L'humeur étant, aujourd'hui, maussade (la pluie, l'heure d'hiver, tout çaaaa…), continuons dans le coup de gueule, avec la présentatrice à la mode, j'ai nommé Flavie Flament. Celle-ci présentait, samedi 30 octobre 2004, « Ensemble avec les 500 choristes ». Certes, nous ne nous attendions pas à du Therion ou du Rhapsody, mais notre ouverture d'esprit et notre goût des belles voix nous a amené à passer un moment devant cette émission hautement familiale… Deux points nous ont particulièrement agacé et n'ont fait qu'accentuer notre rancœur historique vis-à-vis de la télé grand public et de son traitement de la musique.
Le premier sujet d'énervement provient de la musique elle-même.
Certes, les artistes présents étaient, dans leur majorité, des références dans le milieu de la chanson variété. Néanmoins, la majestuosité annoncée du chœur de 500 personnes s'est avérée excessivement décevante : c'est une bonne chose que de disposer de 500 voix, mais encore faudrait-il les employer de façon appropriée pour faire profiter l'auditeur de la richesse autorisée par un tel chœur ! En effet, sur la totalité des chansons (sauf deux, nous y reviendrons), les 500 choristes ont tous chanté la même mélodie à l'unisson ! Une chorale digne de ce nom, c'est comme un orchestre classique, c'est l'addition de plusieurs instruments, de plusieurs sonorités, de plusieurs mélodies qui lui donne son intérêt ! Oserions-nous imaginer un orchestre symphonique dans lequel chaque instrument, du premier violon au hautbois, du cor à la harpe, de la contrebasse au xylophone, jouerait la même partition ? Quel est l'intérêt de rassembler 500 personnes si le rendu n'est pas supérieur à celui de 5 choristes de balloche ?
Certes, il est certainement complexe, logistiquement parlant, de préparer et de faire fusionner une quinzaine de chorales différentes, mais celles-ci ont prouvé sur le morceau « Ensemble », de Jean-Jacques Goldman, qu'elles avaient la capacité à faire preuve des qualités citées plus haut, sous réserve qu'on se donne la peine de leur fournir une partition digne de ce nom… Il faut dire que cette chanson a été, à l'origine, composée exprès à l'attention d'une chorale de 1000 personnes, si bien que l'alliance et le décalage des voix lead en canon et du chœur surpuissant, fait, comme nous l'attendions de la totalité de l'émission, mouche.
La chanson générique du film « Les Choristes » a également fait figure de contre exemple, avec une utilisation pertinente de toute la gamme des tonalités de voix disponibles et de mélodies entremêlées avec succès.
Nous passerons rapidement sur l'épisode pitoyable « YMCA / Star Academy », avec Houcine l'ex-future star déguisé en Poncherello (« C.H.I.P.S » !), Mathieu Gonet en cowboy et Oscar Sisto en « pédé-cuir-moustache », le tout soutenu par 500 choristes réduits à scander « Young men ! » et « YMCA ! » …
Outre la déception musicale, le discours de Flavie Flament s'est rapidement avéré insupportable.
On a l'habitude d'assister, dans ce genre d'émission, à un débalage dégoulinant de bons sentiments, de qualificatifs lénifiants et douceureux, à un passage de pommade permanent, à un « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » de rigueur, comme si les exaltées Lara Fabian et Céline Dion (« chuis tellement contente d'être lô ! ») avaient marqué de leur empreinte tous les plateaux télé français. Mais quand le ton mielleux s'allie à une autosatisfaction constante et exacerbée de la présentatrice, nous crions STOP !
Flavie Flament ne demande pas au public d'applaudir Chimène Badi, elle lui demande de « faire un triomphe à une des plus grandes voix de la chanson française », elle n'annonce pas le prochain morceau de Michal et Elodie, elle introduit « un grand moment de télévision », elle ne demande pas à Laam son ressenti sur sa prestation, elle lui fait confirmer « l'immense pied qu'elle a pris ». Ce n'est pas à elle de s'extasier devant la beauté de son émission, c'est éventuellement à nous, public, de le faire. Ses affirmations n'engagent qu'elles, et quand elle assure que « nous devons être transportés, devant notre téléviseur », nous bondissons et lui demandons un peu d'humilité et d'objectivité.
Non, Mlle Flament, nous n'avons pas aimé votre émission, nous nous en sommes expliqués, mais, surtout, nous n'avons pas aimé votre consensualité et votre autosatisfaction aussi révoltante que, dans le cas précis, peu justifiée !