Benabar - Halle Tony Garnier - (18/11/2006)
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Benabar sur Musicaljam ? Oui, Benabar sur Musicaljam !
Il faut parfois laisser leur chance à des artistes vers lesquels nos goûts habituels ne nous inclinent pas, et prendre la peine de se faire un avis "en situation".
C'est ce que j'ai fait pour vous, chers lecteurs, et grand bien m'en a pris ! Car loin des murmures de Carla Bruni et des mélopées nostalgico-intellectuallisantes de Vincent Delerm, j'ai assisté à une prestation aussi drôle qu'un concert de Freak Kitchen, aussi festive qu'un gig de Ska-P, aussi émouvante qu'un "Still Loving You" ! ;-)


C'est une Halle Tony Garnier pleine comme un oeuf qui accueille ce soir Benabar et son big band.

La première partie est assurée par Davy Sicard, artiste réunionnais qui revisite le "maloya" ancestral et nous fait partager ses racines. Seul en scène, sans ses musiciens habituels, il nous propose une sympathique demi-heure de musique sensuelle et habitée. Sa voix chaude et gorgée d'émotion est juste accompagnée par une guitare sèche dont il joue "à l'envers", c'est à dire comme un gaucher sur une guitare de droitier retournée, donc avec les cordes inversées façon Hendrix ! Le minimalisme de la musique et l'aspect forcément statique de cette prestation ne sont pas forcément les plus adaptés à la taille de l'enceinte, mais force est d'avouer que Davy Sicard n'a pas démérité devant un large public plutôt convaincu. Minimalisme et musiciens statiques, voilà bien l'antithèse de ce qui nous attend avec Benabar et son orchestre !

Celui qui se nomme à la ville Bruno Nicolini est, en effet, accompagné d'une bande de potes aussi déconneurs que bons musiciens : le tryptique classique guitare - basse - batterie, un clavier, un violoncelle, un violon, un accordéon, et une section de cuivres (saxo - trompette - trombonne) qui pulse méchamment !

L'entrée en scène est précédée de la projection, sur les deux écrans géants, de quelques données plus ou moins statistiques ( ! ) sur l'interminable tournée "Reprise des négociations" : nombre de dates, de spectateurs, de fausses notes, de cuites, d'adultères, etc ! Après une année sur la route, la tournée touche à sa fin, ce qui se ressent très positivement sur la cohésion des musiciens et sur l'ambiance remarquablement festive.
Benabar n'est pas en reste dans cette débaûche d'énergie, puisque le petit bonhomme n'a de cesse de sauter, courir, aligner les pas de danse, le tout sans que sa voix faillisse un instant. A vrai dire, abstraction faite de toute considération sur son style musical, il donne une réelle leçon de spectacle en alignant toutes les qualités utiles à un showman : du mouvement, de l'humour, de la communication et de la connivence avec le public, des morceaux réadaptés, sans oublier un groupe qui dépote sérieusement ! Malgré des influences initiales qui sont jazzy comme pop, swing comme ballade, musette comme fanfare, les morceaux subissent un traitement "spécial concert" qui leur donne une pêche surprenante, bien soutenus, je le répète, par des cuivres dignes du plus tonique des ensembles de rhythm n' blues !

L'humour est, également, une composante importante de l'univers de Benabar. Ses chansons ont le chic pour transformer la description des petits malheurs du quotidien en des tranches de vie savoureuses et réellement drôles. Je vous laisse le soin de vous reporter aux paroles présentes en intégralité sur son site internet, et je m'attarderai simplement sur quelques délires imprévus et à plein d'à propos : une digression collective sur le thème de "Carmina Burana" au moment de la confiscation du portable dans "Adolescente", une autre sur l'air "d'Alexandrie, Alexandra" au beau milieu de "Maritie et Gilbert Carpentier", ou encore une séance d'hypnose ratée pendant "La berceuse". Entre les titres, Benabar ne se prive pas d'user d'un humour pince-sans-rire pour "vanner" le public, pratiquer une auto-dérision bienvenue, ou encore illustrer les chansons à venir d'anecdotes supplémentaires (comme celle de la yaourtière de nos mères avant l'histoire d'une odorante pierrade qui nécessite de tondre le chat et de brûler les rideaux !). Comment ne pas citer, également, son calvaire de jeune père épuisé sur "La berceuse", soutenu par une chorale déjantée : "dors, dors, dors, bordel, pourquoi tu dors pas ?!"

L'émotion n'est pas, pour autant, absente de la soirée, loin s'en faut. Benabar possède les musiciens qu'il faut pour varier les plaisirs et les sonorités, le gratteux passant de la Gibson à l'acoustique ou au banjo, le bassiste à la contrebasse, le saxo à l'accordéon, etc. Certains morceaux tels que "Je suis de celles" ou "Quatre murs et un toit" s'avèrent réellement attendrissants, de même que les rappels où Benabar est parfois revenu seul au piano. Il faut dire que le public s'est montré suffisamment enthousiaste pour motiver quatre rappels d'un ou plusieurs morceaux, si bien que le tout dernier a donné lieu à un titre inédit au piano, "Je voudrais qu'on se souvienne de nous". Citons, enfin, le "joyeux anniversaire" chanté spontanément par la fosse au vieux compagnon Denis Grare. Enfin, pas si spontané que ça, des membres du forum www.benabar.net ayant fait circuler de nombreux petits papiers dans le public... ;-)

Au final, une très bonne surprise et, vous l'aurez compris, une excellente soirée ! Comme quoi, l'absence de grosses guitares n'est pas forcément rédhibitoire, pas plus que l'appartenance à la "grande famille de la variété française". Je connais bien des groupes chevelus qui auraient beaucoup à apprendre de la présence scénique de Benabar et son big band...

P.S : mention bien au prix des places (28€), à la durée du concert (2h15), à la qualité du son et des lumières.
 
par Mitch
le 19 novembre 2006

Setlist :
1- Tu peux compter sur moi
2- Vade retro téléphone
3- Paresseuse
4- Porcelaine
5- La berceuse
6- Bon anniversaire
7- Sac à main
8- Adolescente
9- Le dîner
10- Le cahier de solfège
11- Bruxelles
12- Maritie et Gilbert Carpentier
13- Majorette
14- Je suis de celles
15- Quatre murs et un toit
16- Y'a une fille qu'habite chez moi
17- Dis-lui oui
18- Qu'est ce que tu voulais que je lui dise
19- Les épices du souk du Caire
20- Le vélo
21- La boudeuse
22- Petite monnaie
23- A notre santé
24- L'itinéraire
25- Je voudrais qu'on se souvienne de nous
 
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