Kiko Loureiro n'a pas choisi la facilité en ce début 2005 : les albums solos de membres de groupes réputés font rarement un carton, et sortir un disque instrumental par les temps qui courent s'avère assez courageux !
Mais en considérant les immenses qualités humaines et musicales du bonhomme, ainsi que les heures de bonheur qu'ils nous a procurées au sein de son groupe
Angra, la moindre des politesses que nous nous devons de lui rendre est de jeter une oreille attentive à son premier effort solo.
Que contient donc ce « No Gravity » ?
Du sous-Angra composé de chutes inutilisées par le groupe ?
Du folklore brésilien digne du carnaval de Rio ? Du thrash métal incompatible avec le style habituel d'Angra ?
Rien de tout cela, en fait ! En effet, Kiko Loureiro réussit l'exploit de sortir l'album que nous attendons de
Joe Satriani depuis des années !
Le mimétisme est flagrant sur des morceaux tels que "No gravity" (même son, même feeling en solo par dessus un motif d'arpèges), "Tapping into my dark tranquility", "Moment of truth" et le début de "Escaping". Plusieurs autres titres rappellent moins immédiatement le Satch, mais nous ne pourrons nous enlever de la tête que c'est dans cette direction que ce dernier aurait dû continuer après 1995 : un métal prog' aux tempos enlevés, aux solos frénétiques et aux rythmiques alambiquées : "Enferno", "Endangered species" , assez proche d'Angra, "Pau-de-Arara".
En tout cas, ces titres recèlent une bonne intensité et des changements d'ambiances assez bienvenus, ce qui leur évite d'être trop linéaires ou d'être assimilés à de la simple branlette de manche. D'autres morceaux s'avèrent moins épiques, moins électriques, plus introspectifs, et nous rappellent que Kiko est aussi à l'aise dans le métal que dans la musique acoustique ou ethnique : l'intro de "Pau-de-Arara", " La force de l'ame " au piano, les percussions de "Tapping into my dark tranquility", les sonorités brésiliennes ou classiques de
" Beautiful language" et "Choro de crian" , la douceur acoustique de "Dilema".
Kiko Loureiro évite sur ce « No Gravity » la menace qui pèse sur les albums de guitare : se contenter de poser des solos démonstratifs à la chaîne sur une rythmique répétitive. Il donne un large aperçu des ses influences et de ses capacités (il a enregistré tout les instruments sauf la batterie, gérée par Mike Terrana), et propose un album d'une bonne qualité musicale. Celui-ci ne devrait pas dépasser le succès d'estime, mais il nous paraît un investissement très rentable pour tous les fans d'Angra et tous les amateurs de musique un peu pointue.