Emilie Simon - Rockstore Montpellier - (24/05/2006)
site officiel : www.emiliesimon.com ainsi que le site et forum d'un fan www.followthebluelight.com
(merci à Sam pour ses photos !) - Médi & The Medecine Show : www.mediandthemedicineshow.com
SetList
 
 
 
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Le mois de mai et les fleurs qui s’épanouissent… Dans une rue plus bétonnée que fleurie et quelques semaines après sa réouverture, il appartenait au Rockstore de nous offrir en ce jour d’un mercredi ensoleillé son joli brin de muguet. La venue de l’enfant prodige lui a permis non seulement de remplir à foison son panier de têtes radieuses et florissantes mais également de consacrer une fois de plus l’une des plus belles fleurs musicales qu’il soit : Emilie Simon… A défaut de vrai muguet, c’est son symbole de bonheur qui nous sera chaleureusement donné ce soir là…

Des épis de blé, des roseaux secs, des pâquerettes et des bambous, des roses et des coquelicots, il y avait un peu de tout çà dans le public jouxtant la porte d’entrée menant au jardin. Fébrilement, tous attendant l’instant où ils pourront pleinement s’éclore face à la Dame de Lotus ou à la Rose Hybride de Thé… Quelques sourires déjà se forment… De toute la France, les ESiphiles aux premiers rangs… Les visages rayonnent… Des fidèles pour savourer une fois de plus le divin nectar. D’autres venant s’initier au sublime parfum… Un homme d’affaire offre une place et s’en va dans l’indifférence qui lui est propre goûter à ses herbes personnelles tandis qu’une graine à semer nous est généreusement distribuée sous la forme d’une publicité cartonnée pour l’album de Peter Von Poehl, ancien guitariste d’Emilie… On songera évidemment à l’écouter.
Le moment est proche. Plus que quelques minutes, quelques secondes : nous y voilà !

Face à la scène, le décor est planté. Un étrange engin, sorte de robot musical nommé Bobbi (Brissot Object Bright Bubble Illuminate) et une cuvette remplie d’eau attirent notre attention. De la table instrumentale électronique et tactile au piédestal du violoncelliste, des rideaux au siège du piano noir à queue : un habit de velours rouge bordeaux. Vaste et réducteur à la fois, l’ensemble permettra à l’artiste d’évoluer aisément mais aussi intimement d’une part et d’autre du plateau. En attendant sa venue, on se délectera des écoutes d’un des disques de Jack Johnson, On&On et d’une première partie brillamment et généreusement exécutée par un certain Médi pas si inconnu que çà…

Assurer une entrée n’est pas chose facile et qu’on aime ou qu’on aime pas, il est toujours de bon aloi de reconnaître tout le mérite et le courage de ces artistes débutants… Avec son Médicine Show, le bel arbre aux branches frisées va nous guider pour une ballade d’une petite demie heure dans un square dédié au folk rock. Avec pour unique partenaire sa guitare, ses deux harmonicas et une planche à percussion à ses pieds ! Un étonnant contraste avec les ambiances électro d’Emilie qui, en nous proposant cet artiste, ouvre peut être une autre frontière à sa musique : et si le prochain album se voulait un peu plus acoustique ?

Beau parleur et charismatique, il ne faudra pas plus d’un titre pour que Médi se mette l’audience en poche. Et la magie d’opérer aussi lorsque le bonhomme devra réaccorder sa guitare. S’il faut voir dans Ben Harper et Lenny Kravitz ses influences musicales d’aujourd’hui, Médi semble pourtant plus proche de la famille folk des sixties incarnée par Bob Dylan… Les chansons passent accompagnées de petits discours flatteurs et au rythme des frappements de main du public. « Yeah Yeah », très proche finalement du groupe « The John Butler trio » dont le jeu de guitare et la voix éraillée n’est pas sans rappeler le chanteur australien. Une reprise « Rebel, Rebel » de David Bowie et le Monsieur nous invitant à chanter avec lui. Un joli yaourt s’en suit… Amusant, le principal étant évidemment de participer !

Médi quitte la scène en recevant une jolie ovation. Quelques roadies surviennent pour une dernière vérification des instruments. On affiche les setlists au plancher et quelques têtes de s’empresser de regarder par quel morceau la fée électronique commencera son spectacle. Dommage pour eux, l’effet de surprise ne sera plus là… Des bouteilles d’eau de-ci de-là, des serviettes… On regarde ses montres et de suivre de nos yeux les aiguilles à chaque minute en espérant voir enfin fleurir la fleur du Sud…

Les lumières s’éteignent… Dans un tonnerre d’applaudissements, les musiciens arrivent, un par un : Cyrille Brissot ou le génie programmateur et bidouilleur de sons, Arnaud Crozatier dit le violoncelliste, Cyril Hernandez le délirant percussionniste et le non moins talentueux guitariste Steffen Charron. Une intro sonore de nappes électroniques et programmées résonne et annonce dès lors le premier titre : Dame de Lotus…
Ses cheveux ne sont pas blonds dorés et ses yeux ni bleus clairs mais elle était plus que jolie notre petite Emilie. Vêtue d’une robe corset noire à points blancs, ses pieds chaussés d’escarpins dorés et pailletés, un chignon agrémenté d’une fleur blanche, la voici s’avançant autour de ses quatre pétales rythmiques… Ni plus, ni moins qu’une Dame de Lotus, véritable symbole de perfection et de pureté, elle cristallise dès son apparition tous les regards. L’émotion s’empare de part et d’autre de la scène et de la salle et le ton est donné d’emblée : le concert de Montpellier sera celui des chaudes et bouleversantes retrouvailles !

Fleur de saison et pour un titre résolument pop rock la Belle s’empare de sa Jagstang bleue turquoise. Les yeux levés au ciel lors du refrain, de tendres mimiques subjuguant toute attention une fois de plus. S’ensuit le très Gainsbourien Rose Hybride de Thé et l’efficacité qu’on lui connaît. Le Végétal Tour fera part bel à ses rameaux puisque tous les titres de l’album seront ainsi joués.

Quand l’image rejoint le son, il nous prend l’envie de rêver. Nos yeux se libèrent progressivement de l’emprise de la fée Emilie pour se porter sur les musiciens… Et Cyrille Brissot de ne plus en finir à jouer de ses mains sur le cadre tactile, une sorte de theremin ou de frapper ses petites cloches… Que cache donc le magicien dans son haut de forme ? Des sons venus d’ailleurs transmis par le Bobbi… Un ensemble féerique comme si la musique semblait sortir du corps de chaque musicien. Cyril Hernandez est un pur génie et, tel un artisan, il donne vie à chaque note et élément. Faisant tournoyer un tuyau harmonique au dessus de sa tête pour imiter le sifflement du vent (In The Lake), clapotant des mains dans le grand bol d’eau (Swimming), frottant des pailles pour allumer le feu (En cendres)… Un percussionniste de talent tapant, cognant, caressant ses instruments pour en extirper le son le plus limpide qui soit. Plaquant à son torse une sorte de rappe à sons (Fleur de Saison), fixant une platine à son bras et jouant ainsi des sillons du disque (Annie): des effets visuels saisissants accompagnés de beaux effets de lumière ! Les rideaux s’ouvriront deux fois pour laisser place à un écran et à la danse de vie et de mort des fleurs vivaces et carnivores (Sweet Blossom & En Cendres)

Si elle n’en possède pas le physique, Emilie a cette imagination débordante de l’héroïne du conte de Philippe Chatel. Ses textes de désert, de glace et de végétaux, sa façon d’appréhender et de mettre sa musique à l’épreuve témoignent de toute sa fantaisie. Sa voix pure et enfantine qu’elle métamorphose de temps à autre par l’intermédiaire de son bras BRAAHS (Brissot Radio Acquisition For A Cappella Hand Selector) lui assure un côté de lutine voguant ci et là à travers toute la salle. La voix s’envole, insaisissable. Mais c’est sans effet sonore qu’elle demeure la plus belle : les romantiques et poétiques Opium, Le Vieil Amant et My Old Friend qu’elle accompagne au piano effleureront et cajoleront ainsi nos oreilles. Le piano prend alors vie : les doigts d’Emilie sur le clavier et ceux de Cyril venant marteler les cordes maîtresses du piano, disposant ses cymbales dans le coffre pour en altérer le son. Le violoncelle et la guitare également de voyage lyrique. L’émerveillement est total ! Emilie la première envoûtée. Ses regards admiratifs portés sur ses compagnons de jeu… L’osmose est parfaite.

Face à l’effervescence de la salle, il sera bien difficile de calmer le jeu. Ice Girl et le verre à glace pilée pour quelques minutes oniriques. Il suffit alors de fermer les yeux pour voir apparaître à notre esprit les pingouins de l’Antarctique. All is white ! Tout est blanc et rempli de poésie et les pingouins reviendront plus tard avec cette envie de danser et de déchaîner sur un Storm of Heaven très proche d’un Bjork énergique. De nouvelles expérimentations et c’est à peine si l’on reconnaît le tout début du titre culte des Stooges : I wanna be your dog. Guitare bluesy dans les premiers instants avant que ne retentisse le fameux ‘Come On’ nous invitant alors à lever les mains en l’air ! La fin du morceau s’achève dans le réarrangement rock électro qu’on lui connaît. Un régal ! Tout comme le Never Fall In Love aux sonorités disco des seventies qui nous offrira une Emilie plus que radieuse.

Levant les yeux et cherchant du regard les membres de sa famille au balcon, Emilie n’aura de cesse dans la soirée de porter sur eux de touchants messages d’amour. Affective comme elle l’est avec son public. Ces moments là me toucheront pleinement et c’est avec Désert que l’émotion se fera reine. Le début de sa carrière, le premier morceau de son œuvre. Un flashback bouleversant et les larmes prêtes à jaillir des yeux d’Emilie et des nôtres forcement… A ses sourires à la fois timides et généreux, à ses « Merci Montpellier » lachés du fond de son cœur, que répondre ? D’acclamation en ovation, on ne pouvait faire mieux !

La fin du concert est proche et c’est par les morceaux d’ouverture et de fermeture du Végétal qu’elle conclue son set. Sublimes Alicia et En cendres… La voix se veut encore plus belle. Encore deux instants de grâce. Une ola pour chaque musicien qu’elle présentera à tour de rôle… Le groupe quitte alors la scène pour revenir quelques secondes après. Il y aura trois rappels en tout…

De vieux amis… La salle devait en être pleine aussi et c’est avec My Old Friend et son piano qu’Emilie remercie une nouvelle fois son public avant de se lever et d’entamer un Graine d’Etoiles, les bras ouverts pour exécuter une danse « spasmodique » qui lui est propre. L’absence de Perry Blake ne se fera aucunement ressentir sur cette interprétation là… Médi de ressurgir avec une guitare électrique et le duo de nous proposer une version de Flowers pas si éloignée de la version originale. Quand invitation rime avec générosité, cela donne une fois de plus un agréable moment.

Il est temps de s’en aller… Seule au piano pour interpréter une chanson qu’elle dédiera à un être cher, « une reprise et … voilà » : Come as you are de Nirvana. En s’appropriant et en réinventant la chanson, en lui donnant aussi une nouvelle palette de son, Emilie prouve qu’elle est bien une grande et belle interprète… Le silence est de règne dans la salle jusqu’à la fin du morceau. A nouveau les applaudissements et les remerciements… Les lumières nous ramènent alors à la réalité, le concert est terminé !

Plus de deux ans après sa précédente venue, la fleur Emilie ne s’est pas fanée. Elle se serait même épanouie. Une vraie dame aux traits d’enfant demeurant avec toute cette fraîcheur de rosée. Sur le pare brise du petit bus un « Merci à tous pour ce merveilleux concert » suivi d’un cœur… Ce petit mot écrit résume à lui tout seul cette soirée et ce report… A la prochaine !
 
par Stéphane
le 28 mai 2006

Setlist :
1- Intro
2- Dame De Lotus
3- Fleur De Saison
4- Rose Hybride De Thé
5- In The Lake
6- Sweet Blossom
7- Annie
8- Swimming
9- Opium
10- Vieil Amant
11- Ice Girl
12- All Is White
13- I Wanna Be Your Dog (Iggy Pop & The Stooges)
14- Song Of The Storm
15- Never Fall In Love
16- Desert
17- Alicia
18- En Cendres
19- My Old Friends
20- Graines d'Etoiles
21- Flowers (avec Médi)
22- Come As You Are (Nirvana)
 
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