Téléphone - Illimité (novembre 2006)
site officiel : www.telephonelegroupe.com

CD1
1- Hygiaphone
2- Métro (c’est trop)
3- Flipper
4- Crache ton venin
5- Fait Divers
6- La Bombe Humaine
7- Tu vas me manquer
8- Au cœur de la Nuit
9- Argent trop cher
10- 2000 Nuits
11- Fleur de ma Ville
12- Dure Limite
13- Ca (c’est vraiment toi)
14- Le Chat
15- Cendrillon
16- Un Autre Monde
17- New York avec toi
18- Electric Cité
19- Le Jour s’est levé

CD 2
Olympia, Paris - 7 juin 1977

1- Sur la route
2- Métro (c’est trop)
3- Medley 66
Salle des Fêtes de l’Hôtel de Ville, Montreux - 12 novembre 1979
4- Bon Anniversaire
5- J’sais pas quoi faire
6- Faits divers
7- Facile
8- Le Vaudou (est toujours debout)
CBGB, New York - 27 mars 1980
9- Crache ton venin
10- Métro (c’est trop)
11- Ne me regarde pas / Regarde-moi
12- Flipper
Olympia, Paris - 16 février 1981
13- Pourquoi n’essaies-tu pas ?
Palais des Sports, Paris - 17 février 1981
14- Les Ils et les Ons
15- Ploum Ploum

 
A la fin des années 1970 et au début des années 1980, le Rock français avait pour symbole une seule et même initiale : le T ! « T » comme Trust et Téléphone. A ce titre, les médias de l’époque ne se privaient pas d’opposer les deux formations, gage d’une gueguerre des plus idiotes, puisque les deux groupes n’évoluaient pas vraiment dans le même registre. Ce qui n’empêchait nullement certains membres des deux clans d’apprécier le travail de l’autre. Preuve en est cette déclaration de Nono, guitariste de Trust affirmant, il n’y a pas encore très longtemps, que jouer au sein de Téléphone n’aurait pas été pour lui déplaire.

Téléphone est né un beau soir de novembre 1976 pour disparaître officiellement un jour d’avril 1986, laissant ainsi derrière lui toute une génération d’adolescents orphelins d’un Rock français éprouvant les pires difficultés à trouver sa propre identité. Cependant, ces fans n’étaient pas crédules, et le tournant progressif abordé par le groupe, discrètement à partir de Dure Limite, puis ouvertement avec Un Autre Monde et enfin délibérément avec le single Le Jour s’est levé ne laissait présager qu’un avenir aux antipodes de ce qu’était réellement Téléphone ; Cependant, il ne faut pas être sorcier pour comprendre que le premier album solo de Jean-Louis Aubert, Plâtre & Ciment, contient en germe ce qu’aurait pu être le sixième opus studio du groupe, tant l’emprise de ce chanteur guitariste était omniprésente au sein de la formation parisienne. Aussi, avec tout le respect que l’on doit à Jean-Louis Aubert, réjouissons-nous d’une séparation du groupe anticipant et tuant dans l’œuf le devenir d’une carrière que l’on aurait pu deviner comme pathétique. Certes, quelques reformations ont eu lieu ici et là, le temps d’un morceau, tel un guest-star lors de concerts de chacun des ex Téléphone en solo, mais là où le dollar pourrait attirer bon nombre de musiciens à se laisser tenter à une reformation totalement financière, réjouissons-nous de voir Téléphone ne pas tomber sous le charme d’une valise pleine de lingots et ainsi égratigner, pour ne pas dire bousiller, un mythe !

On ne compte plus les compilations copie carbone parues depuis 1986 avec des titres aussi bas de gamme les uns que les autres. Entre L’Essentiel, Rappel, Rappel II, La Totale et autres Best of, Téléphone voit sa discographie contenir un nombre plus conséquent de ce type de produits que d’albums initiaux. Chaque année se terminant en « 6 » voyant une compilation apparaître sur le marché avec un inédit sorti des tiroirs. On pouvait donc imaginer, sans prendre trop de risque, qu’en ce mois de novembre 2006, un tel produit allait voir le jour, qui plus est, pour fêter le trentième anniversaire du groupe.

Téléphone Illimité : tel est donc le titre de cette nouvelle compilation. Mais celle-ci, constituée de deux volumes a le mérite de nous ramener quelques 30 ans en arrière. En effet, le second volume, élaboré par Corine, nous offre des documents lives d’époque ! Pensez donc ! Téléphone à l’Olympia en 1977 ! Même les bootlegers les plus acharnés (et j’en fais partie) n’espéraient voir ces bandes ressurgir un jour ! Ici, et comme le précise le livret accompagnant le CD, aucune bidouille technologique. Uniquement de la bonne vibration ! Donc, Téléphone à l’Olympia le 7 juin 1977 ! Concert cadeau et coup de pouce du hasard. Le groupe se voyant offrir la première partie de Télévision en remplacement au pied levé de Debbie Harry. Trois titres ! Sur la route, Métro (c’est trop) et un Medley 66 nous rappelant non seulement les influences de Téléphone, mais également que ce groupe trouvait avant tout toute sa puissance sur scène.
La découverte de ces archives se poursuit avec quatre autres titres que sont J’sais pas quoi faire, Faits divers, Facile et un somptueux Vaudou certes, un peu bancal, mais bel et bien debout. Quatre titres enregistrés à Montreuil le 12 novembre 1979. Quatre titres extraits d’un concert de chauffe pour la tournée de l’album Crache ton Venin. Quatre titres que l’on devine issus d’une cassette pirate, un direct audience diront les amateurs de lives prohibés, tant le son brut de décoffrage est omniprésent et donne une dimension humaine à l’ensemble. Anecdote marrante que ce Joyeux anniversaire scandé plus ou moins discrètement par le public fêtant les trois ans d’existence du groupe. Le voyage Rock&Temporel se poursuit et nous envoie directement au célèbre CBGB de New York le 27 mars 1980. On devine aisément qu’il doit être difficile pour un groupe français de s’imposer à l’étranger, surtout lorsque celui-ci se paye l’audace de chanter dans sa langue maternelle. Parce que, hein, mine de rien, le CBGB, c’est tout de même la scène qui a vu des groupes comme les Ramones, Talking Heads et autres AC/DC enflammer les lieux. Aussi, imaginer Téléphone, grand groupe national, mais formation internationale anonyme jouer en cet endroit mythique, excusez du peu, mais ce n’est pas rien ! Surtout que cette salle véhicule une punk attitude des plus prononcée.
Alors, on peut comprendre aisément que ce jour là Téléphone ai décidé de se la jouer ultra puissant, ultra costaud, dynamisant et dynamitant ses morceaux au point de devenir Grand, très Grand ! Crache ton Venin, Métro (c’est trop), Ne me regarde pas enchaîné comme dans la version studio à Regarde-moi et Flipper sont ici anthologiques ! Dotés d’une puissance de feu imparable ! Et d’ailleurs Richard Kolinka ne se fait pas prier pour nous asséner d’un Regarde-moi mythique, tant sa voix vise à transcender le groupe. Téléphone, ce soir là, avait vraiment tout d’un Grand ! Le voyage au pays des archives Téléphoniesques nous ramène à Paris, à l’Olympia et au Palais des Sports plus précisément. La boucle est bouclée. Extraits d’une tournée parisienne effectuée en février 1981, Pourquoi n’essaies-tu pas ?, Les Ils et les Ons ainsi que Ploum Ploum témoignent là encore des qualités scéniques de Téléphone. Du Rock ! Rien que du Rock ! N’en jetez plus ! Notons également que ces archives s’arrêtent en 1981 avec l’album Au cœur de la Nuit ! On a passé sous silence les albums Dure Limite et Un Autre Monde ! Mais à partir de 1982, était-ce encore réellement Téléphone qui était là ?

Au même moment, Trust, l’autre « T » du Rock français de la fin des seventies et du début des eighties, effectue lui aussi un retour dans les bacs des disquaires - lire la chronique. Mais là, où Téléphone nous propose du brut de décoffrage, sans aucune tricherie, Trust se la joue bidouilles et autres manipulations pas très sereines. Décidément, ces deux groupes n’ont jamais vraiment joué sur le même registre !

Un seul bémol à ce double CD.. On se posera la question de savoir pourquoi avoir agrémenté celui-ci d’une énième compilation ? En effet, soyons réalistes, les grands standards de Téléphone, tous fans qui se respectent, assidus ou lambdas, les possèdent ! N’aurait-il pas été plus judicieux de consacrer ce premier CD à d’autres archives du groupe ? N’aurait-il pas été plus judicieux de cesser une bonne fois pour toutes de faire du pseudo neuf avec du vieux ? De puiser encore plus profondément dans les réelles archives du groupe afin d’offrir à la communauté Téléphonienne un produit impeccable sous tous les angles ? Que l’on ne me dise pas que les bandes sonores sont introuvables ! Londres 1981, l’intégralité des concerts parisiens de février 1981 ou bien encore Arlon 1984 existent ! Oui, oui ! J’en ai la preuve ! Mais bon, peut-être faudra-t-il attendre 2016 pour découvrir encore l’immense réserve scénique de ce qui restera à jamais l’un des groupes fondamentaux de l’histoire du Rock français !

Ah oui, une dernière chose, une édition limitée est prévue, simulant le devant des fameux sacs US que tout ado des années 80 arborait fièrement en guise de sac d’école ! Histoire de souligner davantage que Téléphone a marqué toute une génération devenue aujourd’hui trentenaire !
 
par Monsieur K
novembre 2006
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