Avenged Sevenfold, le retour des groupes "dangereux" ?
Ces Mötley Crüe, ces Guns n'Roses, ces Motörhead, ces tatoués qui se pointent en ville, sifflent vos bières, étreignent vos soeurs, vous explosent les tympans et lèvent le camp aussitôt après avoir saccagé leur chambre d'hôtel ? ;-D

En tout cas, il est indéniable que ces Californiens d'Orange County possèdent une urgence et une frénésie jubilatoires, et ce dès la première écoute de ce City Of Evil ! Cet album, sorti en 2005 et initialement disponible chez nous en import uniquement, se glisse aujourd'hui en pleine lumière, alors que le groupe vient d'ouvrir pour GN'R à Bercy, a tourné avec Metallica et conquis le marché US.

Si les deux premiers méfaits d'A7X se montraient métalcore et quelque peu juvéniles, le groupe propose aujourd'hui un mélange détonnant de quelques-unes des recettes les plus efficaces du métal. Une batterie mitraillette, mêlant les tempos punks enlevés et une double grosse caisse typiquement speed métal. Des rythmiques de guitare heavy et rugueuses. Des solos rapides et chantants, un peu à la façon d'un Alexi Laiho dans Children Of Bodom. Des harmonies à deux guitares, surexploitées chez Iron Maiden et dans les années 80, mais toujours aussi imparables ! Une basse qui claque et qui groove, avec un son à la Duff Mc Kagan (GN'R). Et, surtout, des refrains mélodiques très pop et souvent doublés de choeurs qui vous brossent les oreilles dans le sens du lobe ! Une voix éraillée et de jolis airs, quoi de mieux pour séduire l'adolescente US (le single et power ballade "Seize The Day") pendant que son petit copain rebelle secoue la tête sur les rythmiques les plus saccadées ?!

Il est difficile d'évoquer cet album sans faire référence à de nombreux groupes dont les influences sont digérées et mixées ici de façon remarquablement fluide. Le groupe n'hésite pas à se réclamer de Metallica comme de Blind Guardian, de Bad Religion comme de Pantera (une reprise de "Walk" est à leur actif), et il est vrai qu'un titre tel que "Trashed And Scattered" n'hésite pas à faire le grand écart plusieurs fois entre ces différentes "méthodologies".

Avenged Sevenfold n'a rien inventé, je crois que nous en conviendrons tous. Il risque même de lasser certains au cours de ces onze titres denses, intenses, et versatiles à la limite de la schyzophrénie. Pourtant, ce jeune groupe vient, je crois, de donner un bon coup de pied dans la fourmillière avec des compos efficaces, jouissives, rock n'roll et souvent surprenantes. Il a même songé à nous octroyer quelques respirations bienvenues (un break acoustique sur "Bat Country", une guitare espagnole et des percussions sur "Sidewinder", plusieurs interventions de cordes en fin d'album...).

Alors, ne boudons pas notre plaisir, prenons notre décharge de watts et de guitares saturées, nous réfléchirons un autre jour à l'avenir du rock (et d'Avenged Sevenfold..) !