Marillion (+ Demians) - Le Transbordeur / Lyon (02/02/2009)
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SetList
 
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Lundi 2 février 2009, Marillion revient à Lyon après son chaud passage d’avril 2007. Le groupe reprend sa tournée, commencée fin 2008 en soutien de « Happiness is the road » son nouveau double album. Que dire sinon qu’effectivement le titre du dernier opus est à l’image de ce que proposent nos Britanniques ? Une grande bouffée de bonheur sur scène, partagée avec un Transbo encore une fois bien rempli et prêt à recevoir l’offrande d’une grande prestation. La soirée a débuté par une honorable première partie assurée par Demians, le projet métal-prog de Nicolas Chapel, malheureusement gâchée par un son mal réglé, brouillon et bruyant, qui ne permit pas à la voix du chanteur de se faire entendre.


Après une attente ressentie comme relativement courte (c’est ça aussi l’avantage d’être bien accompagné), les premières nappes se font entendre. « Dreamy Street » est lancée et de fort belle manière. Première étape d’une soirée qui s’annonce pour le moins réussie, en raison de la qualité du son, de l’interprétation et de la présence naturelle d’un Hogarth, nu-pied et paré d’une improbable tunique orientalisante, qui semble en pleine forme malgré ses dénégations futures. Trewavas comme à son habitude, toujours heureux d’être là, Rothery lance ses petits sourires au public, comme un clin d’œil de reconnaissance pour des copains vus il n’y a pas si longtemps que ça. L’ambiance s’annonce très chaude car la réaction du public est déjà franchement électrique. « This train is my life » est enchaînée et le groupe commence déjà, par son choix initial à préparer ce que sera le concert : un savant dosage entre sereine atmosphère enveloppante et puissance parfaitement maîtrisée. Bref, le résumé d’un dernier album réussi, belle synthèse des vingt dernières années pour le moins productives d’un groupe par essence pas tout à fait comme les autres... Après « Nothing fills the hole », Woke up vient confirmer que cet album est définitivement bon, mais annonce déjà la fin du premier chapitre en refermant temporairement la parenthèse HITR…


Beautiful, intermède presque folk, joué et rejoué depuis presque quinze ans, dénote un peu et vient casser la belle dynamique qui s’était mise en place jusqu’alors. On aurait pu souhaiter un autre morceau pour assurer la transition avec Fantastic place, toujours aussi belle par la puissance qu’elle dégage et l’émotion qui ressort de l’interprétation. H nous sort alors une guitare acoustique, saura-t-il en jouer, voudra-t-il juste la sortir en ornementation ? Elle lui sert surtout à attaquer le riff introductif de Thunder fly, manière de revenir au dernier opus. La fosse bouge, bat des mains, bref participe à un concert de rock pour lequel Rothery y va de son gros son, comme il sait le faire et le prouve épisodiquement.


Choix un peu étonnant au niveau de l’équilibre, quand on y réfléchit. En effet, l’enchaînement des trois titres montre une vraie diversité, de la chansonnette folkisante au riff rock’n’rollien, en passant par l’atmosphérique mélodique typique du groupe. La set-list, pourtant bien construite, trouve certainement ici sa (petite) faille principale, son écueil (?). Est-ce la difficulté de faire un choix (virer un classique, piocher dans un nouvel album) ou une volonté délibérée du groupe, peu importe. Pourquoi ? Simplement pour ce qui suit, à savoir une absence momentanée de raison, un temps suspendu comme le public le fut aux doigts de ses héros et aux lèvres de son héraut.


De planches de récital, la scène va muer en théâtre d’épopée. De temps, d’action et de lieu, telles sont les règles immuables de la perfection dramaturgique depuis des siècles. C’est ce que nous offre alors le groupe. Que dire sinon qu’il fallait y être, le voir et l’entendre pour le croire… Bref, le vivre et le ressentir au plus profond de sa chair. Tel le tour de France de l’apprenti compagnon qui élabore, puis propose son « chef d’œuvre » pour être reconnu par ses pairs comme un Maître, Marillion en maître-orfèvre enfile les perles sur le collier de nos souvenirs.


L’enchaînement merveilleux de Out Of This World, Mad, The Great Escape, Real Tears For Sale, Asylum Satellite #1 et The Invisible Man est tout bonnement dantesque, rien à jeter, tout à retenir. La première, évocation par le film, le texte et le son d’une tragédie de la célérité voit Hogarth finir assis pour regarder le film des événements. De biographie, on passe au récit avec Brave et une voix absolument maîtrisée, une musique décuplée par une interprétation investie. De vraies larmes ont pu couler sans pour autant qu’elles aient été à vendre. Pourtant, que ce Reals tears for sale est une chanson déjà prenante sur disque, mais la voir prendre ainsi vie sur scène lui donne une étincelle d’éternité, un autre tube sur lequel il faudra désormais compter sans doute… Comment ne pas tomber à la renverse, tel que le mime h sur son siège à l’écoute d’Asylum satellite. On reproche souvent à beaucoup de calquer des plans floydiens, rarement depuis 1973 un morceau n’aura sonné autant Dark side of the moon…Et dans le bon sens su terme. Kelly, toujours aussi peu communicatif, fait sonner ses claviers comme feu Rick Wright il y a 35 ans. D’Any colour you like à Asylum, tant de chemin parcouru pour revenir à des fondamentaux de mélodies planantes sans être plates. A trop planer pour atteindre des strates inattendues, on en oublierait que cette musique est jouée par des hommes. Invisible man, justement, vient clore ce concert dans le concert. Mais de clôture il n’est point question ici, tant cette version est phénoménale. C’est plutôt à une ouverture des champs de la perception que nous convie le groupe. Hogarth y est juste monstrueux, on n’en remarquerait même pas son nouvel accoutrement, avec lunettes et canne. Lorsque les musiciens sont au sommet et que la chanson et le chanteur ne font qu’un, le moment est magique et l’instant devient éternité. C’est le souffle coupé malgré les gorges déployées et les sourires béats, les bras ballants bien que continuant machinalement à applaudir que le public réclame son rappel.


Pour la forme, manière de porter une première estocade, l’ambiance monte d’un temps suite à la prononciation de « We need to talk », accroche a priori anodine mais délicieusement jubilatoire, qui place le premier pic sous les meilleurs auspices : « Whatever is wrong with you », tube du dernier album si le groupe en était encore réduit à jouer dans cette cour(se)-là… Le public répond immédiatement présent et le refrain est repris avec entrain et énergie. On a immédiatement l’impression que ce dernier album est déjà un classique, comme si les titres qui en sont issus étaient déjà (re)connus comme des perles historiques de Marillion. Il semblerait donc que le dernier album ait un peu plus enflammé les amateurs du groupe que Somewhere else, son prédécesseur, finalement mal placé entre HITR et un Marbles qui avait vu le phénix renaître de ses cendres… Pourquoi, dès lors, ne pas aller du côté de Neverland, pour abattre, à coups de soli lumineux et cristallins, la chancelante résistance d’un public pour le moins conquis. Fin du set ? Pas tout à fait…


L’histoire retiendra que ce soir-là Easter fut jouée…à la demande d’un seul cri, celui d’une personne du public. Exit Three minutes boy, improvisation totale, coup d’œil complice de h à Rothery, Kelly complètement affolé, dépassé par la technique, incapable de lancer les bons samples et de trouver les bonnes touches… Père Rothery veillant au grain, sortit, une nouvelle fois, quelques notes magiques de sa besace à six cordes… Moment chaleureux, communication sincère comme le remerciement d’un groupe envers son public. Il est alors temps de terminer le travail. Happiness is the road, en somme… Sa longue progression jusqu’aux chants partagés avec la foule tient bien lieu d’estocade, finale celle-ci. Débranchons les câbles, messieurs, la soirée s’achève sur les chœurs d’un Transbo qui se remettra difficilement de ces 2h10 presque parfaitement maîtrisées… Sincères à n’en point douter. Bonheur assuré.

Note de Mitch : chronique proposée par Olymp, un grand merci à lui !
 
par Mitch
04 février 2009

Setlist :
Dreamy Street
This Train Is My Life
Nothing Fills the Hole
Woke Up
Beautiful
Fantastic Place
Thunder Fly
Out Of This World
Mad
The Great Escape
Real Tears For Sale
Asylum Satellite #1
The Invisible Man

Whatever Is Wrong With You
Neverland

Easter (demande du public) (remplace Three Minute Boy)
Happiness Is The Road
 
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