King Crimson a 40 ans cette année. Robert Fripp a donc décidé de fêter dignement cet événement par une série de concerts ayant eu lieu cet été dans quelques villes des Etats-Unis. Comme Crimson ne peut rien faire comme les autres, le groupe a joué avec un line-up inédit : deux guitaristes, un bassiste et deux batteurs.
Nous avons donc retrouvé Adrian Belew (guitare, voix), Pat Mastelotto (batterie) et Robert Fripp (guitare, soundscapes) issus de l’incarnation précédente, défunte en 2003 après la démission du virtuose Trey Gunn (basse, stick). Il est donc remplacé par le grand Tony Levin, de retour après une dizaine d’années d’absence. Et puis, un petit nouveau : Gavin Harrison, l’excellent batteur de Porcupine Tree.
Pour l’instant, on ne sait pas si ce line-up continuera et proposera de nouveaux morceaux. En attendant, il est possible de se procurer un concert intégral via le site de téléchargement officiel de Robert Fripp : www.dgmlive.com. Il s’agit donc du show donné le 7 août à Chicago. Le tout est disponible en mp3 ou flac avec un son impeccable.
Le répertoire interprété fait la part belle aux albums Discipline et Thrak qui ne remplissent pas moins de la moitié du set. On est assez loin du nuovo metal joué lors de la formation avec Trey Gunn mais la musique n’en est pas moins agressive tout en étant légèrement moins oppressante.
Depuis presque trente ans que Belew joue avec Crimson, la marque de fabrique du groupe reste les entrelacs incessants des deux guitaristes. Avec ce nouveau groupe, Fripp a manifestement imaginé la même chose pour les percussions ; il est parfois difficile de savoir qui joue quoi. Les nombreux duos de batterie parsemés durant tout le set sont très musicaux et ne cèdent en rien à la démonstration technique, écueil habituel pour ce type de duo. Au contraire, Mastelotto et Harrison s’entendent très bien et se complètent parfaitement, peut-être même mieux que la paire Mastelotto/Bruford du groupe de 1996.
Evidemment, changer le line-up oblige quelque peu à revoir l’orchestration des morceaux. Les rythmiques se sont donc complexifiées (Three of a perfect pair, Frame by frame…) ; les morceaux gagnent réellement en puissance et en dynamique comme les vieux Red et Larks’ Tongues in Aspic ressortis pour l’occasion et toujours aussi inusables. Sur Level Five, ce sont certains chocs rythmiques réalisés par les guitares sur les versions antérieures qui sont ici remplacés par les batteries.
Bref, tous les morceaux retrouvent une jeunesse et cette relecture de ce répertoire énorme est même assez jouissif parfois. La seule chose que je regrette, c’est le manque d’improvisations (ce qui était un des points forts de la formation de2003). Mais, il s’agit d’une première sortie alors…
Reste donc à attendre fébrilement les annonces concernant ce groupe unique : la disparition définitive ou des nouveaux morceaux avec peut-être un nouvel album à la clé. A priori, Fripp n’a pas encore choisi, espérons qu’il penche pour la deuxième option car des morceaux avec une telle formation et une telle force de frappe ne peut qu’attiser une certaine excitation. A suivre (j’espère)… |