Le fils de Frank Zappa, Dweezil, a fait deux constatations. Son père est un génie et sa musique n’est plus jouée par personne. Il a raison sur un point mais pour le reste il a bien mal regardé.

Il est donc tout à fait exact que Frank Zappa est un musicien majeur du 20ème siècle, mais son œuvre reste tout de même bien vivante et elle est reprise (très) régulièrement. Notons quand même l'existence de disques complets de reprises du moustachu de Baltimore (LeBocal, Ensemble Modern, Pierre-Jean Gaucher, Bernard Struber, par exemple) ainsi que des albums complets faits "à la manière de" (Marc Guillemot ou Hoppy Kamiyama). Au contraire de ce que pense Dweezil, son père continue à être une référence majeure et une balise dans la musique d’aujourd’hui.

Ceci dit, force est de constater que le créateur de 200 Motels est surtout joué par des musiciens de jazz ou classico-contemporain. Dans le rock, son héritage est finalement moins présent. Peut-être (sans doute) est-ce dû à la complexité de ses rythmes et de ses mélodies inchantables ??

Dweezil, excellent guitariste, a donc décidé de jouer la musique de son père live pour porter la bonne parole. Il a engagé un groupe de jeunes musiciens bourrés de talent, les a fait répéter inlassablement et réussi à motiver quelques anciens compagnons de Zappa senior pour l’accompagner ; en l’occurrence, Napoleon Murphy Brock, Terry Bozzio et Steve Vai.

Zappa plays Zappa résume un concert fleuve de cette formation. Les shows durent à peu près trois heures et sont divisés en deux parties. Tout d’abord, une première moitié présente le groupe dirigé par Dweezil épaulé par Napoleon Murphy Brock au chant. Puis, les deux stars arrivent chacun leur tour pour finir le concert. C'est structure se retrouve sur le disque : le batteur et le guitariste jouent tous les deux à partir de The Black Page #2.

Les morceaux sont tous remarquablement interprétés. Toutes les subtilités, les changements de rythme sont là et on se croirait presque à la grande époque, sauf évidemment la voix qui est bien différente de celle de Frank, ce qui donne une impression étrange parfois ! Malheureusement, il manque un petit quelque chose.

Frank Zappa avait une manière d’interpréter ses morceaux avec un sourire en coin, un humour que l’on ne retrouve pas ici. Dweezil, en bon fils, reste dans l’hommage à son père et ne s'amuse jamais avec cette musique qui ne demande que cela. C’est dommage, surtout au vu de la qualité technique des interprètes.

Il y a quand même quelques très bons passages comme l’intervention de Bozzio dans The Black Page #2 ou le solo de Vai sur ce morceau fou qu’est Zomby Woof, ou encore la belle version de Peaches en Regalia à ma connaissance rarement joué par Frank lui-même.

Finalement, Dweezil est resté beaucoup trop respectueux de son père pour faire quelque chose de vraiment intéressant de tout ce matériel. Zappa plays Zappa reste une bonne porte d'entrée dans l’univers Zappaïen mais quitte à écouter Zappa autant se mettre aux albums originaux ou aux fêlés du jazz qui, eux, ont quelque chose de neuf à apporter à ces compositions.


PS : Zappa plays Zappa existe aussi en double DVD avec l’intégralité d'un concert (mais uniquement en Zone 1 pour le moment). Il existe aussi un fan-pack, soit une version 5 disques avec les 2 DVD et 3 CD comprenant l’intégralité audio du concert.