Les "trente glorieuses" ont été riches en choix cornéliens pour les amateurs de musique. Il a d'abord fallu choisir son camp entre Franck Sinatra et Elvis Presley ; puis trancher entre les Rolling Stones et les Beatles ; enfin, se positionner en faveur de Led Zeppelin ou de Deep Purple, avant que Black Sabbath, rejeton batard et monstrueux du hard rock, ne vienne jeter le débat en Enfer en inventant le heavy métal !
Avec Wolfmother, par contre, nul besoin d'adhérer à un parti plus qu'à un autre, tout le monde y retrouve son compte parmi les fans du Sab', de Led Zep et du Pourpre ! C'est un peu entrée, plat ET dessert, le tout à la sauce seventies ! Car c'est peu dire que l'écoute de ce "Wolfmother" nous replonge inévitablement dans la grande piscine orgiaque des années 70.
Impossible, en effet, de décrire ce groupe sans faire référence à ses illustres prédécesseurs. Un soupçon de Doors lors de quelques digressions psychédéliques, beaucoup de Black Sabbath pour les riffs lourds, du Led Zep à la fois pour le côté folk et la furie rock, sans oublier du Deep Purple pour la batterie épilleptique et l'orgue Hammond, le tout saupoudré d'un nappage de Who, Hendrix, T-Rex et MC5 ! Tout nous ramène aux grandes heures du rock-hard, du son incroyablement vintage, aux structures de morceaux délicieusement passéistes, en passant par les instruments légendaires (Rickenbaker et Gibson SG en tête) !
Les musiciens de ce jeune groupe australien sont certainement nés une trentaine d'années trop tard ! Si leur parti pris "revival" est exploité admirablement, il nous reste à nous interroger sur l'intérêt d'une telle démarche. Sous prétexte d'honorer leurs groupes fétiches et d'offrir du plaisir aux auditeurs nostalgiques, ou trop jeunes pour avoir connu cette époque, les trois gars répétent finalement des recettes ayant déjà fait leurs preuves par le passé. Leur exploit réside bien plus dans la capacité à recréer le son seventies à la perfection, qu'à se montrer réellement innovants.
Reste que leur musique demeure très accrocheuse et possède une forte capacité à vous faire taper du pied. Les ambiances sont variées, la maîtrise des différents sons est réelle, l'écoute vraiment agréable. Je vous laisserai simplement juge de la voix d'Andrew Stockdale, aigüe et assez maniérée, qui peut lasser à la longue.
Allez, on enfile son jean moulant, on ressort sa veste à franges et sa guitare en carton, et on tente sa chance !