La qualité principale d'un album solo est-elle de s'éloigner du style du groupe principal de son auteur (ici,
Iron Maiden) ?
Si tel est le cas, Bruce Dickinson a plutôt réussi son nouveau pari, sept ans après "The Chemical Wedding" (et son excellent grand frère "Accident Of Birth !). A l'exception du refrain de "Abduction", très "maidenien", Bruce explore quelques territoires parfois surprenants : le court morceau d'intro, "Mars Within", inquiétant, lent et presque doom dans l'esprit ; des ambiances purement heavy métal, avec des riffs directs ("Abduction", "Kill Devil Hill"), voire une rythmique aussi trépidante que celle d'un très vieux Megadeth (l'intro de "Soul Intruders") ; sans oublier "Navigate The Sea Of The Sun", très folk avec sa guitare sèche.
Mais une des manières de juger un album solo est aussi de se poser la question suivante : quel crédit lui aurait-on accordé en tant que "candide", sans rien connaître de son auteur ?
Et là, il faut dire que ce "Tyranny Of Souls" fait un peu pâle figure, avec des morceaux aussi convenus que "Power Of The Sun", "Devil On A Hog", au riff un peu éculé, "River Of No Return", avec son refrain volé à Edguy et son intro à la Survivor, qui nous laisse attendre presque à coup sûr l'arrivée de Sylvester Stallone en tenue de Rocky ! De même, si le jeu de guitare de Roy Z est relativement varié et "aéré", certains sons et effets faussements futuristes ont, paradoxalement, tendance à rendre quelques morceaux un peu datés...
La voix de Bruce Dickinson est toujours en or, pas de souci de ce côté-là, mais ces dix titres concoctés, une nouvelle fois, par Roy Z, ne possèdent pas, à mon humble avis, le caractère des grands classiques de "qui vous savez" !