Tori Amos - Palais des Congrès / Paris - (02/06/2007)
site officiel : www.toriamos.com
SetList
 
 
La vie est ainsi faite. J’écoute et vénère Tori Amos depuis son premier album. Il y a plus de 15 ans. Mais jamais la possibilité de voir cette grande dame en concert ne me fut donnée. Peu de concerts en Europe. Encore moins en France. Uniquement une date à Paris pour chaque tournée. En semaine. Bref, pas toujours évident…

Mais cette fois-ci fut la bonne. Enfin ! Connaissant en profondeur les méandres de la discographie et des habitudes de notre diva, je savais qu’un show de la tonitruante rousse était un véritable voyage. Toujours différent, à la setlist hautement imprévisible ! Un véritable bonheur. De raretés en faces B de singles, d’improvisations en reprises, Tori Amos n’est pas là pour vendre des camemberts mais bien pour faire vivre un véritable trip, hypnotisant !

Le palais des Congrès est une somptueuse salle. Bien plus habituée aux prestations conservatrices d’Aznavour et consorts mais une splendide salle. Raffinement, son parfait. Proche d’un Auditorium Maurice Ravel lyonnais. Places numérotées, vestiaire et fauteuils en velours. Divin et raffiné. Idéal pour ce type de prestation. Avec un double carton jaune cependant : des placeuses moyennement aimables et insistantes (sur la petite pièce à donner), parfois préposées à la vente d’esquimaux ( !?!), et une non-vente de boissons à la fin du concert (on se croirait en Angleterre !).
La confirmation aussi que la majorité des organisateurs de concerts « rock » se foutent ouvertement de notre gueule… Sans se la jouer « snob », cela soulage sacrément d’assister à ce type de concert. Respectueux , cool et tout simplement agréable…
Quelques petites mousses plus tard et les idées remises en place, analyse à « froid » ;o)

Après une sympathique première partie « folklorique », nous nous retrouvons plongés dans une ambiance veloutée, somptueux éclairage et formidables musiciens en avant. Les compères habituels : l’exceptionnel Matt Chamberlain à la batterie et le discret Jon Evans à la basse.
Mac Aladdin proposa de confondants « Soundscapes » Crimsonniens sur certains morceaux. Les rideaux de fonds de scène proposent de splendides projections étoilées et une ouverture sur les claviers de la divine américaine. Et une avancée « ouverte », dont furent issus certains éclairages…
La doll « Clyde » débarque, cheveux en bataille qui ne laisseront pointer que le bout de son nez (qu’elle a fort joli comme dirait qui vous savez…), se prosterne devant son Bösendorfer… et… c’est parti pour 2 heures 15 de magie absolue !
Les premières notes de « Bouncing Off Clouds » résonne encore dans ma tête…
Ce qui traumatise, c’est la perfection musicale ! Tori chante de manière éblouissante, de manière proprement stupéfiante. Une voix absolument magnifique, irrésistible !!! Si la perfection a un sens, la prestation musicale de ce soir-là en est un prodigieux exemple. J’ai beau être habitué aux DVD et autres enregistrements live, la surprise est de taille. Un véritable choc !

L’utilisation des personnages du concept de son récent « American Doll Posse » - lire la chronique - est réellement pertinente, influençant le choix des titres de ce début de show. Après un interlude technoïde, la belle Tori revient presque au naturel (une nouvelle perruque moins envahissante sur la tête) pour proposer une autre vision de ses multiples personnalités. Dans un saillant ensemble à paillettes, c’est un véritable « best of » de sa carrière qui défile. Son relatif succès restreint en France justifie-t-il ce choix très « singles » ?
Ou bien est-ce une concordance avec un nouvel opus plus rythmé qu’à l’accoutumée ? En tous cas, les morceaux choisis firent la part belle aux trois premiers albums de la sublime pianiste. « Crucify » en tête, jamais lassant voire même carrément magique !

Ne nous y trompons cependant pas, les surprises furent fort nombreuses : « Rattlesnakes » tout d’abord, reprise de Lloyd Cole en début de show, « Siren », rare face B, le sublime « Doughnut Song », l’intouchable « Leather » (on fantasmait aussi « Honey », « Upside Down » ou « Flying Dutchman »…), « Garlands »… De toute façon, avec Tori Amos, la setlist parfaite n’existe pas. Il suffit de venir et se laisser porter. Car quoiqu’elle joue, le public semble manger dans sa main, tout accepter. Se pencher sur des morceaux peu connus, les redécouvrir. Les apprécier. Car la prestation et le charisme sont tels que le reste semble bien anecdotique…

Forcément cela implique aussi quelques déceptions… le morceau favori n’est pas interprété, « Little Amsterdam » en deuxième position casse un peu l’ambiance, « Take To The Sky » est franchement légèrement lourd (même si, c’est toujours pareil, en concert, cela passe carrément)… Surtout quand le public est aussi réceptif et chaleureux. Un public peut être pas complètement remercié par une Tori émue mais assez peu bavarde. Même devant la déferlante de fans se levant et courant vers la scène au moment des rappels ! Mes deux albums favoris sont sûrement « From The Choirgirl Hotel » et « Scarlet’s Walk »… Aucuns extraits… Vous cernez un peu mieux l’ampleur du talent ? Pour que cette relative déception me fasse considérer ce concert comme marquant. Un des plus surprenant et touchant que j’ai pu voir… Et j’en ai vu… Jeff Buckley, Elliott Smith, Marillion, Pink Floyd, Air, Cat Power, Grandaddy, Björk, Peter Gabriel, Radiohead, Dream Theater, Porcupine Tree, Iron Maiden, Metallica, Eels, The Gathering, Depeche Mode, Queensrÿche, Noir Désir, AC/DC…
Oui, je fus surpris. Oui, j’en suis encore ému. Tori Amos est définitivement une artiste à part, hors-normes et essentielle. Ce concert fut mémorable, ce concert fut à l’image de son interprète principale.

Divin…
 
par Christophe
le 3 juin 2007

Setlist :

Acte I - Clyde :
Bouncing Off Clouds
Little Amsterdam
Rattlesnakes
Beauty Of Speed
Roosterspur Bridge

Interlude (Professional Widow - Remix)

Acte II - Tori :
Big Wheel
Crucify
Siren
Cornflake Girl
Doughnut Song
Caught A Lite Sneeze

Solo :
Impro sur Paris
Leather
Garlands

Retour du groupe :
Lust
God
Code Red

Premier rappel :
Precious Things
Parasol

Second rappel :
Take To The Sky
Hey Jupite
 
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