Russell Allen est décidément quelqu'un de très fréquentable...
Non content de tenir brillamment le poste de chanteur dans
Symphony X, et de s'avérer un excellent showman en concert, il nous fait, sur son premier album solo, l'étalage de ses talents de compositeur, de multi-instrumentiste (guitare, basse, claviers, chant) et de producteur.
De plus, il a eu l'excellente idée d'enregistrer un album pour le moins éloigné du style de Symphony X (qui donne dans un prog métal à tendance symphonique), ce qui permet de le découvrir sous un nouveau jour et de ne pas avoir l'impression d'écouter un "sous-Symphony X" forcément décevant.
Nous savions que les racines de Russell Allen étaient plus ancrées dans le rock, le blues et la soul que dans le pur heavy métal. Il nous permet, ici, de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité artistique, au fil de onze morceaux pêchus et sympathiques, qui évoquent le bon vieux hard rock des années '70, tendance Black Sabbath (le riff et la sirène de "Blackout").
On pense également à Glenn Hughes, par instants, pour la chaleur de la voix et le côté groovy et dynamique, à 38 Special pour le refrain de "Voodoo Hand", à un ZZ Top sous amphétamines sur le boogie-hard frénétique "Seasons Of Insanity", ou même à Toto pour certains refrains mélodiques et sons de clavier ("Voodoo Hand", encore).
Le brassage des influences est très réussi, puisque Russell Allen n'hésite pas à nous emmener également vers des ambiances presque piano-bar jazzy ("We Will Fly"), blues festif (la guitare slide sur "Saucey Jack"), ni même à rappeler de très loin le Symphony X de l'album "V" avec les sons de claviers orientalisants de "Gaia".
Le tout est réalisé dans une même logique d'efficacité mélodique et de simplicité des riffs, ce qui permet à ce premier essai solo de ne pas s'avérer trop hétéroclite. Notons enfin la voix rocailleuse et pleine de gouaille de Russell qui se met parfaitement au diapason de ces titres très rock.
Si les prouesses techniques et les digressions intrumentales de Symphony X s'avèrent bien loin, Russell Allen n'en a pas moins réussi un album fort sympathique, bourré de mélodies imparables et de riffs qui font taper du pied. Nous ne lui en demanderons pas plus sur ce coup-là, trop heureux de savourer la prise de risque, la polyvalence et l'efficacité du bonhomme !