Wastefall - Self Exile (juin 2006)
site officiel : www.wastefall.com
1- Intro
2- Willow Man
3- The Muzzle Affection
4- Dance Of Descent
5- Another Empty Haven
6- Strife For Definiton
7- Sleepwalk
8- E. Y. E.
9- Utopia Fragmented
10- Minutes To Abandon
11- Provoke The Divine
 
Ce disque était annoncé comme la révélation métallo-progressive de ces derniers mois, mais je dois avouer m’être montré perplexe face à ce genre de raccourcis journalistiques, car il faut reconnaître que dans ce style, les disques insipides sont légion, la grande majorité des nouveaux venus sur cette scène se contentent encore et toujours de proposer une copie conforme de qui vous savez… Alors quand on voit que, pour une fois, l’influence principale de ce groupe grec est Pain Of Salvation et non le Théâtre de Rêves, inutile de dire que ça suscite l’intérêt de votre serviteur !

Après avoir tourné quelque peu dans mes cages à miel, je peux d’ores et déjà vous assurer que ce nouvel opus ne manque pas d’arguments. Tout d’abord, une personnalité assez marquée. En effet, Wastefall ne se limite pas à être le disciple de Pain Of Salvation, mais démontre une faculté à se rapprocher des plus grands assez déconcertante. Ils étoffent leur spectre musical en intégrant des références aux éléments folkloriques de leur pays au beau milieu de parties furieusement heavy « Dance Of Descent ». Cet album s’apparente ainsi à un terrain de jeu pour musiciens précoces. Il est assez surprenant de voir en réalité que ce groupe a une moyenne d’âge dépassant à peine les 23 ans, car la maturité musicale dont fait preuve le combo mérite le respect.

Les musiciens de Wastefall (ayant, soit dit en passant, des noms plus imprononçables les uns que les autres) se permettent d’intégrer des éléments que l’on ne voit pas assez dans le monde du metal prog : c’est ainsi que l’on remarque l’apport de violons (l’intro de « Provoke The Divine ») ou de voix féminines sur le refrain de « The Muzzle Affection » par exemple. Cet opus, mixé par Tommy Hansen (Helloween, TNT, Jorn Lande etc.) sonne bigrement bien, on ressent le professionnalisme de ce dernier.

Le groupe préfère l’efficacité aux titres qui traînent trop en longueur et ça se voit au compteur, car aucun des titres de Self Exile ne dépasse la barre des 7 minutes. C’est ainsi que l’on a droit à un concentré de tout ce que savent faire ces jeunes grecs. En effet, ici pas de yaourt (à la grecque…), mais plutôt une succession de pépites plus efficaces les unes que les autres. Aucun titre ne sort clairement du lot, la qualité est constante tout au long de l’album. Ils n’hésitent pas à voyager jusqu’aux frontières du genre, nous délivrant par exemple un « Sleepwalk » très surprenant dans une atmosphère électro. Mais Wastefall ne se contente pas de nous charmer avec quelques refrains bien sentis, ils sortent aussi souvent des mesures impaires qui, couplées à de (très) grosses guitares nous rappellent que leurs racines sont à rechercher du côté du metal pur et dur. Même si les démonstrations stériles ne sont pas visibles ici, le groupe essaye toutefois de nous en mettre plein la vue grâce à une dextérité certaine et des rythmiques touffues (écoutez donc l’intro de « E.Y.E. » !). Mais ne vous y méprenez pas, la cohésion des titres n’en souffre jamais et le groupe reste accessible même pour les métalleux qui ne sont pas de fervents adeptes du mouvement progressif, une étiquette qui peut d’ailleurs être discutable dans le cas présent.

Cependant, ne nous emballons pas, et même si cette galette est finalement originale et surprenante, ce n’est pas non plus le chef d’œuvre annoncé. A défaut être incontournable, cet album restera une de ces bonnes surprises musicales qu’il fait plaisir de voir arriver là où on ne l’attend pas, et inutile de dire qu’il nous tarde d’écouter leur prochain album, afin de voir si nos amis grecs sont capables de confirmer leur talent.
 
par Jérémy
le 5 janvier 2007
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