Des mains des humains, les poupées sont sculptées. Figées, momifiées selon l'instant. La cire et la cellophane modèlent leurs corps. Un semblant de vie mais elles ne s'animeront jamais. A quoi songent-elles, ces figurines plongées dans leur coma artificiel? Leurs coeurs, si froids, ne laissent entendre aucune pulsation. Et pourtant, dans leur silence, elles pourraient bien venir vous parler...

Il y a quelque chose de vitale dans la musique de Machina Deus Ex. De captivant. Presque indescriptible. Dès les premières notes jusqu'aux toutes dernières, l'auditeur se retrouve plongé dans un trip émotionnel, quasi affectif, qui vient vous bouleverser dans votre propre intimité. Les traumas distillés à forte dose de guitares rageuses, riffs acérés. Des cris exutoires comme celui lâché sur 'Enioreh Ym' (My heroine). La plupart des compositions reflètent d'un état introspectif mouvementé. Les âmes lourdement chargées d'un monde où les sentiments préfabriqués témoignent d'un mal être. Branché l'électrogramme, l'activité cérébrale est alors en pleine effervescence pour plus de cinquante cinq minutes de sons hybridés.

Un savant mélange métal-goth électro pour caractériser la musique de ce combo versaillais. L'alliance des machines électroniques et des guitares nous rapproche ainsi d'un son rock volontairement atmosphérique où les nappes éthérées de clavier se mêlent aux sursauts des guitares colériques. Sans aucun abus, la musique comme les compositions du groupe sont alors parfaitement maîtrisées. Ce qui impressionne chez Machina Deus Ex est cette habilité de passer d'un état lancinant, quasi mélancolique à un accès brutal de fièvre. Ce qui pourrait paraître déconcertant aux premiers abords se révèle particulièrement efficace dans ces compositions où la métamorphose agit bien souvent au sein du même morceau. 'N.W', 'Carcinogenic' ou 'On The Verge' en sont les parfaits exemples.
Énergiques comme 'Favorite Slave', le morceau le plus indus. de l'album ou comme cet excellent 'Deep Coma' où les beats électro viennent vous plonger dans un état hypnotique et la guitare de vous faire headbanguer. Il faut alors plusieurs écoutes et être attentif aux moindres sons pour capter toute la richesse et beauté de ces Figurines.

Aux titres rythmiques,certains plus aérés comme le très beau et mélancolique 'So tired'. Point de véritables ballades toutefois, l'acoustique n'étant pas de mise sur cet album. Même dans les morceaux les plus calmes, une certaine rage demeure. Le mariage des voix contraste d' une voix féminine douce et mélancolique à une voix masculine au timbre éraillé et rageur. Bien souvent complémentaires l'une à l'autre, entre apesanteur et puissance. Une parfaite harmonie aussi comme sur les refrains de 'On the Verge' ou de 'Together' chantés des deux voix. Ajoutez à cela quelques voix samplées pour des ambiances encore plus atmosphériques. Rien de superflu, Machina Deus Ex sait parfaitement où nous mener. D'un monde à l'autre... Au final, un album ambitieux et remarquablement bien produit par un groupe attachant et fort prometteur pour les aventures à venir.

"La musique est la langue des émotions" écrivait Emmanuel Kant. Quelques siècles plus tard, la musique a certes évolué mais le constat est le même: la musique est belle et bien la langue des émotions. Plonger dans l'univers de Machina Deus Ex pour ranimer les figurines... Dans cette urgence de vouloir vivre et exister...