Le rapport entre Richard Gotainer et le Hard Rock ! - (de la subjectivité du goût musical)
 

Le petit chroniqueur débutant que je suis devra-t-il redoubler de virtuosité rhétorique pour justifier la présence du plus déjanté des chansonniers français sur un site dédié au hard-rock et au rock-metal-progressif ?
Les webmestres prennent-ils le risque de voir leurs lecteurs les quitter sans avoir oublié de les insulter copieusement pour un tel tombage de pantalon ?

Je pourrais répondre qu'ils l'ont bien cherché, z'avaient qu'à pas me tanner pour que je ponde cette chronique. Faut pas m'chercher !!!! Mais là, je m'amuse, je ris sous cape, car je sais, moi, mesdames et messieurs que je vais vous en boucher un coin, voire déboucher si l'expression « ça me troue le cul » est prise au sens littéral.
Pourquoi fanfaronne-je de la sorte ? Parce que dans ma grande magnanimitude (ben quoi ?), je vais vous dévoiler que l'univers gotainerien, fait de truculence et de truculence, n'est pas si éloigné que ça de la musique qui est chère à Musicaljam. Yes !

Tout d'abord, il faut savoir que Gotainer ne serait pas tout à fait Gotainer sans son complice, j'ai nommé le grand Claude Engel. Et alors me direz-vous ? Et alors, le dit Claude n'était autre que le guitariste de Magma au début des années 70. Si là, on a pas un pied dans le prog !!!!

Les complexités harmoniques et les changements de rythme d'une chanson du duo Gotainer-Engel n'ont donc rien de surprenant pour le mélomane averti. Pour s'en convaincre, il suffirait d'écouter Les quatre saisons , sur l'album Chants Zazous (Celui où il y a Le mambo du décalco !!!! sorti en 1982). Bien sûr, les textes de Gotainer, les thèmes abordés, la drôlitude du propos, éloignent son répertoire du genre tout de même codifié qu'est le rock progressif. Et Gotainer n'est pas Ange, c'est une évidence. Mais tout de même ! L'esprit est là !
Et c'est important un peu d'esprit, dans ce monde de brutes !

Toujours pas convaincus ? Vous affolez pas, j'ai gardé des cartouches pour la suite. Vous ne croyiez tout de même pas que j'allais fanfaronner avec si peu ?

Now (roulement de tambour) ladies and gentlemen, je m'en va vous expliquer le rapport qui lie Gotainer et le hard-rock.

« Y'en a un ? »

- Oui, y'en a un. Et pas qu'un peu mon n'veu !

Capitaine Hard-Rock , Saturax , Le Combat de Rock , ça vous dit quelque chose ?
NON ????? (long soupir désemparé) Je vous en veux pas, c'est la société qu'est comme ça ! ;-)

Au mieux, elle nous donne la possibilité d'écouter AC/DC, Téléphone… (mais pas trop souvent quand même, car il faudrait pas que les radios pervertissent voire dépravent nos chères têtes blondes), au pire, elle nous matraque de saloperies académiques, voire goldmanienne (il fallait bien que le place !!!!) à la sauce Restos du cœur. De la soupe, quoi !! ;-)

Il faut être sacrément curieux, ou en vouloir à ses parents pour sortir des sentiers battus et découvrir des petites perles méconnues, de Gotainer à Dream Theater en passant par Sarclo, Chjami Aghjalesi, Tiles ou Ark (z'avez vu un peu l'éclectisme du propos, proche d'un oecuménisme presque louche qui ne laisse présager rien de bon quant à la santé de l'apprenti chroniqueur). Ces perles, au final, ne touchent qu'un infime public alors que tout à côté, la bouillasse des médias aux ordres des multinationales est vendue par palettes, en formatant nos pauvres oreilles qui n'ont rien demandé. Moi j'ai pas de mérite, je suis tombé dedans quand j'étais petit : pour Gotainer, c'était un bel été, il y a plus de vingt ans au soleil de mon île (Merci cousin Yannick !). Depuis, je fouille, je creuse, je suis un rat de médiathèque. Mais je sais que parmi vous, nombreux sont ceux qui ne se laissent pas avoir par Universal et ses amis et ont dans leur petite discothèque quelques bijoux musicaux à partager. Les lecteurs assidus de MusicalJam comprendront tout à fait ce que je veux dire. Les amateurs de rock progressif sont de vrais petits fouilleurs, des fouineurs de bac à disque et de disquaires décalés. Mais revenons à nos moutons car je les ai égarés.

Saturax , je disais. En voilà une chanson qu'elle est bonne ! Voyez-vous, chers lecteurs, cette chanson raconte l'histoire de Saturax, le « guitariste fou ». 

"On l'appelait perce-oreille, le tueur de tympans"

Et là, on se rapproche du sujet. Saturax, jouait donc de la guitare saturée. Quézako ?
Boby Lapointe distinguait la guitare classique et la « guitare sommaire ». Il est mort trop tôt pour connaître la guitare saturée. Et pour paraphraser son violon tzigane (« Le violon de deux choses l'une : ou tu joues juste ou tu joues tzigane ») : la guitare saturée, ou tu joues juste ou tu joues Nirvana. Mais je continue à m'égarer.

Je reprends : pour les rockers débutants qui n'ont pas encore compris, la saturation, appelée aussi distorsion, est l'effet qui transforme les Musclés en AC/DC, c'est-à-dire de la variété pré-pubère en rock musclé (avec ce chiasme osé, je risque de vous perdre !!!). La guitare ne fait plus « bling bling » mais ROOOOAAAARRRRR à vous décrocher la tête. A noter, au passage que cette chanson est sortie en 1979 (album Contes de Traviole). C'est vous dire si, en la matière, nos deux amis (les miens surtout, mais les vôtres bientôt j'espère) ont été des précurseurs en France. Moi par contre, je ne sature pas. Au contraire, j'en redemande ! Vous aussi ? Alors poursuivons…

En 1982, dans l'album déjà cité, Gotainer et Engel se fendaient d'un brûlot atomique de rock velu, encore plus drôle que son prédécesseur Saturax . Capitaine Hard-Rock , ça s'appelle. Le titre se suffirait à lui-même mais je ne peux résister à vous faire une explication de texte. Car je vous le donne en mille : ça cause hard-rock, et… ça joue pareil. Imaginez un capitaine au long cours hurlant des jurons à la gloire du métal. C'est le Capitaine Hadock qui s'est cogné le pied contre un mât.


Tonnerre de Brest, mille milliards de mille sabords

Faites donner le jazz, qu'on lâche les chiens à bord

On va faire un raout aussi sûr que c'est sûr

Tout le monde sur le pont, donnez toute la voilure.


Ca le fait putain, ça le fait !!!!!


Du rock, du rock, du rock, du rock, du rock parbleu

Du rock en majuscule au rock à qui mieux mieux

Balancez la purée, mettez toute la gomme

Je veux du rock'n'roll à tomber dans les pommes.


Telle est la devise du matelot !


Bien sûr, je n'oublierai pas de glisser les textes de ces brûlots à la fin de la chronique, pour que vous puissiez juger sur pièce. Les webmestres de Musicaljam m'ont également promis de vous donner la possibilité de cliquer pour obtenir un extrait des morceaux pré-cités. (cliquez ici pour tous les extraits)

Mais il manquera quelque chose, quasiment introuvable et pour lequel il vous faudra vous armer de patience et de volonté, si l'envie vous en dit d'aller y jeter un œil. Car ici, il s'agît tout autant de jeter une oreille qu'un œil pour cet OVNI gargantuesque qui constitue le coup de grâce de cette chronique et devrait fermer le bec aux malveillants de tout poil et autres ayatollahs du metal-prog. Malheureusement, aucun extrait de ce monument qu'est Le Combat de Rock ne devrait être proposé pour l'instant sur ce site. (A noter qu'on trouve quand même le morceau original sur la compilation de Gotainer Des tubes rien que des tubes, à défaut de pouvoir trouver le film, qui n'existe pas en DVD).

"C'etait sans compter nos super-pouvoirs" - note des Superwebmestres - !!!!!

Car, c'est un vrai combat de rock mesdames et messieurs ! Avec d'un côté, les The Electric Passmountains, groupe de pop gentillette, affrontant les Attila's, groupe de chevelus énervés. Ce morceau est tiré du film Rendez-vous au tas de sable dont Gotainer a écrit le scénario et bien sûr les chansons. La scène du combat est une anthologie. Face à Gotainer, chanteur des The Electric Passmountains, c'est le fou furieux Jango Edwards qui tient le rôle de leader des Attila's. Et savez-vous qui a enregistré sa voix ? Bernie Bonvoisin himself !!!! C'est vous dire si ça gueule dans les micros !!!!! Il faut le voir (l'entendre !) hurler à son adversaire sur un riff que n'aurait pas renié Trust (aux guitares : Yves Brusco, le Vivi de Trust justement) :


A qui j'arrache un bras, à qui j'éclate un genou ?

Et çui qui va manger sa guitare il est où ?

Où il est le minus, où il est le charlot ?

A qui je vais faire avaler son micro ?


La présence de Vivi et Bernie apporte de l'eau à mon moulin. Ce n'est pas une caution metal, mais bien une reconnaissance : l'univers de Gotainer et notre famille musicale, celle du rock et du hard-rock ne sont pas si éloignés que ça l'un de l'autre comme je disais au début. C'est comme un lointain cousinage. Preuve supplémentaire : un projet d'album hommage à Gotainer par des groupe de ska et de punk devait voir le jour, il y a quelques années. Si l'album n'est pas sorti, Le Combat de rock a bien été enregistré avec d'un côté Marcel et son Orchestre et de l'autre… Loudblast !!!!!

Alors, chers amis et lecteurs de Musicaljam, convaincus ??????

Au départ, cette chronique devait être la critique du spectacle de Gotainer, La goutte au pépère , pièce musicale qu'il a joué d'octobre à février au Théatre du Temple à Paris et dans laquelle il interprétait pas moins d'une dizaine de rôles différents, seul sur scène. Une sacrée performance d'acteur. Du coup, je me suis un peu égaré, non ? J'espère que j'aurai donné l'envie à quelques uns d'aller jeter une oreille attentive sur la discographie de Richard Gotainer, pour lequel, vous l'aurez compris, j'ai une affection particulière. Si je devais n'en garder qu'un, il se pourrait fort bien que ce soit lui !!!!!

Allez, je n'en dis pas plus, C'est que j'ai l'examen Within Temptation/Dream Theater/Iron Maiden du 25 juin à préparer. Les révisions ont commencé. Je veux pas me chier cette fois. Pour la der à Bercy, je me suis gaufré sur Fear Of The Dark . J'ai mal rattaqué sur le 2 ème couplet !!!! ;-)
Up the Irons et longue vie à Musicaljam !


A visiter absolument : le site de ce pur fan de Richard Gotainer, un véritable régal : fandegotainer.free.fr


Extraits Audio :

- SATURAX

- CAPITAINE HARD ROCK
Extrait 1 
Extrait 2

- LE COMBAT DE ROCK

 
par Denis « je lutte contre les préjugés » Dutheil
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