Le festival des Fous de Joux, c’est avant tout le bébé de Tony « Bobens » Rondenet et Christophe Chamoreau, qui se sont démenés pendant plus de six mois, avec leur association « Monkey Prod », pour mettre en place la première édition de cette manifestation. Et l’on va vite se rendre compte, tout au long de cette soirée, que leurs efforts n’ont pas été vains et que leur organisation tient parfaitement la route !

Ainsi, c’est plus de 300 spectateurs payants qui garniront, ce soir, la salle des Fêtes flambant neuve de Joux, petit village verdoyant situé près de Tarare (69). Ceux-ci sont accueillis par quelques troubadours et échassiers, deux tatoueurs, ainsi que par le concert acoustique, mais intense, de « Racines Tortue », dont le « promis, demain, j’arrête de boire ! » de Tryo nous restera longtemps en tête…

C’est au groupe de votre serviteur, "Mother & Pearl", que revient l’honneur d’ouvrir les hostilités à 20h45.
Malgré le matériel qui l’encombre (5 groupes se produisent ce soir), la scène est d’une superficie respectable et d’une hauteur confortable pour le public. Nous attaquons, traditionnellement, par notre morceau d’ouverture « Intolerance ». Ce soir, il faut tout donner, tout de suite, car une demi-heure seulement est allouée aux quatre premiers groupes ! Et nous y parvenons sans peine, bien aidés par les conditions techniques (un semi-remorque complet de matos professionnel pour sonoriser et éclairer le festival !) et l’accueil du public.
Dès le deuxième titre, « My Favorite Sin », nos deux guitaristes Jeff et Olivier empoignent leurs 7 cordes pour envoyer du lourd jusqu’à la fin du concert ! Nos deux nouveaux titres « Still Alive » et « This Cruel World », montrent qu’ils sont taillés pour la scène, plus immédiats que nos premières compos. Une coupure de lumière pendant la fin de « Still Alive » vient mettre un peu de piquant au déroulement du concert ! Puis il est déjà temps de conclure avec « Everything For… », qui remplace au dernier moment l’épique « A New Failure », que nous avions prévu de jouer exceptionnellement avec Virginie du groupe Kells, malheureusement absente de dernière minute.
On en aurait bien repris un petit peu, en particulier Mathieu et Yoann, spécialement « maléfiques » dans leur interprétation ce soir !

Le trio croix-roussien (Lyon) "Art(é)tik" récupère la place encore chaude, pour délivrer un rock au son très chaud et très vintage (basse SG 1962 et gratte Gibson demi-caisse). Le couple Mia K. – Raph, remplit l’espace sonore sans difficulté, avec des parties de guitare riches et une voix grave et très particulière. On pourra noter la reprise, méconnaissable, du « Losing My Religion » de R.E.M, et la mise en place irréprochable de ce power trio tout sauf minimaliste.

L’organisation de concerts n’est pas le seul talent de Tony et Christophe, cités plus haut, puisque nous les retrouvons à la guitare et au chant dans le groupe "BloodyMary" ! Ces derniers donnent dans un rock / hard très théâtral, emmené par la personnalité explosive de Christophe, véritable bête de scène. Celui-ci, torse nu et tous tatouages dehors dès le premier morceau, vit ses morceaux à fond, se trémousse, se touche, se frotte à ses musiciens, et accapare l’attention du public instantanément. Il conclut le set en beauté avec un « Je Suis Dieu » grandiloquent, conclu par une présentation personnalisée de ses acolytes et des ingés-son !

La traditionnelle pause-bar entre deux concerts s’éternise un peu dans l’attente des jeunes lyonnais de "Transgunner" (l’arrivée d’un camion-pizza à côté de la salle tombe à point nommé !). Des réunions préparatoires aux balances, et jusqu’à l’heure du concert, ces derniers n’auront pas brillé par leur professionnalisme… Tout le contraire, pourtant, de leur prestation, intense et parfaitement maîtrisée. On peut ne pas aimer leur rock basique à la « BB Brunes » et leur dégaine légèrement hautaine, mais on ne peut nier que ces trois-là savent tenir une scène et que leurs morceaux sont accrocheurs !

La salle s’est un peu vidée depuis le début de soirée (on approche les minuit), et une fois de plus, les absents auront eu tort ! Car "Xx Mariani" va justifier à lui tout seul l’appellation de « Fous » de Joux, avec un concert d’une intensité et d’une furie rarement vus !
Le groupe est frénétique, joue sur des tempos élevés et met une énergie impressionnante au service de son noisy-grunge dévastateur. Les musiciens pogotent entre eux, se donnent comme si leur vie en dépendait, maltraitent leurs guitares et en tirent des sons inhumains, le tout, et c’est là le plus impressionnant, tout en restant parfaitement carrés et en s’arrêtant tous au millimètre ! Gageons qu’il doit y avoir derrière un sacré boulot de répétition pour que l’apparente spontanéité ne s’exprime pas au détriment de la mise en place ; ce qui serait, avec un autre groupe, un énorme bordel désorganisé, reste une impressionnante machine réellement maîtrisée, du chant hurlé jusqu’au moindre larsen de guitare. Mention spéciale à la section rythmique et à la basse énorme de Rémi (sur le titre « TGV », ils se permettent une imitation de bruit de train très convaincante !) qui construit une assise en béton armé aux digressions furibardes des deux gratteux / chanteurs.
L’humour n’est pas absent du monde de Xx Mariani, comme le prouvent la semi impro avec un spectateur émêché sur l’air de « J’ai une mycose anale ! » et l’appel au public pour filmer un titre sur un maximum de téléphones portables !
Qu’on ne me dise plus, après un concert de ce calibre, que le métal est un genre musical violent ! ;-)

Un grand merci à toute l’équipe d’organisation de ce festival (son, lumière, bénévoles…) qui, n’en doutons pas, en appelle d’autres !

PS : plus de photos prochainement, juste quelques images amateur de Mother & Pearl en attendant...