Robert Plant - Zenith de Montpellier - (23/03/2006)
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En ce temps là…
En ce temps là, mes parents n’avaient qu’une quinzaine d’années. C’était en 1968, une France paralysée, des barricades et des pavés. Un mouvement contestataire, une révolte libératrice et, au milieu de cette jeunesse, la musique… Rock’n’roll et rhythm’n blues et déjà lancés dans une course folle et psychédélique par les légendaires Yardbirds, groupe formé par Jimmy Page, Eric Clapton et Jeff Beck, le rock et le blues se mêlent et s’endurcissent…Une frénésie s’empare alors de la scène musicale et surgissent des groupes comme The Rolling Stones, Ten Years After, The Who… Yardbirds se séparent, Eric Clapton forme alors Cream, Jimmy Page s’associe à un nouveau chanteur Robert Plant pour les nouveaux Yardbirds… L’histoire du hard rock est en route ! Le groupe change rapidement de nom suite à une boutade de The Who qui leur prédisait de tomber aussi rapidement qu’un « led zeppelin », un dirigeable de plomb… 1969 et tout ce qui s’en suit…

Presque 40 ans ont passé… Le climat social est presque semblable à celui 1968… Et au milieu de tout cela, la musique… Si le rap et autre mouvement electro accompagnent désormais une bonne partie de notre jeunesse, il est plus ou moins curieux de constater que certains et bons vieux dinosaures survivent et réussissent à nous donner encore aujourd’hui les plus belles leçons de courage et de vie…

Dimanche soir, téléphonant à ma mère, je lui raconte que j’irai le lendemain applaudir Robert Plant… « Qui est ce ??? » me dit-elle. Il me suffit alors de mettre dans ma platine « Stairway to heaven » et de lui faire écouter une bribe du morceau pour qu’elle s’enflamme ! « Oh oui ! Qu’est ce que j’ai pu danser avec ton père sur ce morceau… » C’est le plus connu, Maman, mais ce n’est pas le meilleur… Le meilleur ? J’en aurai un bel aperçu ce lundi soir en faisant mes retrouvailles avec cette salle qu’est le Zénith... Il est près de 18h30 quand je me retrouve prostré devant les fameux palmiers ornant l’entrée du chapiteau. Peu de monde, quelques étrangers… Un public massivement jeune, les soixante-huitards viendront beaucoup plus tard en toute sérénité se mêler à nous. Blouson en cuir et blouson en jean. J’engage alors une conversation avec mes voisins venant de Martigues, ce sera leur deuxième concert de Robert Plant cette année et de me faire saliver en me promettant un concert que je n’oublierai pas de si tôt !

19h30 et nous entrons dans le temple du soleil. Inconcevable que je fasse le concert assis et je me dirige alors dans la fosse et serai idéalement bien placé à un rang à peine de la scène. Le temple se remplit peu à peu de gens venant chercher et revivre quelques souvenirs, d’autres de découvrir une légende mais toujours de communier ensemble. Un tout petit Zénith, environ 2500 personnes… Ca pourra paraître honteux mais je suis heureux de cette quasi intimité… Je n’aime pas ou peu les spectacles à gros budget et à foule dense où bien souvent le groupe, si grand soit-il, lance un album, bien souvent passable, pour promouvoir une méga tournée et se perd alors dans des artifices grotesques qui à mon sens ne fait que déprécier leur musique. Mais Robert Plant n’est pas une pierre qui roule et, s’il est là ce soir, ce ne sera pas pour faire le beau guignol mais bel et bien pour nous faire partager son amour de la musique. Et son amour, ces temps ci, se porte de plus en plus vers les influences ethniques et notamment celles du monde oriental…

Petite mise en bouche avant les festivités, ce sera aux Nantais d’Orange Blossom de nous emmener par sa fabuleuse machine à mirages en Orient. De bon goût forcément, le groupe a été choisi par Robert Plant lui-même. Les fois précédant cette tournée, il avait choisi Asian Dub Foundation et Natacha Atlas. De bon goût forcément ! Et cependant, malgré tout l’amour que je porte à ces fameux boutons d’orange, j’aurai cette fois-ci beaucoup de mal à m’envoler avec eux…
Dès les premiers morceaux, deux inédits, un malaise semble s’emparer du groupe et principalement de Leila, la chanteuse qui se perd çi et là dans une certaine nervosité… Absente, aussi simplement ! Tout comme le public qui ne réagit finalement que très peu… Et pourtant, la musique est sublime : cette langue arabisante, ces violons à la fois empris de mélancolie et de rage, ces courts instants de grâce… Mais voilà, il manque un petit quelque chose, un je ne sais trop quoi qui rendent « Habibi » ou « Cheft el Khof », deux perles sur disque, presque banales en live… Une présence ! Ce n’est qu’à l’avant dernier morceau où les gars de la troupe s’empareront de tam-tam et de tambourins pour mettre littéralement le feu que la foule se réveillera… Trop tard hélas ! Leila revient pour un dernier morceau « Nafsi » et repart en nous « laissant avec Monsieur Robert Plant » Applaudissements en guise de remerciements mais toujours cette impression que le groupe n’a pas vraiment convaincu ce soir là… Je leur voulais un triomphe tout simplement comme il semble l’avoir sur les autres dates, le public n’en a pas décidé ainsi et il faut bien le reconnaître que moi aussi je ne suis pas entré en transe que je pensais promise…Une prochaine fois, j’en suis sûr !

Surviennent alors les roadies… Un tapis est amené et déposé sur le sol, on allume des bâtons d’encens, on vérifie les instruments… Une petite demie heure passe ainsi… Les lumières s’éteignent et une musique aux accents technoïdes se fait entendre: l’outro de l’album avec la voix en résonance de Plant scandant des « Shine it all around »… Les musiciens formant The Strange sensation entrent en scène, Robert Plant en dernier tout simplement… Noir d’une chemise vêtu, un jean gris bleu et l’homme à la crinière blonde et frisée va briller de tout son feu ! Shine it all around !

Les premiers morceaux feront la part belle aux anciens albums de l’artiste avec « With my fare train home » et « Seven and Seven is » avant d’enchaîner sur le tout nouveau « Freedom Fries ». Dès lors, on peut constater que l’homme n’a rien perdu de sa voix unique si ce n’est qu’elle devient même de plus en plus posée et puissante. Trois morceaux devant un public quasi béa devant cette bête de scène qui sait encore très bien jouer du micro. Deux simples démonstrations, le rocker n’abusera pas, préférant sans doute allier simplicité et générosité. Et quelle générosité : « On va jouer des nouveaux morceaux mais aussi des anciens » : « Black dog » ni plus ni moins en quatrième titre !! Et la foule de succomber ! Les musiciens, notamment les deux guitaristes, sont à citer : Liam Tyson et Justin Adam qui feront pour un peu oublier que Jimmy Page n’est plus de la partie.

Sans déformer les titres du Led Zeppelin, Robert Plant les reprend à sa sauce comme ce sublime « Going to California » qui donneront des pincements aux cœurs des plus âgés… Des vieilleries dépoussiérées en toute intelligence ! Sublime, on ne pourrait dire mieux ! L’ambiance arabisante se déploie à nouveau sur « Another Tribe » et sur bien d’autres morceaux comme l’étrange et hypnotisant « Tin Pan Valley », laissant ensuite place à un très celtique « Gallows pole » et cette guitare wa wa qui n’en finit plus. Puis vient le moment des plaisanteries sur l’accent français et des bonnes petites vannes qu’adresse notre rocker à Hallyday ! Plant sait certainement comment mettre son public en poche… « Merci mes pôtes » lancera t’il plusieurs fois à l’assistance médusée par tant de simplicité.
Sincérité semble être le maître mot de cet artiste qui ne décevra à aucun moment. Un des plus beaux moments de la soirée est sans doute cette reprise du dirigeable « When the levee breaks » où se fait un très beau jeu entre une guitare acoustique, la voix de Plant et les chœurs sonnant façon gospel. Manquerait plus qu’un ou deux braseros pour se retrouver dans les chauds quartiers de Chicago ! Jolie ambiance. Tout comme dans « Takamba » ou le rocker s’emparera d’un tambourin pour rythmer allégrement le morceau… Les vieux titres s’enchaînent ainsi aux nouveaux avec une logique qui pourrait paraître inconcevable. Et pourtant, tout se fait naturellement et habillement ! Présentation des musiciens et le concert se déroule sans que l’on s’aperçoive du temps qui passe et qui faudra bientôt quitter le plus Grand des rockers encore vivant !

En guise de rappel, « The Enchanter » qui porte bien son nom. Et toujours ces riffs de guitare qui surgissent…
Robert Plant nous dit au revoir « I can’t take you » tandis que « The Enchanter » se termine… Vient alors le grand moment, l’instant magique, celui qui vous transporte de tout son plein pour ne plus vous lâcher : le dernier morceau « Hoochie Coochie Man » : « I’m a natural lovin’man, mmmmh, i’m hoochie coochie man ». La phrase résume parfaitement ce qu’est Plant aujourd’hui : un artiste serein qui n’a pas renié son passé et ses frasques mais qui a su le dépasser avec un formidable talent. Lentement le morceau bascule en un familier
« You need to coolin’ » et les premières mesures du fameux « Whole lotta love » surviennent alors pour un petit quart d’heure jouissif ! Je repense alors à mes parents et compose le numéro de ma maman pour lui faire partager ce moment. Mon père n’est plus mais je sais qu’il était certainement près de moi par la pensée que j’ai eu pour lui pendant ce concert. Ce sera la fin mais quelle fin « Jusqu’à la prochaine ! Au revoir mes pôtes ! » et les lumières se rallument. Un peu trop vite…

Les années passent… Des décennies même… La musique est et sera toujours là ! Qu’importe ce que mes enfants écouteront et quelles révolutions ils auront à faire mais j’aimerais qu’il y ait toujours un «vieux » pour leur donner une bonne leçon ! Une leçon de rock comme on en fera certainement plus. Une leçon de vie aussi. Merci Monsieur Plant de continuer à vivre ainsi !
 
par Stéphane
le 30 mars 2006

Setlist :
1- Win My Train Fare Home (If I Ever Get Lucky)
2- Seven And Seven Is
3- Freedom Fries
4- Black Dog
5- Going To California
6- 29 Palms
7- Another Tribe
8- Four Sticks
9- Tin Pan Valley
10- Gallows Pole
11- When The Levee Breaks
Rappels :
12- The Enchanter
13- Whole Lotta Love
 
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