Après la tournée des salles « Love Town Tour » et leur show à l’américaine en compagnie de B.B King, Bono et sa bande annoncent leur intention de prendre du retrait, de réfléchir à une nouvelle orientation et de proposer un son nouveau… On est à l’aube des années 1990 et bien des groupes des années 80 ne survivront pas à la décennie du renouveau…

Certainement pas U2 qui en 1991 sort son album le plus ambitieux et le plus innovant de leur déjà 10 années d’existence : « Achtung Baby ». Un son résolument plus moderne, empruntant la route des sons synthétiques et des voix trafiquées… Déconcertant aux premiers abords mais tellement jouissif que l’album devient rapidement un succès et donnera naissance deux ans plus tard à un « Zooropa » encore plus électronique… Entre temps, la guerre du Golfe éclate et le monde entier mesure alors la puissance des médias : information et désinformation = manipulation.

U2 sort alors ses écrans et entame un long tour de prédication à la fois ironisant et délirant: le « Zoo Tv » basé sur le concept et slogan « Everything you know is wrong ».

157 concerts donnés dans plus d’une vingtaine de pays et de produire l’une des tournées les plus spectaculaires de l’histoire du rock… 4 écrans géants, 18 projecteurs, 36 moniteurs de vidéos, une connexion par satellite pour une scène immense avec diverses avancées et dotée d’une salle à confession. Des kilomètres de câbles, des amplis pour plus d’un million de décibels déployés… Un show interactif avec images, vidéos et slogans défilant sans interruption. On imagine alors la difficulté à filmer un tel spectacle et à le rendre fidèle à la soirée vécue par des milliers de spectateurs !

Et pourtant… Filmé en Australie dans le Stade de Sydney le 27 Novembre 1993 pour une sortie en format vidéo en 1994, le film est un véritable témoignage de la grandeur et de la folie du « Zoo Tv Tour » ! Plus de dix ans après et nos vidéos bien usées par de multiples lectures, il s’avérait indispensable qu’on puisse enfin s’offrir ce concert mythique avec images et son dignes d’un tel événement. Promis depuis quelque temps, la réédition en format dvd est enfin arrivée !

Deux éditions, l’une proposant uniquement le concert, l’autre accompagnée d’un dvd bonus que tout grand fan du groupe choisira forcément. L’artwork est identique à celui du format vidéo mais est désormais complété d’un livret d’une dizaine de pages avec photos et récit du journaliste musical Adrian Deevoy. Quelques stickers détachables comme la reproduction du billet de monnaie ZooEcu en souvenir de la pluie de ces billets sur le morceau « Daddy’s gonna pay for your crashed car » ou bien de faux produits comme la boisson ZooCola ou l’eau de parfum… De faux timbres également… C’est peu de choses mais cela amusera toujours !

Comme dans la plupart des dvd musicaux, deux possibilités de visionnage s’offrent au spectateur : le concert dans son intégralité ou avec accès direct aux différents titres. A partir d’une remasterisation de l’image et du son, on peut dès lors savourer pleinement le show !
Excepté pour les grands spécialistes de l’image qui trouveront toujours quelques défauts, le travail de transfert a été plutôt bien fait. L’image est nette, propre et on n’en demande pas plus que de rester captif devant son écran deux heures durant ! Des gros plans à un ensemble plus vaste de la scène, tout est filmé intelligemment et c’est bien là l’essentiel ! Le son proposé en trois pistes (PCM stéréo, 5.1 et DTS) est tout simplement grandiose : le DTS vous permet de vous plonger complètement dans l’ambiance du concert et ce dès les premières minutes : vous faites alors partie de la foule en délire ! La guitare d’Edge, la basse d’Adam, la batterie de Larry et la voix de Bono prennent une ampleur vraiment différente par rapport à la simple VHS et rien que pour cela l’achat du dvd est amplement justifié !

Le champ visuel moyen de l’œil humain est de 270% et le « Zoo Tv » ne laissera aucun répit à nos rétines : des messages et informations de masse diffusés à tout va pour bien pénétrer votre esprit, des images d’anéantissement côtoyant des slogans publicitaires, des flots de lumière à l’embrasement de la scène en passant par les projecteurs des fameuses Trabans suspendues en l’air, le jeu des caméras… Où regarder ? Et quoi regarder ? La confusion est totale et tout est fait pour que le spectateur perde pieds: WATCH MORE TV !
Si les écrans déversent leur lot d’information tels des télévisions manipulateurs de pensée, ils permettent aussi de suivre le groupe : Bono jouant bien souvent la rock star mégalo face à une caméra désinhibitrice, des plans sur Edge et sa guitare et sur le reste du groupe… Des moments d’émotion aussi lorsque le satellite retransmet progressivement l’image de Lou Reed pour un sublime duo sur « Satellite of Love » ou bien la caméra qui saisit le regard poignant et embué de larmes de Larry sur « Where the Streets have no name»…

Deux heures de show donc et l’on reste fasciné par tant de grandiloquence avec un Bono qui excelle avec aisance : du pur théâtre, un cow boy qui devient une véritable rock star… De son entrée sur scène en imitant le salut nazi du Docteur Folamour à son regard critique et ironique sur la télé du monde, zappant çà et là sur quelques chaînes du pays… Du G.I dérouté à l’intervention du Mister MacPhisto se préparant dans sa loge pour se rendre enfin sur scène, cynique et en manque d’amour n’hésitant pas à appeler un taxi et à chantonner « Show me the way to go home »… Costume doré pailleté jusqu’aux chaussures, cornes sur la tête et d’inviter une demoiselle à venir se lover sur son épaule, joue contre joue durant le magnifique « Love is Blindness ». Des sentiments en discordance ! Et si la réponse à tous les maux de haine était dans l’amour ?
« I believe in Love » dira Bono lors d’une interview…

La setlist fait la part belle aux deux derniers albums de l’époque et il faudra attendre seulement le huitième morceau pour entendre un des anciens titres des Irlandais « New Year’s Day » suivi un peu plus tard d’un
« Angel Of Harlem » joué en semi acoustique sur l’avant scène. Mais c’est dans l’enchaînement « Bullet The Blue Sky / Running To Stand Still / Where The Streets Have No Name » que le concert atteint son apogée. Un régal aussi bien visuel que sonore avec la voix de Bono alors en pleine splendeur : son fameux et bouleversant
« Alléluia » accompagné ensuite d’un harmonica n’en finira plus de vous arracher des frissons. De purs moments de bonheur vocal aussi lorsque sa voix vient chercher les notes les plus aigues sur « Mysterious Ways » ou le terrible « Lemon ».
Une setlist finalement bien équilibrée avec des instants de pur rock (« Even Better Than The real thing »,
« Until The End Of The World », « Dirty Day », « Bullet the Blue Sky ») où Edge s’en donne à cœur joie et des moments de grâce aussi avec ces divines reprises que sont « Unchained Melody » et « Can’t Help Falling In Love » et l’éternel « With or Without You ».

La meilleure tournée de U2 ? Oui je pense qu’on peut le dire… J’ai eu la chance d’assister au concert de Marseille et si les images d’un dvd ne peuvent remplacer les émotions vécues en direct lors d’un tel show, j’y ai trouvé de belles traces de souvenirs désormais indélébiles. Un must à posséder bien évidemment !


Après le concert, quelques bonus sur le deuxième disque :

1- Les bonus tracks : 4 titres tournés en format amateur : les deux premiers saisis lors des concerts donnés à New York le 29 et 30 Août 1992 avec un agréable « Tryin’ to Throw Your Arms Around The World » avec un Bono hilarant, bouteille de champagne à la main, dansant une fois de plus avec des spectatrices. Sur le montage, on remarquera alors que le bonhomme sait bien choisir ses partenaires ! « Desire » ensuite montrant l’artiste en une sorte de cow boy prédicateur costume tout gris doré pour signe de richesse et de pouvoir… Les deux suivants « The Fly » avec défilement des différents messages sur l’écran et « Even Better Than The Real Thing » et son film de tests nucléaires en arrière plan seront capturés à Manchester le 19 Juin 1992…

2- Les documentaires : au nombre de trois… Sympathiques mais sans vraiment être de consistance… Sous titrage en français !
- A Fistful of Zoo Tv : un petit reportage de 8 minutes seulement sur la tournée et sa construction, des extraits de différents concerts, une petite interview de Bono…
- Zoo Tv – The Inside Story : visite de la régie avec Edge, un vrai studio de télévision… Brian Eno nous parlera de sa vision de la tournée et principalement sur le concept des écrans : ne pas filmer seulement le groupe en action mais le fondre dans les images…
- Trabantland : un documentaire sur les fameuses Trabant et des passages dans les rues de Berlin, ville où a été enregistré « Achtung Baby »… Histoire de la pochette du disque…

3- Les extras :
- Video Confessional : quelques confessions, parfois bien salaces, de spectateurs invités à entrer dans la cabine à confession située au milieu de la fosse… Le pouvoir de la caméra une fois de plus qui lève toute inhibition et permet toute révélation… Et les Français à ce jeu là ne sont peut être pas les moins bons !
- Un karaoké de « Numb » avec images du concert… Essayez d’interpréter le morceau : si vous y arriver sans bafouiller, vous aurez alors toute mon estime !! Fou rire garanti…
- Des bonus Pc : écrans de veille et fonds d’écran.
- Dvd Credits : remerciements,…

A noter aussi la présence de quelques bonus cachés dont un reportage de 25 minutes sur l’histoire du groupe… Allez, on vous laisse le soin de les chercher !... De ce côté-là : cliquez ici