Devin Townsend - Ki (mai 2009)
site officiel : http://www.devintownsend.com - autre site : http://www.myspace.com/devintownsenddtb
1. A Monday
2. Coast
3. Disruptr
4. Gato
5. Terminal
6. Heaven Send
7. Ain't Never Gonna Win...
8. Winter
9. Trainfire
10. Lady Helen
11. Ki
12. Quiet Riot
13. Demon League
 
Cela faisait deux ans que nous n’avions pas eu de nouvelle musicale du grand Devin Townsend. La dernière fois, c’était pour la promo de « Ziltoid, The Omnicient ». La presse et les fans découvraient alors un artiste abimé, fatigué et qui semblait vouloir tout plaquer.
C’est plus ou moins ce qu’il a fait ! Et s’il nous revient aujourd’hui, tout beau tout neuf après un sevrage nécessaire, et l’affirmation de sa paternité, c’est non pas pour nous offrir un album, mais quatre ! ! ! C’est Inside Out qui va être content. En effet, le gars a composé 65 chansons sur une année, en a gardé 47, d’horizons aussi variés que le rock, le bluegrass, la pop, la techno (ah oui ?! tout de même !), le classique ou le heavy (Haaaaaa ! Tout de même !). Le mieux, pour ne pas monter un truc trop lourd et sans queue ni tête était de faire 4 albums.

Ki, est donc en toute logique, le premier volet de cette salve de concept-albums qui devraient tous sortir en 2009 et dont un serait très orienté Strapping Young Lad.
Comme je vous le disais plus haut, Devin a changé, il dit s’être libéré de cette image de méchant métalleux rebel qu’il se sentait obligé de véhiculer à l’époque. Il s’est par là même libéré du carcan musical dans lequel il se sentait coincé (pour les autres pensées torturées ou philosophiques, lisez une interview récente du bonhomme) et nous revient avec un album sans frontière entre rock, métal et touches electro ; loin, très loin de ce qu’il a pu produire en son temps avec Strapping Young Lad ou le Devin Townsend Band, et tant pis si ça ne plait pas aux aficionados, Devin en a décidé ainsi.

Côté line-up, le maître annonce que chaque album sera enregistré avec des musiciens différents. Pour l’heure, c’est Dave Young (ultime rescapé des aventures passés) qui s’occupe des claviers, Jean Savoie à la basse et Duris Maxwell (jazzman émérite, qui a joué avec The Temptations, Hendrix et Jean Pass) à la batterie. Ce dernier apporte d’ailleurs une grosse plus value à l’album avec son jeu unique entre swing et groove, force et finesse (et dire que la prise de son est bonne est un doux euphémisme). En tout cas, moi, j’adore ! La basse elle aussi est bien présente, lourde et ronde. Cette section rythmique dégage une chaleur et une présence sans égale dans la carrière du guitariste chanteur. On revient trente ans en arrière, sans déluge de note ni double pédale, là où les silences sont aussi importants que les notes jouées (ce n’est pas moi qui le dit, je cite Townsend himself). L’ écoute du single « Gato » résume à elle seule mes propos.

Ki, album au son très organique, est composé de 13 titres :
« A Monday » nous ouvre les portes d’un univers artistique riche dans une ambiance que n’aurait pas reniée le Badalamenti de Twin Peaks, avec les accords éthérés et résonnants d’une guitare seule.
Le suivant, « Coast », lance le rythme et possède une ligne de basse hypnotique et addictive ! On ne s’en lasse pas ! La rythmique effectue un gros travail sur ce titre, un de mes favoris à ce jour.
« Disruptr » s’annonce d’entrée très lourd, on ne rigole plus ! La tension permanente du bazar nous prend, on sent une violence qui cherche à exploser en growl et guitare saturée, toujours sans succès. Le titre s’achève finalement avec une sorte de frustration contenue. On comprend au bout de trois titres que cet album va décidément nous surprendre, et que nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
« Gato » fut choisi comme single mais bien d’autres titres auraient pu prendre cette place. Le chant féminin constitue avec la ligne de guitare allant crescendo dans la puissance, le fil rouge ce titre.
« Terminal » s’invite alors pour de nouveau apaiser l’auditeur. C’est un titre très délicat dans lequel se mélange la sombre mélancolie d’un Roger Waters et la grâce aérienne d’un Gilmour (ça ne vous rappelle rien ?). Devin nous émerveille ! Quel artiste !
« Heaven Send » relance la machine avec ses relents de rock indépendant, sa bonne ligne de basse, un chant partagé entre grosse voix fâchée et douce voix féminine et un superbe solo de guitare. Et quand c’est fini, c’est pas fini et la violence éclate enfin, en douceur ! ?
« Ain’t Never Gonna Win » est un entracte porté par le jeu très typé de Duris Maxwell, « scattant » entre blues et soul. « Winter » arrive dans la foulée mais sans réelle accroche pour le coup (c’est tout personnel) et en dehors de la rythmique qui joue à chat, on est un poil en dessous du reste.
« Trainfire » est un rock n’roll plus vrai que nature parsemé de passages bien appuyés, doté d’un refrain très moderne et s’achevant de manière originale.
Les quatre derniers titres s’enchaînent un peu comme une suite à la fois apaisante, positive, gaie par moment (Quiet Riot et sa gratte sèche, dans lequel la voix de Devin s'approche d'un Nick Barett). Les voix et chœurs sont touchants, la batterie se fait très discrète. On pense parfois à Spock’s Berad, au Floyd période « Division Bell » avec la superbe ballade « Lady Helen », à Mike Oldfield lors de cette montée en puissance divine et progressive, par le cumul de multiples couches musicales se répétant en boléro, sur l’éponyme « Ki » : un moment fort de l'album !

Surprenant, déstabilisant, ne laissant pas indifférent, cet album va passionner ou ennuyer profondément, risquant pour le coup de ne pas trouver sa place dans le monde musicale actuel. Moi, je fais partie de la première catégorie et il se pourrait bien que cet album soit en tête de liste pour l’année 2009. Très accessible, rapidement domptable, il continue cependant à nous surprendre et nous capturer au fil des écoutes.
Si simple et pourtant si bon ! C’est peut être ça le talent !
Ps : un petit + pour l’artwork tout en 3D et les paroles posées sur un papier transparent, c’est sympa. Vivement la suite !
 
par Mélanie
31 mai 2009
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