Ce gars là est épatant ! Quel guitariste !
Thomas Dutronc, fils de Jacques, faisait son trou depuis une dizaine d’années dans la composition et l’interprétation de plusieurs musiques de films ainsi que dans le milieu du Jazz, manouche notamment, en intégrant durant une année le Gipsy Project très grand Biréli Lagrène. En 2008, il se lance en solo avec ce brillant effort « Comme un Manouche sans guitare ».
Cet album est un mélange dense d'instrumentaux bouillants et de chansons poétiques, satyriques et légères, d’une totale fraîcheur ! Et, pour vraiment se démarquer des autres productions françaises actuelles, Dutronc y ajoute un grand talent musical, des instrumentistes passionnés et une virtuosité et un esprit jazz-manouche de grande qualité. Tout cela concocté dans une bonne humeur et une franche camaraderie nous offre un vrai grand moment de musique. Bien sûr, tout le monde à déjà entendu certains extraits comme l’entrainant titre éponyme (souvent sublimé en public), le gonflé « J’aime plus Paris » (avec un clin d’œil au célèbre titre de papa) ou le plus gai « Jeune, je ne savais rien », qui rappelle beaucoup le débit de son père Jacques. Mais ne nous méprenons pas, rien n’est moyen ou décevant ici. Les instrumentaux, composés par le maître ou empruntés aux plus grands nous plongent avec délice tour à tour dans un vieux bar new yorkais ( le bluesy September song ou le swinguant China Boy) ou autour d’un feu de camp tzigane.
Le guilleret « J’suis pas d’ici » se voit gratifié d’un joli solo de saxophone ; « Solitaire » voit notre chanteur partager le micro avec la fragile Marie Modiano. Sur le satyrique « Nasdaq », construit sur des jeux de mots légers et piquants, c’est Christina Reali qui vient poser sa voix parlée. Quelques titres calment le jeu comme « Je les veux toutes » et « Viens dans mon île », très bien écrites et inspirées.
Puis on trouve aussi au milieu de tout cela des ovnis avec l’improbable « Les Frites Bordel », le curieux « Le Houdon Jazz Bar », interlude non musical et le très hispanique « Canzone Per Maria », interprété par Antoine Tatich.
Cet album, très visuel (on retrouve ici les ambiances taillées pour des films) grouille de violon, clarinette, orgue, gargarismes, dobro, harmonium, banjo toujours apportés avec parcimonie et bon goût. Et bien sur, il grouille de guitares, nylon et électrique (Mathieu Chedid s’invite ça et là) et jouées avec une technique et un feeling qui nous rend fier de nos musiciens français ! Oui Monsieur ! et c'est pas les gratteux qui viendront se plaindre d'une telle virtuosité !
Cet album mérite vraiment l’attention et le succès qu’il a remporté auprès du public (averti ou non) et des critiques : une bouffée d’air frai à faire pâlir les professionnels de chez Ricola ! |