qu'un bon copier/coller de la présentation de l'album:
"Un documentaire sur la vie de 5 femmes au travers de leurs chansons respectives, une occasion pour les femmes de s'exprimer sur les clichés qui sont construits par la société au fil des décennies. Les femmes ont été mises dans des rôles très spécifiques dans la société, mais pas vraiment dans des rôles multiples. Elles sont supposées correspondre et s'adapter à cette segmentation voulue par la société. Chaque femme dans « American Doll Posse » représente une partie de la psychologie féminine. L'album explore chacune de leur personnalité respective mais également la force et le pouvoir qu'elles créent quand elles s'unissent."

Une vision très politique que l'on ressent aussi musicalement. De nombreux titres sont ainsi très rythmés. "Big Wheel", "Secret Spell" et pas mal d'autres. Tori joue même encore plus que d'habitude des styles et des instruments. Orgue, Wurlitzer, piano bien sûr, charango, cordes, guitares électriques... Un univers toujours aussi personnel et complexe, serti de nombreuses nouveautés donc. Le folklorisme merveilleux et dépaysant de "Velvet Revolution". Le transitionnel et bruyant "Fat Slut"... Les fondantes harmonies dont elle a le secret sont, rassurez-vous, tout de même régulièrement au rendez-vous. En temoigne les splendides "Digital Ghost", "Girl Dissapearing" ou "Father's Son".
Tori Amos continue d'avancer. De chercher. De trouver.

Un ensemble hautement recommandable, inévitablement, comme à chaque fois (je ne vais tout de même pas m'excuser non plus) d'une des musiciennes les plus importantes de l'époque.

 
par Christophe
avril 2007
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