Ce soir, Freak Kitchen est en ville, et c'est l'annonce d'une bonne soirée en perspective !

Mais avant, il faudra ronger notre frein devant la prestation de Renaud Hantson et de son Furious Zoo.
L'ex "Satan Jokers", groupe de hard rock français des années 80, amorce un étonnant retour dans le rock après une très longue parenthèse variété (carrière solo, les comédies musicales "Starmania" et "La Légende de Jimmy"). Bien campé sur son siège de batteur, il assure avec grande qualité ses parties vocales, tandis que le guitariste Benoît Cousin et le bassiste Alfie Manas tiennent le devant de la scène comme ils le peuvent. Il faut dire que les morceaux rock-hard-boogie se succèdent sans créer d'émotion majeure, laissant une impression de déjà entendu, même les inédits du prochain album pas encore paru, c'est pour dire...
Et puis, quand on ne dispose que du timing d'une première partie, quelle drôle d'idée que d'inclure dans son set des solos de basse, de guitare, ainsi que plusieurs reprises hendrixiennes usées jusqu'à la corde, "Purple Haze" en tête ! L'attitude un peu hautaine de Renaud Hantson n'aidera pas franchement, non plus, à dérider l'assistance : ce dernier attend l'avant-dernier morceau pour présenter son groupe, pourtant pas annoncé et inconnu de la majorité du public, et il répète de façon trop insistante pour être honnête "nous n'avons rien à vendre, nous ne sommes là que pour le plaisir"...

Mais cette parenthèse sera bien vite oubliée, dès que retentissent les premières notes de la traditionnelle intro Django Reinhardt des trois allumés suédois de Freak Kitchen !
Le Transclub, "petit" Transbordeur, s'est rempli honnêtement, et le public présent va faire sa fête à un groupe pourtant pas avare de ses visites entre Rhône et Saône : pas moins de quatre depuis 2001, la dernière en ce même lieu voici moins d'un an ! Il faut dire qu'un concert de Freak Kitchen est toujours une expérience réjouissante, à mi chemin entre l'énorme son délivré par les amplis et la bonne humeur distillée par Mattias IA Eklundh et ses deux compères. Ce soir, le risque était grand d'assister à une resucée des prestations précédentes, de découvrir les nouveaux bruitages guitaristiques systématiques de Mattias (voir nos précédentes chroniques), en bref, de "simplement" revivre les mêmes bons moments une fois de plus !

Mais pas d'inquiétude, Freak Kitchen aura fait le nécessaire pour que cette impression ne nous frôle même pas l'esprit ! Les expérimentations fantaisistes sont réduites au passage d'un tableau d'éveil enfantin sur le thème de la ferme (!) dans les micros guitare de Mattias. Le groupe prendra, également, la peine de nous gratifier d'un intermède acoustique du meilleur effet, qui verra "Walls Of Stupidity" et "My New Haircut" repris sur une rythmique jazz manouche à la guitare sèche, avec le batteur Björn Fryklund simplement muni d'une caisse claire et de baguettes "balais" jazzy à souhait !

Le reste de la setlist s'avère, une nouvelle fois, imparable : elle ressemble à un véritable best of, avec des morceaux de toutes les périodes du groupe, de "Appetizer" à "Porno Daddy", de "Silence !" à "Nobody's Laughing", de "Vaseline Bizniz" à "Speak When Spoken To" et "The Rights To You", sans oublier les deux titres chantés par le musculeux bassiste Christer Örtefors, toujours vêtu de sa panoplie du SWAT, "Razor Flowers" et "Infidelity Ghost". Les moments calmes ne seront pas négligés ("Breathe"...), ni même les jams conviviales : quelques pures impros, et même la reprise du thème d'un vieux film avec Chevy Chase, "Fletch" ! (que l'on peut retrouver au passage sur le dernier album de Mattias : Freak Guitar - The Road Less Traveled). Les rappels n'en finissent plus, et il faut presque aller chercher Björn sous la douche pour le tout dernier morceau offert au public : ils joueront ce qui nous fera plaisir en guise de conclusion, et ce sera un "Taste My Fist" rageur et définitif !

Malgré les pogos assez musclés dans les premiers rangs, la bonne humeur aura été le mot d'ordre de cette soirée, avec encore quelques moments d'anthologie de la part de Mattias, comme lorsqu'il tente de lire avec un accent français catastrophique l'étiquette de sa bouteille d'eau minérale provenant des Monts d'Auvergne, lorsqu'il se hasarde à un "shred" improbable sur sa gratte sèche, ou bien galère véritablement avec un problème de jack. Mais comme il le dit lui même avec humour, "we are so professionnal" ! Professionnels, certainement, mais humains et généreux, c'est également incontestable !

Non contents d'avoir prouvé sur scène leur amour de la France et du contact avec le public, les trois suédois nous gratifient d'une visite surprise au stand de merchandising, pour une séance de dédicaces assez interminable ! Jamais avares d'un bon mot, d'une bise, d'une photo ou d'une longue dédicace personnalisée, nos amis satisferont les exigences de la totalité des fans encore présents.
Nous avons même le privilège de conclure cette séance improvisée ! Mattias, Christer et Björn enjambent les barrières, et prennent les cinq membres de notre groupe de rock-métal-prog Mother & Pearl dans leurs bras pour quelques photos mémorables.