Judas Priest - Nostradamus (juin 2008)
site officiel : http://judaspriest.com/ - autre site : http://www.myspace.com/judaspriest/
Disque 1
1. Dawn of Creation
2. Prophecy
3. Awakening
4. Revelations
5. Four Horsemen
6. War
7. Sands of Time
8. Pestilence and Plague
9. Death
10. Peace
11. Conquest
12. Lost Love
13. Persecution

Disque 2
1. Solitude
2. Exiled
3. Alone
4. Shadows in the Flame
5. Visions
6. Hope
7. New Beginnings
8. Calm Before the Storm
9. Nostradamus
10. Future of Mankind
 
Ainsi donc voici Nostradamus, le tant attendu nouvel album de la légende du metal qu'est Judas Priest. Depuis le retour de Rob Halford, le groupe a regagné quelques galons perdus avec l'intérim du "clone" Ripper Owens et les deux albums auxquels il participa qui, sans être foncièrement mauvais, n'étaient pas particulièrement enthousiasmants... La précédente galette du Priest, Angel Of Retribution, avait, bien évidemment créé un gros buzz dans la communauté metal tant le retour d'Halford était attendu. Force est de constater que, malgré ses bons moments, l'album s'était avéré quelque peu décevant. Il était bon, cependant, de retrouver la vraie voix du groupe même si on pouvais regretter le peu d'ambition que semblait habiter l'album... Or donc, quand il fut annoncé que Nostradamus, 16 ème album de ces papys du riff clouté, serait un concept album, durerait plus de 100 minutes (!!!) et quand, surtout, l'extrait éponyme fut révélé, on sentit frémir d'excitation tous les chevelus de la planète. Il faut dire que Nostradamus, le titre, avec son penchant opératique, sa rythmique surpuissante et sa ligne de chant de haute volée faisait salement saliver ! L'attente fut donc longue et fébrile mais, enfin !, il est là ce satané album !!!

Déjà, il est bon de voir un groupe établi, pour qui il aurait été si facile de ne faire qu'un nouvel album, se risquer dans une entreprise si ambitieuse qu'un double album conceptuel. On peut, cependant, légitimement se demander si ils ont su relever le challenge et là, je ne puis que le dire tristement, la déception est au rendez-vous. Pas que cet album soit intégralement raté, il serait excessif de le prétendre, simplement que ce n'est sans doute pas ce que ceux qui suivent fidèlement le groupe depuis des années en attendait... Première constatation, et surprise, il faut bien le dire, les guitares son étonnamment discrètes sur ce nouvel album, la part belle étant donné aux claviers et arrangements orchestraux pour un résultat, il faut bien le dire, quelque peu pompeux (euphémisme). Bien évidemment, Rob est, comme à l'accoutumé, en belle forme vocale. Certes les stridences du passé sont à remiser au rayon des souvenirs mais, personnellement, ce n'est pas quelque chose que je regrette ayant toujours préféré le registre naturel du sieur Halford à ses excès suraigus.

Mais détaillons un peu la galette et passons rapidement sur "Dawn Of Creation", intro atmosphérico-classisante qui en rappelle tant d'autres de formations bien plus mineures que le Priest. "Prophecy" la première chanson n'est pas l'explosion à laquelle on était en droit de s'attendre, un morceau lent, qui se refuse à réellement décoller, encombré qu'il est de nappes pataudes et d'une mélodie pas franchement mémorable. Suit un interlude sans grande utilité autre que d'installer un pseudo-climat de grandeur. "Revelations", piste numéro quatre, a au moins le mérite de riffer un peu plus et sur un rythme légèrement plus enlevé. Malgré tout, on constate cette fois encore la maladresse d'une ligne de chant sans grande saveur et des arrangements par trop ampoulés et artificiels pour être efficaces. Tout juste si on notera un intermède guitaristique, trop court, où quelques notes de guitares hispanisantes s'égrènent joliment mais ce n'est que pour repartir sur une paire de soli d'une crasse inutilité et revenir, en baillant, à la ligne mélodique principale du morceau, suivant donc. "The Four Horsemen" est encore un interlude où Halford, comme sur le précédant vocalise sans qu'aucune émotion ne nous atteigne vraiment. "War" suit et c'est encore une fois une certaine consternation qui nous prend. Encore une mélodie peu remarquable, encore ces arrangements orchestraux plats, encore un titre qui ne décolle pas et ce ne sont pas les bruitages théâtraux, destinés à évoquer la-dite guerre du titre qui y changeront grand chose. Fidèle à son schéma d'alternance, le Priest enchaîne, encore !, sur un de ces interludes chanté ni vraiment vilain ni vraiment beau qui semblent être la ponctuation de l'album. A tout prendre, on aurait préféré arriver directement sur "Pestilence In Plague" où, alléluia, le groupe retrouve un peu de mordant. Là aussi, ce n'est pas un futur classique qui nous est proposé mais au moins sentons-nous nos paupières alourdies se relever. Et, le fait est que, alors qu'on est déjà bien avancé dans l'album, on salue cette composition, finalement moyenne, comme une renaissance. C'est dire l'ennui de ce qui a précédé... "Death", sept minutes et demi au compteur, affiche une alternance de lourdeur quasi-Sabbathienne et de passages plus aériens. Je n'ai, personnellement, rien contre ce genre de structure... Quand la composition est de qualité. Ce n'est, malheureusement, pas le cas ici malgré un effort louable pour rendre plus discrets les "synthé-cordes", dommage. Il faut, tout de même, noter l'emballement qui surgit sur la partie solo sorte de petit réveil hélas trop téléphoné. Et on repart dans une nouvelle transition courte dont on finit par se demander si elles n'ont pas été ainsi disposées pour, finalement, anesthésier notre sens critique. Heureusement que je suis résistant, on ne m'aura pas comme ça ! "Conquest", qui suit, n'est pas une grande chanson non plus on y retrouve cependant plus de dynamisme et un certain cousinage avec "Touch Of Evil" (de l'album "Painkiller"), en moins percutant et mélodiquement décisif, pas mauvais toutefois et, donc, une relative bonne surprise malheureusement suivi par les quatre grosses minutes du soporifique "Lost Love", sorte de ballade qui aurait pu, aurait dû être bien meilleure, elle en avait le potentiel mélodique, si elle avait, tôt ou tard, pris son envol via l'entrée de la section rythmique qui en est cruellement absente. Le dernier titre de ce premier cd, "Persecution" est le morceau le plus "Priestien" jusqu'à présent. Encore une fois, ce n'est pas une grande chanson mais le rythme (mid to up tempo) y est relativement soutenu et les guitares y riffent enfin ! Vous avouerez que c'est peu pour 56 minutes de musique... Aussi ne vous ferais-je pas l'affront de rentrer, pour le second cd, dans une pareille revue d'effectif... Tout juste me contenterais-je d'en sortir les meilleurs moments qui ont pour titres "Exiled" où Rob vocalise fort bien, "Visions" au refrain bien accrocheur, "Nostradamus" la meilleure chanson, et de loin, de l'album (pas étonnant qu'elle ait été choisie comme teaser) et "Future Of Mankind" qui, sans être transcendant, termine cet album ô combien décevant sur une note positive.

In fine, c'est un album vieillot voire carrément poussif par moment que Judas Priest nous a délivré. Là où on aurait aimé s'écrier que la réussite était complète on se fait un peu chier... Alors, certes, il y a de, trop rares, bon moments. Certes, l'effort de renouvellement est louable. Tout ceci aurait tout de même gagné à être condensé en une sélection de 45 minutes ce qui l'aurait sans doute rendu plus digeste. Ce n'est, donc, pas une oeuvre de référence d'un groupe à l'avenir encore radieux qu'on a ici mais plus un album inutile dans la riche discographie d'un grand du métal pour qui l'âge de la retraite est peut-être venu... Hélas...
 
par Stefan
14 juin 2008
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