Steve Vai le rappelle largement à l’intérieur du livret. Un de ses rêves ultimes a toujours été de composer pour un orchestre symphonique. Et jouer avec. Les compositions présentées ici en sont d’ailleurs une preuve supplémentaire. Elles datent en effet de toutes les époques traversées par Ze guitar killer « Little Stevy Vai ! ». De la prime jeunesse Zappaïenne à la liberté totale de ces dernières années.
« Sound Theories » propose donc deux disques clairement distincts (Vol. I & II), les premiers d’une série que l’on peut d’ores et déjà envisager comme conséquente. Autre particularité, il s’agit d’enregistrements de concerts, capturés lors de quelques dates données en 2004 et 2005 avec le Metropole Orkest (Mister Vai en parlait d’ailleurs souvent en interview).
Le rock avec un orchestre, chacun possède son opinion. Stupidité éhontée, héritage de la prétention progueuse pour certains, lien ultime et rédhibitoire de la parenté wagnérienne pour d’autres. Camarade, aiguisez vos baïonnettes !
Après Deep Purple et sa première intéressante tentative, souvenons-nous donc du brillant « S&M » de Metallica. Parfait sur quelques titres, grandiose et heavy en diable. Un peu lourd et indigeste sur la durée. Respirons. Autre option, la pièce écrite « pour ». Yngwie Malmsteen nous gratifia ainsi d’un « Concerto » particulièrement réussi. Dans la plus pure tradition. Plus vraiment une fusion mais une intégration complète de la guitare dans le corpus dit « classique ». Enfin, le « cas » Dream Theater, ou l’intégration en accompagnement, pour souligner les moments opportuns, effacer les nappes synthétiques enfantées en studio. Toujours très réussi (« Score »).
Steve Vai se situe un peu au beau milieu de tout ceci et, lui aussi, réussit pleinement son coup. Rien d’inutile ou même raté. L’homme est trop brillant, plein de goût.
Pour le premier CD, Steve Vai est accompagné de l’orchestre. Relecture de certains morceaux de son riche répertoire mais aussi des titres inédits (attention, pas écrits pour l’occasion mais composés dans le passé dans le but de les réaliser un jour ainsi !). Les influences Zappa (le déglingué et fort rempli « The Attitude Song ») se font à nouveau grandement ressentir, jusque dans le choix des orchestrations. Forcément, pas mal de cuivres ;o) Si le sublime « Salamanders In The Sun » ou le pompeux « Liberty » se prêtaient de facto à l’exercice, l’hymne « For The Love Of God » en sort encore magnifié. La surprise résidant dans l’apparition tardive de la guitare.
La seconde rondelle pouvait, sur le papier, laisser dubitatif. Six pièces pour orchestre, Steve ne jouant pas sur ces morceaux malgré la présence de guitare ( !?!). Là où il aurait été hélas sérieux d’imaginer une pseudo BO d’un film de seconde zone, c’est une grande oeuvre qui nous est servie. Carrément ! De splendides sections, toutes plus variées les unes que les autres. Une des astuces permettant ce tour de force étant l’intégration, à doses homéopathiques, de quelques grands et petits thèmes Vaïens, clins d’oeil savoureux.
Vous l’aurez donc compris, non content d’être un fan pur et dur de l’excentrique extra-terrestre, j’admire voire adule aussi ses propositions orchestrales, sources de délires nécessairement exacerbés ;o)
Bien plus qu’un exercice de style ou un caprice assouvi, une réussite artistique.
Hats Off !!! |