Enfin nous y voilà... Il aura fallu donc attendre presque six longues années après « Mindfields » pour voir enfin débarquer le nouvel album de Toto. Je passerais sur le très inintéressant « Trough The Looking Glass », disque de reprise qui avait le mérite de compiler toutes les influences du groupe et qui permettait surtout de mettre un terme définitif à leur partenariat avec EMI mais qui, à part un excellent son, n'apportait rien de bien nouveau. Signé chez
Frontiers Records, "LE" label du rock mélodique, le groupe se devait d'être à la hauteur !
Après presque 30 ans de carrière et 17 albums derrière eux, on peut effectivement dire que ce disque représente la synthèse musicale du groupe en offrant au public et aux fans un magnifique cadeau qui a définitivement convaincu votre serviteur dès la première écoute, certainement le meilleur opus du groupe depuis "Kingdom Of Desire". Pourtant, il vous faudra passer du temps sur cet album si vous voulez vraiment en découvrir la « substantifique moelle » - dixit François Rabelais ;-)
On ne change pas une équipe qui gagne, « Monsieur »
Steve Lukather (guitare) est toujours le maître à bord, David Paich (Africa, c'est lui !) partage maintenant ses claviers avec Greg Phillinganes. Bobby Kimball (chant), Mike Porcaro (basse) et Simon Phillips (batterie) sont également présents au poste. J'ouvre juste une parenthèse personnelle pour crier haut et fort à quel point je suis fan de Steve Lukather (vénérer serait plus juste !) qui pour ma part est un des meilleurs guitariste au monde et un de ceux qui m'a donné envie de jouer de cet instrument depuis déjà 16 ans ;-)
En ce qui concerne les invités de cet album, alors là, c'est l'extase totale, rendez vous compte : Steve Porcaro, Joseph Williams (ex chanteur de Toto de 1986 à 1990), Lenny Castro, Ian Anderson (Jethro Tull), L. Shankar, Roy Hargrove, James Pankow, Lee Loughnane, Walter Parazaider, Jason Scheff... Bref que du beau monde, il fallait donc des compositions à la hauteur et pour mieux vous faire pénétrer l'univers de « Falling In Between », je vais exceptionnellement vous parler de chacun de ses 11 titres :
Tel que l'avait annoncé Steve Lukather dans ses diverses interviews, cet album sera rock ou ne sera pas !
Le moins que l'on puisse dire à l'écoute du premier titre, c'est qu'il avait plus que raison… « Falling In Between » commence avec une guitare très heavy, des rythmes lourds et puissants, un son auquel le groupe ne nous a guère habitué… tant mieux. Point de solo de Steve sur ce morceau qui se veut avant tout très mélodique et la partie instrumentale est magnifique entre un piano très présent et une guitare qui reste bien agressive, le tout donnant une connotation à la limite du progressif… un pur régal, d'autant plus que le son et la production sont énormes.
« Dying On My Feet » évolue dans un style plus calme, très groovy. La pâte de Toto est immédiatement reconnaissable. Bobby Kimball est au chant est nous fait part de ses immenses progrès depuis son retour dans la formation. La aussi, beaucoup de parties instrumentales qui tendent vers le Jazz, un solo de guitare tout en finesse et très élégant - ce qui n'est quand même pas sans rappeler ce que fait Steve avec « El Groupo » - et un final totalement dédié aux cuivres et aux percussions qui s'en donnent à cœur joie. Jouissif !
« Bottom Of Your Soul » est le morceau le plus long de cet album avec ces 6'58 minutes au compteur.
Dans un style pouvant nous rappeler certains titres du très bon « Tambu ». Certainement le morceau le plus « commercial » - c'est d'ailleurs le premier single – il n'en reste pas moins un bon titre avec, pour les fans de Toto, l'apparition de Joseph Williams (trop courte ?) sur les chœurs. En effet, pour célébrer la venue de l'ex chanteur du groupe qui avait participé à la grande aventure de l'excellent « Seventh One », je m'attendais plutôt à un véritable duo, dommage quand même. Pour finir, on pourra remarquer l'omniprésence des percussions sur ce titre avec un final qui pourrait nous faire penser au titre « Africa »… alors, Africa bis ?
« King Of The World » est un morceau plus court, plus direct dans la véritable lignée des bons titres efficaces de Toto. Certains regretteront peut être son côté un peu fade, mais pour ma part, je le trouve très bon et suffisamment percutant, un véritable morceau de scène. A noter sur ce titre la présence au chant de Jason Scheff du groupe "Chicago".
« Hooked » est un morceau fabuleux… encore une fois il commence tout en douceur, très groovy. Les chœurs sur le refrain sont très puissants, les claviers très présents ainsi que la basse de Mike. Puis tout explose, un très bon solo de luke pour donner le ton et débarque alors la flûte magique de Ian Anderson et on se croirait dans un morceau de "Jethro Tull", ce rythme sera alors conservé jusqu'à la fin… très réussi.
« Simple Life », la véritable ballade de cet album, est étonnement courte - 2'22 minutes - mais suffisamment belle et pleine d'émotion pour bien faire la coupure dans ce disque, on en aurait certainement aimé un peu plus car il faudra se dépêcher pour embrasser la fille qui sera dans vos bras ;-) bref, la voix de Steve est superbe, la vraie ballade telle qu'on les aime chez Toto.
Avec « Taint The World », on est de retour sur un rythme plus rapide, encore très groovy et jazzy. Ecoutez la partie instrumentale magnifique qui risque d'être une vraie tuerie en concert. Idem avec « Let It Go » qui réussi même le pari d'être encore plus jazz que les précédentes.
On ressent alors indéniablement l'apport du nouveau claviériste Greg Phillinganes. Ce titre est assez novateur pour Toto et certainement assez osé mais les fans apprécieront.
« Spiritual Man » marque le retour au chant de David Paich, le rythme très lent et rond de ce morceau lui donne un magnifique effet de sérénité et de spiritualité - d'où le titre ;-) Tel un morceau de « Negro Spiritual », on pourrait presque croire que ce titre a été enregistré dans une église, avec des chœurs magnifiques et puissants. Emouvant !
« No End In Sight » vient donc conclure cet album, certainement le plus progressif dans sa construction mais également le plus varié, entre parties calmes et rythmées et une alternance entre le chante de Steve et de Bobby. Un très bon morceau assez rock, qui résume bien ce qu'est devenu Toto aujourd'hui… un groupe serein et qui le mérite largement !
Il n'est pas improbable que de nombreuses personnes, fans ou pas, ne partagent pas mon point de vue sur ce disque (heureusement d'ailleurs ;-), mais je pense réellement qu'il représente un véritable travail collectif et on peut le ressentir à tout moment.
Toto prouve une fois encore qu'il peut sortir des disques sérieux et très élaborés et qu'il ne faut pas les enterrer trop vite… Tout porte à croire que la splendeur de ce disque sera vraiment révélée sur scène et que c'est là où tous les titres prendront leurs envols.
J'espère quand même que j'aurais pu convaincre un certain nombre d'entre vous d'écouter ce disque et de ne pas faire comme ces énergumènes de la « FNAC » Lyon (à la différence de « Gibert ») qui n'ont même pas souhaité pré commander « Falling In Between »… pfff Toto, mais c'est qui ce groupe ?
Abrutis…