Ce « Metal Kartoon » avait tout de l'entreprise hautement casse-gueule !
Le guitariste Christophe Godin prend le triple pari de reconstituer le Mörglbl Trio, de toucher à presque autant de styles que de morceaux présents sur ce disque, et de dresser une fantaisiste et humoristique galerie de portraits. Et ça fonctionne !
Après une « Intro » mise en garde narrative, on entre dans le vif du sujet avec « Le Triangle Des Bermudas », sorte de fable ragga-rock sur d'improbables bermudas cannibales, dans laquelle on reconnaît néanmoins le son et le shred caractéristiques de notre Haut-Savoyard. Dès « Nancy & Joe », on change d'univers vers un jazz-scat toujours peuplé de solos inspirés. « The Dance Of The Fat Boy” nous ramène vers des terres instrumentales à la Joe Satriani , plus familières, mais néanmoins fort intéressantes, avec leur alternance gros riffs - motifs mélodiques - cassures de guitare sèche.
Et tout à coup, c'est le tube ! « The 70's » s'impose comme le parfait pendant rock au « Maritie et Gilbert Carpentier » de Bénabar, avec son apologie de quelques icônes de notre « lointaine » jeunesse ! Le refrain est imparable, la section rythmique sautillante, les solos jouissifs, et nous avons même droit au thème de « L'homme qui valait trois milliards » sur un pont instrumental ! « L'Expérience » s'avère le morceau le plus volontairement humoristique du lot, avec sa sensibilité jazz-manouche, sa diction à la Brassens et sa description du destin croisé de hooligans et de fachos ; dommage que la fin plutôt démagogique gâche un peu l'effet comique…
Bien heureusement, on repart de plus belle avec « Metal Kartoon » un instrumental déjanté que n'aurait pas renié notre cher Mattias IA Eklundh (
Freak Kitchen), se déroulant sur fonds de basse délicieusement saturée.
« David Vincent » réconcilie les Envahisseurs et les rythmiques en cocottes funky, alors que « The Little Voice », chanté en anglais évoque la pop 80's, le tout avant le deuxième très gros morceau de l'album, l'instrumental acoustique « Au Pays De Gandhi », sur lequel la guitare sèche et le violon de Jérôme Ogier s'allient pour voler d'Orient en pays Celtes, tissant ensemble des mélodies envoûtantes et des solos qui ne craignent même pas d'évoquer le thème des « Simpsons », sans aucune faute de goût ! A ne pas rater !
« When We Were Kings » et son ambiance piano-bar jazzy nous laissent croire à une fin paisible, alors que « Mörglbled Again » conclut finalement le disque sur une touche dynamique et tellement… Godin !
Car, malgré la variété des styles abordés, c'est bien cette homogénéité guitaristique qui sert de liant à l'album, sans oublier une section rythmique de feu, portée à bout de bras par la basse frénétique d'Ivan Rougny !
Les auditeurs qui attendaient un « Gnô » n°2 seront certainement décontenancés par la fantaisie et le côté touche-à-tout de ce disque effectivement moins compact que son prédécesseur. Pourtant, au vu des trois postulats de départ, le résultat aurait pu être si décousu et grossier que c'est à deux mains que nous applaudirons l'entreprise (remarquez, applaudir à une main, ça ne s'est jamais vu, non ? ;-D ) !
P.S : Au fait, j'oubliais ! Mattias IA Eklundh et
Bumblefoot font une apparition déjantée en signant les solos n°2 et 4 du titre "Metal Kartoon". Mais leur jeu est tellement reconnaissable que vous les aurez certainement déjà repérés par vous-mêmes !