Matthieu Mendès - Entretien téléphonique (28 mars 2006)
site officiel : www.matthieumendes.com
Retrouvez la chronique de son concert du 01/04/06 à Lyon

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Mitch : Bonsoir, Matthieu. Nous allons te découvrir en concert à Lyon le samedi 1er avril 2006. En attendant, nous allons en profiter pour faire connaissance et te présenter aux lecteurs de Musicaljam. Commençons par tes racines : tu insistes sur un double héritage pop et métal, peux-tu nous expliquer comment tu t’es construit musicalement jusqu’à ton 1er album ?
Matthieu MENDES : Alors, comment ça a commencé… J’ai commencé la guitare à 8 ans, avec la guitare classique, puis j’ai découvert le rock quatre ans plus tard avec Metallica et Nirvana. Tout de suite, évidemment, il a fallu que j’achète une guitare électrique pour faire pareil. Ensuite, au collège, lycée, j’ai enchaîné différents groupes de métal, avec les potes, dans le cave du batteur ; petit à petit, en vieillissant, je me suis un peu plus ouvert et j’ai découvert d’autres styles de musique, dont la pop et l’électro, Muse, Radiohead, Aphex Twins…Puis arrive le moment où on est en Deug et on ne sait pas trop quoi faire de sa vie, et on se dit « allez, on va tenter, on va se lancer ! ».

Mitch : Actuellement, te situes-tu plutôt dans la famille variété-pop, ou plutôt côté métal ?
Matthieu MENDES : Ecoute, pour l’instant, mon premier album est pop, et la suite sera peut-être un peu plus couillue, on verra…

Mitch : Pour revenir à Metallica, vu ton âge (22 ans) tu as dû les connaître à la sortie du Black Album ; connais-tu leurs anciens albums et leur carrière en général ?
Matthieu MENDES : Oui, oui, étant fan...

Mitch : C’est le genre de groupe qui peut t’inspirer pour un plan de carrière, dans leur liberté de changer se style d’un album à l’autre ?
Matthieu MENDES : Si je pouvais avoir la même carrière que Metallica, ce serait quand même royal. Ils font un peu ce qu’ils ont envie de faire, malgré les pressions qu’il y a derrière. J’ai moi-même un projet parallèle, qui verra le jour tôt ou tard, et si je fais de la musique, c’est vraiment pour faire ce qui me plaît !

Mitch : D’après ce que tu peux voir lors des concerts de ta tournée en cours, de qui se compose ton public ? Y a-t-il un public « type » à tes concerts ?
Matthieu MENDES : En fait, ça dépend des villes ! Au dernier concert qu’on a donné à Vauréal dans le Val d’Oise, on était avec Vegastar, donc il y avait beaucoup de jeunes, qui plus est de nanas ; sinon, celui d’avant, à Lille, par exemple, il y avait un peu de tout. Evidemment, il y a toujours une majorité de jeunes, ça reste une musique de jeunes, mais il y avait également certaines personnes de 40-50 ans, qui gueulaient « Seek And Destroy » dans la foule et qui pogotaient, donc c’est assez ouvert !

Mitch : Comment te situes-tu par rapport à un Steeve Estatof qui a aussi tenté un crossover entre le hard et la variété-rock ?
Matthieu MENDES : Je ne sais pas, j’évite un peu de comparer comme ça. Steeve a une putain de voix, après je ne sais pas ce que ça donne sur disque, je ne connais pas bien, en fait. Mais c’est bien, ce qu’il fait, d’avoir réussi, dans une émission pourrie, à imposer son style, c’est cool !

Mitch : Et toi, as-tu été tenté de passer par la télé-réalité, au travers d’une émission de casting style Starac ou Nouvelle Star ?
Matthieu MENDES : Ecoute, moi, je chie sur tout ça, donc non !

Mitch : Tu as réussi à percer avant d’en arriver là, c’est ça ?
Matthieu MENDES : Oui, et puis il n’en était même pas question. Je trouve ça pathétique, enfin, pas pathétique, c’est un divertissement télévisuel, et ça n’a pas grand-chose à voir avec la musique et comment ça doit se passer.

Mitch : En France, nous sommes connus pour être le pays de la chanson, plus que du rock. C’est pour cela que tu chantes en français ?
Matthieu MENDES : C’est la langue dans laquelle je suis le plus à l’aise, et l’objectif était de contrer un peu les préjugés, d’essayer de changer les choses, de savoir faire du rock, mais en français, et essayer de populariser ça. Mais bon, ce n’est pas gagné, et c’est vrai que la France est quand même un pays assez pourri pour ça ! Enfin, on fait avec !

Mitch : Comment passe-t-on de groupe avec un succès local, à artiste signé sur une major, avec un producteur réputé, Dominique Blanc-Francard ?
Matthieu MENDES : Comment on fait ? On se bouge le cul, il faut être culotté de chez culotté…

Mitch : Il faut un coup de bol, des connaissances ?
Matthieu MENDES : Non, des connaissances, je n’en avais pas. Il faut de la chance, et savoir créer sa chance ! J’avais 4-5 titres maquettés chez moi, j’ai appelé toutes les majors, il y a un mec qui m’a reçu et qui m’a orienté vers des éditeurs ; normalement, ils ne reçoivent pas tant qu’ils n’ont pas écouté. C’est donc un gros coup de bol, mais j’ai tout fait pour que le coup de bol arrive ! Je voulais attaquer direct les grosses maisons de disques !

Mitch : Aujourd’hui, gagnes-tu ta vie avec ta musique ?
Matthieu MENDES : Oui.

Mitch : Quelles retombées as-tu retiré de ton passage dans Taratata ?
Matthieu MENDES : Pas mal de gens amateurs de chanson française m’ont certainement découvert dans Taratata. Cette émission ouvre des portes, on rencontre de nombreux artistes, on est crédibilisé, on arrête de dire « Matthieu Mendès ? Il sort de la Nouvelle Star ? ». Au début, on ne savait pas me situer, et depuis, c’est plutôt « Ah, Taratata, d’accord ! ».

Mitch : Quel est ton avis sur le téléchargement ? Moyen de promotion pour les jeunes artistes, ou vol d’un travail réalisé ?
Matthieu MENDES : C’est un peu au cas par cas. Ca peut permettre d’élargir ta culture, mais ça ne doit en aucun cas devenir une habitude, ni un commerce. Il est un peu utopique de penser que les gens vont te découvrir en te téléchargeant, et acheter derrière, il n’y a que les artistes qui font ça ! S’ils ne te connaissent pas, ils ne vont pas taper ton nom sur le moteur de recherche. Je pense que la licence globale va nuire à la création. Je suis certain que la moitié des gens qui viennent à mes concerts ont téléchargé l’album au lieu de l’acheter ; ceci dit, il viennent au concert, parce qu’ils m’ont découvert…

Mitch : Peut-être faudra-t-il alors insister encore plus sur le spectacle proposé en concert, sur les packagings d’albums…
Matthieu MENDES : En effet, il doit y avoir un gros travail sur l‘objet lui-même, des bonus…Même s’ils s’en foutent, il faut que les jeunes se rendent compte que le son MP3 n’est pas bon ! Je connais des mecs qui viennent de découvrir la stéréo, c’est quand même hallucinant ! Ils écoutent au casque, en mono, et tombent des nues quand ils écoutent le « vrai » disque ! C’est paradoxal, mais on assiste à une sorte de régression…

Mitch : Es-tu utilisateur d’internet et connais-tu le monde des webzines amateurs tels que Musicaljam, Progressia, La Terre des Immortels, etc… ?
Matthieu MENDES : Les sites un peu spécialisés, non, très sincèrement, je ne connais pas bien, parce que je ne m’y suis pas penché, tout simplement. Mais le net en général, oui, j’ai moi-même un blog, que j’entretiens.

Mitch : Notre site traite généralement de groupes pointus, qui pratiquent une musique assez technique et peu connue du grand public : que penses-tu pouvoir apporter à ce genre d’auditeurs ?
Matthieu MENDES : Peut-être une ouverture, car je sais que les gens du métal et du progressif (j’ai moi-même été comme cela !) sont un peu « intégristes » (rires) ! Je pense que s’ils viennent me voir en concert, ils verront qu’un mec qui fait de la pop sait jouer de la guitare comme un mec qui fait du progressif, puisque je suis passé par là aussi. Soyez ouverts !

Mitch : Qui sont tes guitaristes préférés ?
Matthieu MENDES : Je citerai Ron Thal, tout d’abord ! Et pour son charisme, pas forcément pour le style (quoique !), James Hetfield, qui a une assise terrible ! Il n’est pas un guitariste « technique » pur, à part en rythmique, mais il a une putain de présence !

Mitch : Tu possèdes une formation d’ingénieur du son : t’es-tu occupé toi-même de l’enregistrement de ton album ?
Matthieu MENDES : J’avais fait toutes les maquettes avant l’enregistrement proprement dit. J’ai fait toutes les voix, chez moi, quelques guitares, toutes les programmations… Par la suite, j’aimerais faire de plus en plus de choses chez moi, vu que je suis en train de me monter un petit studio, tranquillement. C’est un côté que j’aime beaucoup, le technique pur.

Mitch : On trouve sur ton site une vidéo présentant une imitation assez drôle d’Yngwie Malmsteen. On se rend compte que tu possèdes une certaine virtuosité à la guitare. Pourquoi ne l’utilises-tu pas sur ton album, est-ce un parti pris pop ?
Matthieu MENDES : J’ai eu une très grosse période très pop, où je ne faisais vraiment plus de « branlette de manche », mais étrangement, c’est revenu tout seul petit à petit. Je n’aime pas, dans un album, écouter un solo de vingt-cinq minutes, par contre, en live, je me lacherai un peu plus. En fait, j’aime bien que les choses paraissent simples.

Mitch : Ton album est assez mélancolique, avec pas mal de ballades : Matthieu Mendès sur scène, ça donne quoi ? Les guitares sont en un peu plus en avant ?
Matthieu MENDES : Un peu, voire beaucoup !

Mitch : Joues-tu des reprises sur scène ?
Matthieu MENDES : Nous jouons deux reprises. Une, pour délirer, qui est « Enter Sandman » de Metallica, l’autre qui est une adaptation d’une chanson de jazz de Billie Holiday, mais qui ne ressemble plus du tout à du jazz, je l’ai adaptée à ma façon. Je suis tombé amoureux de cette chanson qu’on avait étudiée en seconde, en cours d’anglais.

Mitch : Tes musiciens sont-ils de simples « accompagnateurs », ou bien formez-vous un « vrai » groupe durable avec un passé commun ?
Matthieu MENDES : Le bassiste est le premier bassiste que j’ai connu dans ma vie, j’avais alors quatorze ans. Je connais les deux frangins guitariste et batteur depuis environ trois ans et demi, on joue tous ensemble depuis la période avant ma « signature ». Je n’aime pas le côté « requin de studio » qui vient jouer, prend son cachet et s’en va, j’ai besoin qu’il y ait une histoire, qu’on puisse s’éclater dans le bus : à force de regarder les vidéos de Metallica, je voulais la même ambiance !

Mitch : Quels artistes français apprécies-tu actuellement ?
Matthieu MENDES : J’aime bien Emilie Simon, qui n’a rien à voir. Dans un autre style, Benjamin Sportes. En rock, pas grand-chose… En variété, encore moins… J’aime bien Calogero, que j’ai rencontré ; Calo est un mec très gentil, très simple, il a de bonnes mélodies, super efficaces, il fait super bien son taff ! En même temps, je n’ai pas une culture très profonde en musique française…

Mitch : Que penses-tu de la place qui est accordée au rock et au métal en France, à la radio, à la TV, même si la réponse déjà est un peu dans la question ? ;-D
Matthieu MENDES : Il n’y en a pas vraiment. Je n’écoute pas la radio, il y a une raison. Très peu de radios passent du rock et du bon, à part des radios associatives ou des émissions à une heure du mat’ ! Il est rare d’entendre quelque chose d’assez novateur à la radio, à part un peu sur le Mouv’, même s’ils tournent sur une quarantaine de titres récurrents.

Mitch : Après cette tournée, quels sont tes projets à court ou moyen terme ?
Matthieu MENDES : La préparation du deuxième album, qui est en cours. Et un projet parallèle, que j’ai pu faire découvrir aux gens qui sont venus au concert de Lille ; il s’agit d’un projet rap-métal.

Mitch : Avec Ice-T au chant ?
Matthieu MENDES : Non, avec mon frère, qui fait du hip hop !

Mitch : OK, je crois que maintenant, nous te connaissons un peu mieux. Merci de ce moment passé en notre compagnie, et bon concert samedi à Lyon !
Matthieu MENDES : Merci à toi, et à bientôt !

 
par Mitch
28 mars 2006
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