Voilà donc les suédois de Flower Kings de retour avec le double album « Paradox Hotel », soit la 9e production pour cette formation expérimentée. Pour être caricatural, elle rentre dans la catégorie « rock progressif old-school » puisqu’elle est toujours associée aux influences des Genesis, Yes, King Crimson, ELP, Pink Floyd, plus une touche jazz-fusion… ça fait quand même beaucoup non ?
Malheureusement, le groupe semble toujours se traîner cette image rétro plutôt négative. Heureusement, les vrais fans n’en ont rien à faire ! Ils s’intéresseront plus à écouter la musique, et apprécier la mentalité de ses artistes et de leur modestie exemplaire. De retour… cela semble être le terme le plus approprié, car l’album précédent Adam & Eve (2004) aura pu en laisser plus d’un sur sa faim. Au passage, l’équipe prend un coup de jeune puisque Marcus Liliequist, du haut de ses 25 ans, rejoint la troupe de vétérans au poste de batteur. Le public aura pu le découvrir lors de la tournée européenne au printemps 2006 pour la promotion de l’album -
lire la chronique du concert donné à Rome.
Décollage ! L’introduction à base de samples évoquant des opérations spatiales peut sembler lente et sans intérêt, voire donner quelques craintes, et se conclut étrangement par un rappel à la partie de ping-pong de Retropolis, le 2e album du groupe paru 1996. Retour aux sources donc ? Peut-être. Mais retour sur Terre. Sans rentrer dans les détails, survolons juste le thème du concept album qui est justement une métaphore de la vie terrestre transposée à un hôtel.
Le premier vrai morceau « Monsters & Men » pose déjà l’ambiance : plus de 21 minutes ! C’est du gros calibre donc, et le jeu est toujours risqué. Pourtant, il passe tout seul. Le morceau évolue, tout s’enchaîne, alterne des passages épiques et d’autres plus posés, avec une sensation de grande maturité . Ceci sera confirmé dans tout le reste de l’album décidément très riche tant au niveau des compositions que des sonorités. L’influence importante du clavier Tomas Bodin y est sûrement pour quelque chose mais les amateurs de rock ne seront pas déçus par la maîtrise de Roine Stolt, décidément très prolifique ces derniers temps. « Monsters & Men » passé, le reste du CD1 est vraiment excellent, comme la piste 6 « Lucy Made a Dream », voire assez délirante avec la piste 7 « Vabarian Skies » où Tomas surprend dans un chant plutôt original.
Le CD2 contient quelques perles dont la piste 2 « Touch My Heaven » avec une atmosphère absolument magnifique, avec un final de catégorie pink-floydienne (pour faire plaisir aux râleurs). Pour rester critique, l’impulsion créative s’essoufle un peu arrivant à la moitié de cette galette qui manque peu à peu de fraîcheur comparée au reste. Dommage. Peut-être en ont-ils faits un peu trop ?
Mais ne nous trompons pas, c’est un grand cru, et ne boudons pas notre plaisir. D’ailleurs, il ne révèlera qu’à condition de prendre le soin de l’écouter plusieurs fois. Les détracteurs reprochent aux « FloKis » de ne pas avoir de direction, de jouer des morceaux n’ayant ni queue ni tête. Chacun est libre de ses opinions, mais l’erreur serait de les juger trop vite. Ce n’est de la musique ni simple d’accès, ni pompeuse, mais qui nécessite de l’attention. Les impatients ou amateurs de bruit de fond pourront passer leur chemin sans s’arrêter. Les autres seront très bien accueillis dans l’Hôtel Paradox, et ils y reviendront certainement !